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Transports : L’Union des chauffeurs routiers s’insurge contre les tracasseries et les rackets à l’intérieur du pays

Publié le vendredi 4 septembre 2020 à 22h15min

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Transports : L’Union des chauffeurs routiers s’insurge contre les tracasseries et les rackets à l’intérieur du pays

Non-mise en application du décret portant gestion du fret en provenance et à destination du Burkina Faso, tracasseries routières, rackets et extrême surcharge des camions. Tels sont les points qui suscitent la colère de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB), qui l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée le vendredi 4 septembre 2020 à son siège à Ouagadougou. L’UCRB menace de prendre ses responsabilités si rien n’est fait.

L’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) se souvient avoir demandé au gouvernement, en 2018, la refonte globale du système de gestion du fret à destination du Burkina Faso à l’image de la pratique ayant fait ses preuves sur le corridor ghanéen. Un protocole d’accord a été signé à cet effet le 27 août 2018, suivi d’un décret adopté le 26 février 2020 en conseil des ministres. « Mais la situation va de mal en pis », regrette Brahima Rabo, président de l’UCRB.

La conférence a mobiliser plusieurs militants de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina.

Il explique que les intermédiaires communément appelés « coxers » se sont emparés du fret au niveau des ports et font la part belle aux camions étrangers moyennant des commissions allant de 100 000 à 200 000 francs par camion chargé. Les camions burkinabè sont chargés à des coûts inférieurs aux camions étrangers. Des situations, selon le président, qui contraignent les camions burkinabè à séjourner pendant près de deux mois à la recherche du fret. Inutile de dire que ces pratiques pourront anéantir l’industrie des transports au Burkina.

« Nous avons fondé un grand espoir quant à l’adoption du décret qui allait permettre la mise en place d’un mécanisme réglementaire efficient de la gestion du fret généré par le commerce extérieur du Burkina Faso. Ce mécanisme apportera des innovations majeures parmi lesquelles l’institution de façon précise du bon de chargement qui sera un document obligatoire donnant droit à l’enlèvement du fret et va permettre le respect des quotas de répartition tels qu’inclus dans les accords bilatéraux et multilatéraux signés entre le Burkina Faso et les autres pays. Nous interpellons donc le gouvernement sur la diligence qu’il faut donner à ce dossier au regard des grognes suscitées çà et là et au regard du caractère sensible du secteur pour l’économie du pays », s’est étalé Brahima Rabo.

En jaune au milieu, Brahima Rabo, président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina, principal conférenciers

Pour le second point qui concerne les tracasseries routières au Burkina Faso, le conférencier annonce qu’il s’agit pour eux d’attirer l’attention des gouvernants sur la multiplicité des postes de contrôle de documents sur les axes et qui ne répondent pas aux aspirations des Burkinabè en matière de sécurité. Il considère l’exemple de l’axe Ouagadougou-Dori, qui n’avait que quatre postes de contrôle ; et se retrouve aujourd’hui avec une douzaine de postes.

« Pis, les postes de contrôle exigent le paiement d’une commission avant de vous laisser passer », s’agace-t-il. A la question de savoir la part de responsabilité des chauffeurs routiers, Brahima Rabo informe que plus de 90% des chauffeurs ont leurs pièces au complet. Et malgré cela, la personne qui paie une commission est libérée plus rapidement qu’une personne qui a ses pièces au complet.

Il informe qu’au dernier rapport de l’Observatoire des pratiques anormales (OPA), qui est un instrument de constat et d’interpellation des différents pays membres de la zone UEMOA en termes de mauvaises et de bonnes pratiques, le Burkina Faso figure parmi les mauvais élèves en termes de libre circulation des personnes et des biens dans l’espace UEMOA.

Pour les conférenciers, depuis l’installation du climat d’insécurité, le Burkina Faso est devenu une terre inhospitalière pour les véhicules en transit. Des sommes allant de 1 000 à 5 000 francs par poste de contrôle sont réclamées afin de faciliter le passage des véhicules en transit. Un véhicule de transport de personnes débourse environ 150 000 à 250 000 francs comme frais pour traverser le pays.

Selon Brahima Rabo, une commission de réflexion et de propositions de solutions en vue de réduire significativement les tracasseries et les rackets routiers avait été mise en place. La corruption et les rackets systématiques ont gangrené les axes routiers, dit-il, avant de revendiquer : « Nous sollicitons une mise en application diligente des conclusions de la commission afin de redorer l’image du Burkina Faso ».

