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Fondements et dynamique de la rénovation de l’action politique en Afrique : Leçons apprises de la situation au Burkina Faso

Publié le lundi 7 septembre 2020 à 20h30min

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Fondements et dynamique de la rénovation de l’action politique en Afrique : Leçons apprises de la situation au Burkina Faso

Je suis un fonctionnaire en retraite et dans sa Soixante huitième année de vie. Je voudrais annoncer à vos lecteurs que si Dieu me prête vie et santé, je me fais le devoir de livrer dans un an, un essai qui reprendra le titre de l’article.

Alors que j’hésitais à me lancer dans une telle entreprise malgré des suggestions d’amis, proches et quelques collègues à l’occasion de collaborations professionnelles, la naissance du mouvement SENS, que j’ai découvert dans la presse ainsi que la lecture de son Manifeste, m’ont décidé à finalement me lancer et à livrer les prémisses des réflexions et propositions qui sont la trame de l’essai projeté. Je voudrais en guise d’introduction indiquer plus précisément le’’ Pourquoi’’ et le ‘’Pour qui’’ de l’essai à venir.

Mon pourquoi.

En ce qui me concerne la fin de l’insouciance de jeunesse est intervenue avec un engagement dans le mouvement étudiant et le mouvement communiste qui ont alimenté une expérience administrative palpitante que j’ai cependant dû interrompre en Août 2000 à mon corps défendant ; ce qui m’a conduit à approfondir une certaine rupture idéologique amorcée plus tôt et à m’engager dans l’action citoyenne professionnelle à la base pour ainsi dire.

Tout ce processus de maturation intellectuelle et d’enracinement moins élitiste dans la société, m’a conduit à la porte d’une interrogation essentielle : la Renaissance africaine au regard de l’échec des indépendances, des révolutions messianiques, des luttes et insurrections populaires ; in fine de l’échec de l’État-Nation en Afrique. Alors que faire ?

Différentes évidences sont à considérer : la politique en Afrique a été et est l’affaire d’élites hors sol, extraverties et prompts au mimétisme, loin des modèles politiques, économiques, sociaux et culturels portés par les couches populaires à savoir les populations des villages, les pauvres des villes, les micro, petites et moyennes entreprises du secteur dit informel tournées vers le marché intérieur ; en somme, l’immense majorité sans laquelle rien n’est possible ; non pas quelles soient parées de vertus particulières, mais par ce qu’elles ont dû puiser dans des valeurs différentes afin de faire face à l’adversité du cadre politique colonial et post-colonial, pour survivre en articulant de nouvelles modalités du vivre ensemble, d’action collective et individuel ; ce que l’on doit considérer comme des germes d’innovation et de changement pour la rénovation de l’action politique et de la refondation de l’État nécessairement multinational, délibératif et participatif aux différentes échelles territoriales sur le modèle fractal en mathématique.

C’est du reste une telle approche étatique que laisse voir nos empires médiévaux et diverses organisations de types communautaires et villageoises dont certains ont résisté à l’épreuve du temps. Un intellectuel imminent comme Mbog Bassong a pu ainsi souligner de manière magistrale dans un essai « l’État de Droit en Afrique précoloniale » les fondements épistémologiques d’une telle construction.

En d’autres termes, il y a un chemin possible pour l’autonomie intellectuelle et politique : les élites acquises à la problématique de la Renaissance Africaine, tout particulièrement celles intellectuelles, doivent se mettre à l’école de ces germes d’innovation et de changement pour y découvrir et conceptualiser ce qui y est théoriquement concevable comme modèle avancé de notre propre modernité politique : la boîte noire de la refondation. Ainsi, le politique et la politique, ne seront plus l’apanage d’élites extraverties au service de la globalisation, mais auront une assise sociale, territoriale et sociétale adaptée aux besoins de notre vivre ensemble et du bien être collectif et individuel.

Mon pour qui.

Le chemin ainsi esquissé, reste à voir si une telle élite existe et si les prémisses pour sa transformation sont aussi à l’œuvre dans la société, afin que la mayonnaise s’enclenche et s’accomplisse. Si oui, ces prémisses peuvent-elles être portées à la capacité critique d’une telle entreprise. C’est la conviction que de tels matériaux existent qui fonde ma démarche de réflexion et de proposition avec l’espoir qu’elle pourra contribuer à la massification et mise en capacité recherchées.

