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SOFAA : Les guerriers du panafricanisme

Publié le lundi 10 octobre 2005 à 08h39min

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Ces quatre jeunes, Seth, Kélétigui, DR et Crazy Kid font aujourd’hui partie des meilleurs rappeurs africains. Ils se veulent les soldats d’une Afrique gagnante et unie. Eux, c’est le groupe Sofaa. Ces adeptes du panafricanisme ont accepté de dévoiler un pan de leur vie par l’évocation de leur carrière, de l’idéologie de leur musique. Découverte.

Le nom du groupe

C’est en hommage aux guerriers de Samory Touré, les Sofaa, ces vaillants fils de l’Afrique qui ont combattu le colonisateur. "Nous voulons dire à nos frères que l’histoire de l’Afrique, enseignée à l’école française est manipulée au détriment de notre continent", soutient Seth , le "Patriarche" du groupe. Le panafricanisme de Sofaa s’illustre aussi par la double voyelle "a" au nom du groupe. C’est à l’éveil des consciences que ces quatre garçons invitent les Africains pour une valorisation du patrimoine du berceau de l’humanité.

Le groupe et l’album

Seth, Kélétigui, DR et Crazy Kid se sont rencontrés à l’université de Ouagadougou en 1997. A la création du groupe, il y avait cinq (5) membres. Mais l’un deux, a faussé compagnie au reste de la bande. Tous passionnés de musique rap, ils décident de faire un album panafricaniste puisque le groupe est composé de trois Burkinabè et d’un Guinéen. Leur rêve se réalise, grâce aux "Productions Tam-tam", avec l’album "Hakilikouma", sorti en juin 2003 et qui comporte 14 titres. C’est une œuvre de belle facture chantée dans les langues africaines les plus parlées : le mooré, le bambara, le sousou, le lingala et le wolof.

Featuring avec Laurent Bado

Les Sofaa ont été séduits par les idées défendues par le professeur Laurent Bado dans son ouvrage "Le tiercérisme". A l’époque, le professeur Laurent Bado enseignant à l’U.O., était apolitique et très proche des étudiants. C’est avec beaucoup d’appréhension que le professeur a été approché. En grand homme, il a donné son accord pour ce featuring sur le titre "Le bâtard", un hymne pour le retour aux valeurs africaines.

Koras 2003

Ce fut la grande déception du groupe, qui a manqué ce grand événement musical pour des raisons financières. Il devait se prendre en charge à 100% : le transport, l’hébergement et la nourriture. Ce qui était difficile pour les artistes parce que leur album venait de sortir. Ces guerriers de Zogona dénoncent le côté affairiste des Koras.

Tournée en Europe

Le groupe revient d’une tournée en Europe, particulièrement en France. Il a participé à un festival atypique dénommé "Festival des escales" à Saint Nazaire, à une soixantaine de kilomètres de Nantes. Ce festival accueille uniquement les musiciens qui valorisent leur culture.

Ainsi, les Sofaa ont tenu la scène avec Rex Omar du Ghana, Cheik Mami, Rachid Taha de l’Algérie et une compatriote vivant en France, Kadi Diallo. Dès le mois d’octobre 2005, le groupe retournera en France pour un travail de création artistique avec le groupe français, Melting pot.

Soutien

C’est ce qui manque à ces artistes dans notre pays. Après la mésaventure des Koras, ils ont compris qu’il faudrait ne compter que sur eux-mêmes pour atteindre leurs objectifs. Ils ont pu effectuer les voyages en France et en Belgique par leurs propres initiatives. Pour eux, il n’y a pas de véritable cadre de soutien à la culture burkinabè, surtout aux musiciens comme eux qui représentent le Burkina Faso à l’extérieur. C’est pourquoi ils tirent la sonnette d’alarme pour que les choses changent. C’est la seule solution pour que la musique burkinabè soit connue sur l’échiquier international.

Etudes et musique

C’est vraiment un épineux problème pour eux. Il est difficile de suivre les études avec les tournées à l’extérieur. Mais ils arrivent à suivre leurs études, quitte à faire le choix un jour entre la musique et les activités professionnelles. Pour le moment, ils gèrent les deux. Grâce à leurs relations, ils travaillent en symbiose, formant ainsi une famille. Avec les encouragements des fans, ils se sentent plus motivés pour dénoncer certains fléaux sociaux. C’est ainsi qu’ils viennent de se signaler avec un single à caractère social pour sensibiliser aux dangers de l’excision.

Rapports avec les amis étudiants

Pour le groupe, rien n’a changé dans les rapports avec leurs amis vivant toujours à la cité universitaire de Zogona. Avec leurs activités, ils avouent ne plus avoir de temps pour bavarder avec les amis du campus, mais l’amitié est restée intacte. Ce sont d’ailleurs les premiers fans du groupe.

Kader Traoré (kadertraore@laposte.net)
Alassane Kéré (alassanekere@yahoo.fr),Stagiaire
Observateur Paalga

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