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"Sacrifice" de la CPS : Le grand mouvement aura-t-il lieu ?

Publié le mercredi 28 septembre 2005 à 08h40min

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FidèleToé, B. Sankara, A. Dera

La Convention panafricaine sankariste (CPS) a décidé de retirer la candidature de son président, Ernest Nongma Ouédraogo, à l’élection présidentielle du 13 novembre prochain. Une décision motivée par la volonté du parti de voir désigné un candidat sankariste unique au scrutin présidentiel.

La CPS veut ainsi "répondre non seulement aux sollicitations permanentes des militants de la cause sankariste, mais également et surtout offrir au peuple la chance de se débarrasser des destructeurs de la révolution d’août qui n’ont que trop souillé la terre des hommes intègres".

Les quelques autres candidats sankaristes rencontrés, Norbert Michel Tiendrébéogo du FFS, Bénéwendé Sankara de l’UNIR/MS et Nayabtigoungou Congo Kaboré du MTP ont, dit-on, "loué l’initiative et souhaité plein succès à l’entreprise". Ce qui, sans doute, confortera le secrétariat exécutif national du parti dans l’idée que "cinq candidatures sankaristes constituent une gifle à l’expression saine et pleine d’espoir de notre peuple".

Toutefois, les autres candidats sankaristes à l’élection présidentielle, Norbert Michel Tiendrébéogo, Bénéwendé Sankara, Nayabtigoungou Congo Kaboré et Boukary Kaboré dit le Lion, qui caressent plus ou moins chacun le rêve d’être le prochain locataire de la présidence du Faso, accepteront-ils, eux aussi, de "donner l’exemple", de se "surpasser" afin que l’issue des négociations entamées dans la grande famille sankariste, aboutisse à cette candidature unique et soit "très heureuse" pour l’opinion ? Qui parmi les autres sankaristes contactés, décidera d’emboîter le pas au candidat de la CPS ?

Le grand mouvement souhaité par la CPS aura-t-il effectivement lieu ? Rien n’est moins sûr, chaque candidat rêvant de solder ses comptes avec le président burkinabè ? Et c’est en cela que la crainte de la CPS, qui espère qu’elle n’aura pas sacrifié sa candidature pour rien, peut trouver tout son sens.

Cependant, on peut se demander si le candidat de la CPS, en se retirant brusquement de la course à la magistrature suprême et en "se sacrifiant" de la sorte, n’a pas voulu, en fait, s’éviter une débâcle au soir du 13 novembre prochain. Car, on imagine mal encore, sous nos tropiques, qu’un parti politique de l’opposition qui mesure son poids sur l’échiquier politique national, se suicide politiquement et veuille accepter de s’offrir en sacrifice pour l’intérêt général d’une coalition de partis.

Au Cameroun, l’opposant historique John Fru Ndi, qui prônait une candidature unique de l’opposition pour déboulonner le président Paul Biya, a tourné casaque, quand il n’a pas été désigné par l’opposition comme le candidat du consensus. Autant dire que cette décision de retrait du parti de Ernest Nongma Ouédraogo de la présidentielle pourrait cacher autre chose que l’intérêt supérieur de la famille sankariste et bien au-delà, du peuple burkinabè.

On a rarement vu au Burkina Faso une élection aussi ouverte. Beaucoup de candidats ont manifesté leur volonté de se mettre sur la ligne de départ, en attendant, bien sûr, que le Conseil constitutionnel valide les différentes candidatures.

Si cette panoplie de candidatures (une quinzaine) n’est pas interdite par notre Constitution, il reste qu’elle représente pour l’Etat, un budget lourd à supporter. Moins il y a de candidatures, moins ça coûte. Aussi, bien que la Constitution permette à tout citoyen burkinabè qui remplit les conditions de se présenter, il faut tout de même mesurer son poids avant de se lancer dans une telle aventure. C’est dire qu’il faut y mettre du sérieux. Or, dans un pays où tout le monde se croit en mesure d’ être président, sans forcément en avoir les moyens ni l’étoffe, et où, par conséquent, les déclarations de candidatures se banalisent, une décantation venant des partis eux-mêmes, avant même que le Conseil constitutionnel ne se prononce, n’est pas une mauvaise chose.

Espérons que d’autres partis se rétireront de la course à la présidentielle, comme la CPS. D’autant qu’à vrai dire, certains partis, qui se ressemblent par leur projet de société, s’ils en ont, donnent l’impression d’avoir été créés non pas pour la conquête du pouvoir d’Etat, mais seulement pour se faire une publicité, si ce n’est pour espérer récolter quelques dividendes de leur candidature. En effet, contrairement à l’idée défendue par l’opposition, il n’est pas évident que la multiplicité des candidatures soit de nature à mettre Blaise Compaoré en ballottage et conduise à un second tour.

Le Pays

P.-S.

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