Le troisième point est relatif à la lutte contre l’extrême surcharge, rappelle Brahima Rabo. « Les véhicules à l’importation quittent les plateformes portuaires surchargés et empruntent nos axes routiers au vue des forces chargées du contrôle de la surcharge. L’UCRB s’insurge aujourd’hui contre ces pratiques parce qu’elles mettent en péril la vie des conducteurs que nous sommes et des usagers que vous êtes », a expliqué le président de l’Union.

Selon lui, ces pratiques détruisent le patrimoine routier et favorisent la fraude sous toutes ses formes. « Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des véhicules qui ne répondent à aucune norme technique sur nos routes et qui circulent avec tous les documents afférents à jour. Où sont donc passées les structures chargées de ce contrôle ? Nous voulons préserver nos vies et celles des autres à travers des comportements responsables. Le chauffeur n’est ni de près, ni de loin mêlé à ces pratiques qui mettent sa vie en danger », s’est-il défendu.

Pour l’Union, la structure de contrôle mise en place à cet effet, qu’est l’Office national de sécurité routière (ONASER), peine à accomplir convenablement sa tâche. Pour ce faire, elle recommande l’application intégrale du R14/2005/UEMOA avec délestage des marchandises, qui seul peut permettre d’atteindre les effets escomptés. Pour conclure, les conférenciers promettent que si rien n’est fait, l’UCRB prendra ses responsabilités.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 septembre 2020 à 22:43, par Juste En réponse à : Transports : L’Union des chauffeurs routiers s’insurge contre les tracasseries et les rackets à l’intérieur du pays

    Entre les transporteurs et les forces de l’ordre c’est le jeu du chat et de la souris. Les premiers veulent les facilités et les seconds veulent se remplir les poches ; c’est lorsque ça commence à être intenable qu’on crie qui secours. Je crois que les forces de l’ordre n’aiment même pas ceux qui sont en règle parce que le papier ne se mange pas. C’est hélas les valeurs que le régime COMPAORÉ avec ceux qui nous gouvernent aujourd’hui ont transmis à la jeune génération. Tout, tout de suite et maintenant. Prenez nos routes et vous verrez l’État piteux de certains véhicules qui passent pourtant les postes de contrôle parce que 1000f suffit pour gérer le poste. Pour la suite on verra. Comme disait quelqu’un : ALLONS SEULEMENT.

  • Le 5 septembre 2020 à 05:47, par HUG En réponse à : Transports : L’Union des chauffeurs routiers s’insurge contre les tracasseries et les rackets à l’intérieur du pays

    Ah les racket sur nos routes. Pourtant les policiers et les gendarmes sont. très nantis en terme de traitement salarial. Qu’est ce qui explique cela ? la pratique est bien réelle car un journaliste burkinabé avait enquête sur la corruption sur nos axes routiers. Quand vous voyager vous comprendrez. Dans la lutte contre l’insécurité on contrôle les cars et autres mini bus et rarement les véhicules personnels.Allez s y comprendre. le plus rien ne sera comme avant est devenu pire qu’avant. la solution semble devenir un problème.

  • Le 6 septembre 2020 à 21:58, par TANGA En réponse à : Transports : L’Union des chauffeurs routiers s’insurge contre les tracasseries et les rackets à l’intérieur du pays

    Pour une opération de corruption, on a toujours peur de faire des propositions surtout quand il s’agit d’homme de tenue. Mais quand quelqu’un, un chauffeur est pressé d’arriver à destination, il prend son courtage.
    C’est vous les transporteurs qui avez voulu les tracasseries, vos camions ne sont jamais à jour et ou sont surchargés. Ce qui fait que vos chauffeurs trouvent la courte échelle qu’est la corruption et cela sous vos conseils.
    Un agent n’est pas fou pour garder un ou des camions sur la route pour rien. Il sait qui si il y a plainte il perd son boulot.
    Ce sont les transporteurs les premiers fautifs. Regarder quand vous aller dans les ports, ce sont les burkinabè qui ont de mauvais camions. Bientôt certains de nos camions n’irons plus au ghana par ce sue trop vieux. Est ce la faute de qui ?

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