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Foncier et autonomisation des femmes : Des Sahéliens à l’école du warrantage

Publié le vendredi 2 octobre 2020 à 22h00min

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Foncier et autonomisation des femmes : Des Sahéliens à l’école du warrantage

La Fondation Konrad Adenauer a organisé, les 30 septembre et 1er octobre 2020 à Dori, une formation sur les techniques de warrantage. Ce système qui permet aux paysans de ne pas brader leurs productions agricoles et d’en tirer pleinement profit. Une quinzaine de producteurs ont pris part à cette formation, dont la cérémonie d’ouverture a été placée sous les auspices du Haut-commissaire de la province du Séno, Maurice Konaté.

La femme a droit à la terre. C’est un préalable pour son autonomie en milieu rural dans un pays où elle constitue la plus grande main d’œuvre dans le secteur agricole. Mais une fois la terre acquise, que faut-il faire pour que les fruits de cette terre puissent profiter à l’autre moitié du ciel et à toute la communauté ? La question reste posée et l’une des solutions que propose la Fondation Konrad Adenauer est le warrantage.

Dramani Ouédraogo, coordonnateur de la Fondation Konrad Adenauer, entouré de productrices de la commune de Bani

Il s’agit d’un système qui permet aux paysans de stocker une partie de leurs récoltes qu’ils utilisent comme garantie pour accéder aux crédits collectifs octroyés par les institutions de microfinances. Cette activité permet, d’une part, l’accès au crédit pour la réalisation d’activités génératrices de revenus et, d’autre part, de stocker dans de bonnes conditions les récoltes, contribuant ainsi à une meilleure conservation et à une meilleure gestion des ressources alimentaires et monétaires dans les familles.

Tour d’horizon du warrantage

Ce système a été enseigné au cours d’une formation de 48 heures par la Fondation Konrad Adenauer à une quinzaine de participants, constitués majoritairement de femmes, venus des communes de la province du Séno, dans la région du Sahel. Après le module sur l’historique du warrantage, développé pour la première fois au Niger, les participants ont appris davantage sur ses principes et mécanismes de mise en œuvre. Le formateur Gansaoré Tégawendé, agent à la direction régionale des droits humains et de la promotion civique du Plateau central, a ensuite disséqué le rôle des acteurs impliqués dans le processus à savoir les organisations de producteurs, les institutions de micro finance (IMF) et les services techniques de l’agriculture. Le troisième module dispensé a concerné les outils à utiliser pour mieux profiter des avantages du warrantage.

Le formateur Gansaoré Tégawendé a enseigné les techniques de warrantages aux participants

Les difficultés

En dépit du profit que tirent les producteurs, la pratique du warrantage se heurte à certaines difficultés. Selon le formateur, ces difficultés sont d’abord d’ordre organisationnel et infrastructurel avec un déficit de magasin de stockage des récoltes qui réponde aux normes. Selon Roukiatou Sow, présidente de la coopérative Djam Weli, les six coopératives, réunies au sein d’une Union à Dori, sont obligées de louer un magasin à 20 000 F CFA par an. Une charge difficile à supporter par les femmes qui doivent également faire face aux coûts liés à la manutention. A ces difficultés, s’ajoutent l’accès au marché et le manque de confiance de certaines IMF qui trainent les pas à accorder les crédits, explique le coordonnateur de la Fondation Konrad Adenauer, Dramani Ouédraogo.

Des productrices réunies autour de Roukiatou Sow, présidente de la coopérative Djam Weli

A l’école de Bani

Pour permettre aux participants de toucher du doigt certaines réalités, une visite de terrain guidée a été organisée dans la commune de Bani, au quartier Ourou Nooma à une quarantaine de kilomètres de Dori. Là, ils ont visité un magasin de stockage de 100 tonnes construit par le projet de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire (PRIA). Là, l’union des producteurs qui exploite le magasin dit être confronté à des méventes des produits. Ce fut une occasion pour M. Dramani Ouédraogo de prodiguer des conseils aux producteurs notamment sur la conservation du niébé blanc, car de la qualité des produits dépendra l’accès à un marché de plus en plus exigeant et compétitif.

Façade du magasin de stockage de 100 tonnes de Bani

Rappelons que cette formation sur le warrantage fait suite à une première formation organisée en décembre 2018 sur les techniques commerciales des produits agricoles et la facilitation d’accès au marché. Ces deux formations entrent dans le cadre des activités du projet « Un seul monde sans faim - les droits fonciers des femmes en Afrique de l’Ouest » de la Fondation Konrad Adenauer mis en ceuvre au Bénin, Burkina et au Togo.

Les participants ont posé avec les autorités provinciales et communales pour la postérité

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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