Assurément, de telles élites et prémisses existent ! ce sont ces hommes et femmes, jeunes et moins jeunes qui ont fertilisé en eux, le refus obstiné de rester à genoux et à tendre la main, le refus de céder à l’injonction de s’adapter au monde construit sur la chair, le sang et la vie d’êtres humains au travers de la traite négrière, de la colonisation et de leur avatar moderne la globalisation, le refus obstiné d’une occidentalisation faussement et hypocritement parée d’universalisme. Ils sont burkinabè, ils sont de tous les États africains, ils sont en ville, en campagne et dans la diaspora ; ceux sont aussi leurs amis en fraternité humaine dans d’autres régions du monde.

Ils le sont au travers de réflexions et actions innovantes loin des prêt-à-penser et des prêt-à-développer des dominants de la globalisation. Cette dynamique d’ensemble s’exprime en herméneutique, en histoire, en cosmologie, en philosophie, en sciences expérimentales et en mathématiques, en droit, en matière politique et axiologique, en linguistique, en économie, en expression esthétique et de rapport à la nature. La massification et mise en capacité tiendront de la construction d’élites organiques ; c’est-à-dire leur articulation avec les modèles politiques, économiques, sociaux et culturels portés par les couches populaires.

Il convient alors de dégager de manière encore plus visible et lisible le chemin esquissé ci-avant. C’est le but de l’essai à venir qui n’a d’autre prétention que de susciter de l’enthousiasme chez les plus jeunes qui devront dans les cinquante prochaines années relever le défi de construire les États-Unis d’Afrique (EUA) reprenant ainsi l’initiative dans l’aventure humaine de civilisation perdue avec l’entrée en décadence de l’Égypte pharaonique sous le coup d’un être anthropologique et social barbare assoiffé de conquête et de domination.

Les réflexions et propositions articuleront (i) l’impératif de perdre l’illusion que nous devrions et pourrions nous occidentaliser (ii) quelques fondements de la renaissance africaine (iii) quelques éléments fondateurs de la dynamique de rénovation de l’action politique dans divers domaines (iv) une approche de leur prise en charge comme modalité de construction d’un État multinational, délibératif et participatif et de la construction concomitante des États-Unis d’Afrique.

L’impératif de perdre l’illusion que nous devrions et pourrions nous occidentaliser.

L’occidentalisme (pour civilisation occidentale) : il résulte des humanités gréco-romaines, de leur déclinaison judéo-chrétiennes, du positivisme, du Vol de l’histoire (Jack Goody ) et du concept dominant de développement (politique, économique, social, culturel) ; il est entré en pourrissement avec, la financiarisation, la légalisation et la systématisation de l’évasion fiscale, les inégalités abyssales, le ‘’mariage pour tous’’ et le projet post/trans-humain.

Nous ne devrons pas nous occidentaliser : cela conduirait à une rupture de type ‘’dinosaurique’’ qu’annoncent les délires, d’hégémonies, de libertarianisme, de post/trans-humains, les irresponsabilités écologiques, nucléaires et en matière d’intelligence artificielle. L’occidentalisation signifie que de le développement des inégalités intra et inter pays rendrait le monde invivable ce que du reste laisse entrevoir le terrorisme jihadiste (une déclinaison des humanités arabo-musulmanes) et bien d’autre du même type à venir.

Nous ne pouvons pas nous occidentaliser : les ressources de la planète ne suffisent pas pour offrir le niveau de vie qu’il prescrit. Une modalité d’a-croissance (qui ne croit pas à la croissance au sens de l’économiste français Serge Latouche) s’impose. C’est la fameuse frugalité que les grandes masses de populations en Afrique connaissent bien.

Autrement dit, pour nous africains, l’alternative à l’impasse de l’occidentalisation dévastatrice et apocalyptique pour le genre humain, c’est de renouer avec l’humanisme fondationnel de l’homo sapiens, sapiens qui a donné naissance à l’Égyptienne ancienne, un système africain du monde (Yopéréka SOMET) encore vivace dans nos sociétés villageoises contemporaines.

Des fondements pour la Renaissance africaine.

Quelques évidences de l’être anthropologique et social africain, l’homo sapiens, sapiens resté en Afrique, au nord comme au Sud , à l’est comme à l’ouest : il y a bien sûr la couleur de la peau qui a alimenté et alimente encore de manière vivace les délires racistes des plus subtiles au plus brutaux partout hors d’Afrique (voir le révélateur Floyd Georges ) ; l’Être africain n’en déplaisent à ceux qui sans cesse agitent le cache-nez de l’essentialisme, est vraiment un être à part pour les autres et du reste pour lui-même :

le vivre ensemble , la famille, le collectif, l’individu, la nature : ils tendent à la recherche de l’harmonie, à l’équilibre, à l’équité, à la justice, à la vérité que l’homme est un produit infiniment complexe de l’univers ; ce sont là en Afrique les moteurs de la vie en société en perpétuelle mouvement (de générations en générations). S’il y a une curiosité africaine que les autres parties du monde ont retenue, c’est bien celle-ci.

Les égyptologues africains et certains autres hors d’Afrique à la suite de l’œuvre monumentale de Cheikh Anta Diop, y ont mis en évidence, la boîte noire (Maât) toujours vivace dans l’imaginaire des sociétés villageoises, des couches pauvres des villes qui les rendent tout particulièrement résilientes face aux chocs divers (vie en quartiers périphériques et zones non loties, vie au village).

La Maât, ses 42 commandements, sa traduction en politique, en droit, en économie en éthique et esthétique et de rapport à la nature sont à présent à notre disposition.
Il est nécessaire et possible de réactiver cette boîte noire ; c’est-à-dire de renouer avec sa conceptualisation comme du temps des sages, savants et initiés de l’Égypte pharaonique afin de l’approfondir et en faire ainsi, le fondement de la renaissance d’une Afrique contemporaine, ferment d’une civilisation fondamentalement humaine et humaniste du monde.

Ce sont des tels fondements perpétués dans les traditions qui fécondent pour une large part la vie et le vivre ensemble dans les sociétés villageoises et leurs prolongements que sont les quartiers populaires des villes. Les traditions ne peuvent être mises au rebus dès lors qu’elles structurent l’imaginaire et la pratique politique, institutionnelle, la vie sociale et économique de l’immense majorité des sociétés et de personnes en Afrique. Elles doivent servir à bâtir le fond théorique nécessaire à l’impulsion d’une rénovation internalisée de l’action politique.

Des éléments fondateurs de la dynamique de rénovation de l’action politiques dans divers domaines.

Au plan politique et institutionnel.

Nos sociétés villageoises contemporaines sont multinationales (ethnies, lignages, clans, tribus) et organisent leur vivre-ensemble sur la base de leurs propres règles et institutions, à l’écart du système politique et institutionnel officiels : on y naît, on y vit, on y quitte le monde à notre manière (endogène pour tout dire) en dépit des emprunts et d’un certain syncrétisme religieux.

Les couches populaires en milieu urbain n’y dérogent pas et de larges pans de couches moyennes y sacrifient pour faire bonne figure ou dans une certaine quête identitaire ou dans des stratégies d’instrumentalisation à des fins diverse. Les accidents que l’histoire a pu enregistrer et que l’on rencontre encore : ethnicité, tribalisme, xénophobie, régionalisme, conflits intra et inter communautaires exacerbés et sans solution de continuité, génocides, sont bien souvent le fait d’une instrumentalisation politique portée par des élites politiques, économiques et sociales dans leur quête criminelle d’accumulation et de patrimonialisation.

On retiendra que le plus emblématique des ces accidents à l’époque contemporaine, le génocide au Rwanda, a pu engager sa cicatrisation en réactivant les gatshatsha que l’on tente de conceptualiser en approche de justice transitionnelle et qui échoue toujours à faire ses effets lorsque instrumentalisée. Dans la même veine on peut noter la pratique de la parenté à plaisanterie qui est une trace encore vivace d’une modalité de régulation des conflits inévitables du vivre-ensemble dans nombre de nos sociétés anciennes.

Comment, peut-on faire nation, en mettant à l’écart une telle réalité, en la minorant et pire en l’infantilisant sous prétexte de modernité en fait d’une occidentalisation universaliste qu’elle rejette ou évite. Cette réalité immensément majoritaire doit être le fondement de toute approche de construction d’un État.

Au plan économique et social.

On doit observer la prégnance toute particulière du secteur dit informel qui, par sa signification, ses caractéristiques et son extension ( y compris pris dans les secteurs manufacturier, industriel et des services) est l’économie du plus grand nombre en terme de biens et services, de revenus, d’emploi et de bien-être (tout particulièrement de lien social) ; différentes approches de conceptualisation sont engagées : économie encastrée dans le social, économie populaire, économie sociale et solidaire ; c’est aussi l’Autre Afrique dans sa singularité paradigmatique typique comme dit Serge Latouche économiste français qui postule ‘’quand l’Afrique viendra nous civiliser’’.

Une chose est certaine : ses modalités spécifiques en termes de rapports dans la production, d’accumulation et de forces productives, sont dans la perspective de l’encastrement dans le social et le politique ; in fine de la recherche de l’équilibre et l’harmonie dans le vivre-ensemble. Le maître mot de la Valeur dans une telle économie n’est pas le travail, mais le vivre ensemble au mieux du besoin de la perpétuation de la société et de l’homme dans son être anthropologique et social fondamentalement humanisant et humaniste.

Comment peut-on faire nation, construire le vivre-ensemble, en mettant à l’écart une telle réalité immensément majoritaire ? Ou pire encore en adoptant comme politique publique à son égard, une volonté farouche de la formaliser c’est-à-dire de la faire entrer dans le moule de l’économie marchande administrée ; ce qui du reste s’avère impossible et contre-productif (réduction de ses effets bénéfiques, immersion dans les contraintes indépassables de l’économie dite formelle, liquidation massive brutale et violente de nombreuses créations et initiatives).

Il est possible de reconstruire le fond théorique sous-jacent d’une telle réalité afin de bâtir une économie populaire ; c’est-à-dire, une modalité de production et de circulation de biens et services qui, s’enracinent dans la société, concernent l’immense majorité de ses membres et assurent sa reproduction de générations en générations dans une perspective humanisante et humaniste caractéristique fondamentale de l’être anthropologique et social africain.

Approche d’une voie endogène de construction d’un État multinational, délibératif et participatif et des États-Unis d’Afrique.

Nous devrions et pouvons faire confiance en notre capacité à articuler un avenir authentiquement humain autre que le sort de sociétés dépendantes, assistées et humiliées qui nous est prescrit par l’occidentalisation.

Quelques évidences pour nous en convaincre !

Au Burkina Faso, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a conduit à ce que le pays en deux mois sans grand frais , se dote d’une constitution, désigne un président et un premier ministre, mette en place un gouvernement et un parlement, engage par la suite quelques réformes audacieuses (Code électoral, réduction du train de vie de l’État, liquidation du RSP, verrouillage de l’article 37, pistes prometteuses pour une nouvelle gouvernance politique et institutionnelle).

Bien plus, les forces vives de la nation coalisées ont mis en échec le Coup d’État du général Djiendéré, refusé les injonctions de la CEDEAO de pactiser avec ce dernier et rétabli ainsi dans la foulée, les autorités de la Transition. Les jeunes officiers des différentes garnisons du pays qui ont pris la décision envers et contre l’État major général, avec l’appui de la troupe de cheminer vers Ouagadougou et d’affronter le Général putschiste et le RSP qui lui était acquis ont écrit sans doute une des plus belles pages de la vie de l’armée burkinabè.

C’est cela sans doute qui a brisé le mythe du RSP qui du reste ne comptabilise aucun fait d’arme digne de ce nom.
On notera au cours de la période de la Transition, l’autorité morale régulatrice du Mogho Naaba dans les différentes crises qu’elle a traversée.

En somme comme pour rappeler la présence encore vivace de Maât dans notre imaginaire collectif.
La situation du Burkina aurait sans doute été autre chose aujourd’hui si une telle dynamique avait trouvé les moyens de s’institutionnaliser durablement.
Au grand dame pour ainsi dire des insurgés, cette dynamique d’autonomie intellectuelle et politique a été remisée au placard pour sacrifier aux us et coutumes de la communauté internationale ; résultat des courses nous avons dû quémander une bonne partie des 55 milliards de FCFA qu’il a fallu pour organiser l’élection couplée de la présidentielle et des législatives.

Chacun peut constater qu’avec le retour à la démocratie parlementaire, le crédo du ‘’plus rien ne sera comme avant’’ a été très largement dévoyé comme l’a été hier celui ‘’du pays des hommes intègres’’.
Du reste aujourd’hui, un des enseignements de la dynamique de l’État Nation en Afrique est que la démocratie parlementaire, est devenue une menace pour le vivre ensemble avec la récurrence de ses ‘’troisièmes mandats’’ et crises postélectorales. Chacun de nos pays retient son souffle lorsque s’annoncent la fin de l’éligibilité d’un président en place et des élections nationales ou locales.

Sur un autre plan tout aussi symbolique comme la sécurité on peut aussi observer une dynamique prometteuse qui a tourné court.
Nos campagnes avant l’entrée en scène du terrorisme jihadiste, vivaient déjà une insécurité endémique du fait du banditisme organisé et violent. Les Koglowéogo sont nés en réponse à l’incapacité de l’État face à cette situation et ont obtenu des résultats probants reconnus.

De même le mouvement d’autodéfense face au terrorisme djihadiste est lui aussi né de la volonté de villages qui ont bien vu et compris que l’État n’est pas en mesure de les protéger des tueries de populations civiles sans défense. Cette capacité autonome d’initiative et d’action a été elle aussi confrontée aux us et coutumes de l’occidentalisme que sont ‘’les droits humains’’ et ‘’ l’État de droit’’. Ce qui a conduit à sa traduction dans les VDP au travers d’une loi de la République, devenue inévitable au regard de la dégradation de la situation sécuritaire dans les villages et en l’absence d’alternative crédible à l’initiative villageoise.

Ces dynamiques d’autonomie et d’approche endogène de questions hautement symboliques s’il en est, dans la prise en main de notre destin, s’exprime dans toutes les sphères de la vie et de mille et une manières au Burkina comme dans d’autres pays africains.

L’État multinational, délibératif et participatif doit naître par massification et fusion-absorption de cette dynamique selon diverses modalités de construction des élites organiques.

Les sociétés villageoises sont la base de l’État multinational, délibératif et participatif : plusieurs nations sociologiques (ethnies, lignages, clans, tribus) y cohabitent selon des modalités définies, instituées et organisées de manière endogène et qui n’ont pas à être contestées dès lors qu’elles respectent l’enjeu de Maât qui est parfaitement internalisée depuis la nuit des temps.

Ainsi, les questions de vérité de l’être anthropologique et social, d’éthique, d’esthétique, de justice, de solidarité, d’autorité, de pouvoir au niveau villageois sont strictement du ressort de chaque village dans sa quête d’organisation du vivre-ensemble et dans ses relations avec les autres villages. Tout cela n’a rien de nouveau et choquant pour ceux qui vivent au village ; mais c’est cela qui est contesté par l’État Nation et donne lieu à la mise en œuvre par les sociétés villageoises de toutes les stratégies d’évitement comme solution de continuité de leur dynamique socioculturelle.

C’est sur cette base que la coopération inter villageoise dans la mise en place de services et biens collectifs de base pourra être engagée selon le principe de gestion en bien commun : instruction de niveau primaire, santé, sécurité, sécurité alimentaire, ressources naturelles partagées, accès aux services d’eau potable, d’assainissement de base et d’énergie à faible coût, etc.…

Ce mouvement de coopération est déjà à l’œuvre sous diverses modalités à l’initiative d’élites villageoises et d’autres élites organiques non résidentes.
La massification de cette perspective institutionnelle et organisationnelle et sa focalisation vers la création des conditions pour l’émergence de l’État multinational, délibératif et participatif, impliqueront (i) une désertion massive des processus électoraux afin d’ enlever toute légitimité et base sociale au modèle de l’État Nation occidentalisé :

objectif que dans 80% au moins des villages burkinabè, l’inscription sur les listes électorales et la participation aux élections soient quasi nulle au nom de la reconnaissance comme seuls légitimes et légaux, les principes d’organisation des sociétés villageoises tels que décrits (ii) le développement de référentiels théoriques en appui à cette dynamique d’autonomie intellectuelle et politique.

C’est la tâche d’intellectuels organiques organisés dans la composante « sociétés villageoises » du mouvement politique sur le chemin de Maât (iii) que le mouvement dispose en nombre suffisant d’ activistes politiques pacifiques de terrain dont les zones d’action politique seront les villages et les quartiers populaires des villes (iv) que les responsabilités et modalités de construction des niveaux méso, régional et national de l’État multinational, délibératif et participatif soient co-construits entre les sociétés villageoises avec l’appui théorique du mouvement.
L’économie sociale et solidaire est la base du modèle économique de l’État multinational, délibératif et participatif.

Ses principes sont déjà à l’œuvre dans l’économie villageoise, dans les activités dites du secteur informel en ville ; elle concerne plus de 95% des actifs du pays.
Sa mise en capacité en relation avec la création des conditions pour l’émergence de l’État multinational, délibératif et participatif, impliquera (i) que nous tournions résolument le dos aux institutions financières classiques de l’occidentalisation en engageant la construction d’une alternative endogène de financement :

objectif au moins 80% des besoins de financement des exploitations familiales, des micro, petites et moyennes entreprises de l’économie populaire tournées vers le marché intérieure soient satisfaits par des ressources propres au moyen de la mutualisation et de la solidarité altruiste (ii) le développement de référentiels théoriques en appui à cet objectif et à la structuration de l’économie villageoise et de l’économie dite informelle en une véritable puissance sociale et économique dominante dans le pays.

C’est la tâche de la composante « économie sociale et solidaire » du mouvement politique sur le chemin de Maât (iii) que le mouvement dispose en nombre suffisant d’activistes politiques pacifiques de terrain dont la thématique d’action spécifique est la mise en capacité dans une telle perspective, de l’économie sociale et solidaire(iv) que la place, le rôle et modalités d’action économiques aux différentes échelles territoriales de l’État multinational, délibératif et participatif soient co-construits entre les acteurs de l’économie sociale et solidaire avec l’appui théorique du mouvement.

Le mouvement politique sur le Chemin de Maât (MCM). C’est la modalité principale de construction et de coalition des élites organiques burkinabè et africaines dans la perspective d’une voie endogène de construction d’un État multinational, délibératif et participatif et des États-Unis d’Afrique.

Il ne s’agit pas d’un mouvement politique qui vise la conquête et l’exercice du pouvoir d’État ; une telle modalité d’action politique en plus d’être d’essence messianiste, a largement échoué en Afrique à construire le vivre ensemble, le bien-être collectif et individuel.

Il s’agit bien plus de créer les conditions pour que le fait majoritaire en Afrique--- les sociétés villageoises, l’économie populaire---se dote d’un État qui le consacre véritablement et donne ainsi la pleine mesure à Maât pour que l’agir social et politique soit compatible avec une vie authentiquement humaine.

A cet égard, le rôle des élites des autres pays africains et dans la diaspora ainsi que leur amis d’autres régions du monde est cruciale d’une part, pour accompagner au Burkina Faso---tout particulièrement l’élaboration des référentiels théoriques adaptés---le démarrage et montée en puissance du processus d’émergence d’un État multinational, délibératif et participatif et d’autre part, pour engager sur la base des acquis tangibles d’un tel processus, le démarrage concomitant d’initiatives similaires dans maints autres pays qui formeront à terme ensemble le noyau fondateur des États-Unis d’Afrique.

En somme, le mouvement politique sur le chemin de Maât dans les différents pays, est d’essence et de pratique panafricaines et internationalistes de manière nouvelle et efficace.

L’essai à venir dont il a été question dans mon propos introductif relatif aux « FONDEMENTS ET DYNAMIQUE DE LA RÉNOVATION DE L’ACTION POLITIQUE EN AFRIQUE : Leçons apprises de la situation au Burkina Faso » va s’attacher à étayer une telle perspective en s’appuyant sur les apports théoriques d’intellectuels imminents burkinabè, africains et d’autres régions du monde et sur des pratiques innovantes d’action publique locale à l’œuvre dans la société burkinabè, ces fameux germes d’innovation et de changement.

DIALLO Mamadou.
Tel (226) 74 50 18 59.

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