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Mariage d’enfants : Des hommes et femmes de médias s’engagent à promouvoir l’élimination de la pratique au Burkina Faso

Publié le dimanche 9 août 2020 à 23h43min

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Mariage d’enfants : Des hommes et femmes de médias s’engagent à promouvoir l’élimination de la pratique au Burkina Faso

Mieux outiller les journalistes et communicateurs sur la problématique du mariage d’enfants qui constitue une préoccupation de développement pour le Burkina Faso, tel était l’objectif poursuivi par la session de renforcement des compétences initiée par le Groupe d’action de lobbying et de plaidoyer (GALOP), du 6 au 8 août 2020, avec l’appui financier de l’UNFPA. Les cérémonies d’ouverture et de clôture ont été présidées par la présidente du Groupe d’action, de lobbying et de plaidoyer (GALOP), Sika Kaboré, l’épouse du chef de l’Etat.

Le mariage d’enfants est une tragédie pour les filles les plus vulnérables. Avec une prévalence d’une femme sur dix mariée ou en union avant 15 ans et d’une femme sur deux avant 18 ans, le Burkina Faso fait partie des pays où la prévalence du mariage d’enfants est le plus élevé (52%, classant le pays au 5e rang mondial).

Cette situation appelle de la part de chaque Burkinabè et particulièrement des journalistes et communicateurs, un engagement et une détermination à contribuer à l’atteinte de la tolérance zéro de cette pratique. Pour ce faire, le Groupe d’action, de lobbying et de plaidoyer (GALOP) a initié une session de renforcement de compétences de 72 heures à leur intention. La présente session fait suite à celle de Ziniaré tenue en octobre 2019. Après avoir exprimé les attentes, le ministre a exhorté les participants à donner le meilleur d’eux au cours des échanges, afin que les contributions soient de nature à barrer la route au phénomène.

La communicatrice Clémence Paré, en noir-Blanc

Au cours de cette formation, des communications portant, entre autres, sur les causes, l’ampleur, les conséquences et surtout l’arsenal juridique ont été développées par des facilitatrices qui sont tous membres du GALOP. Selon Marie Bagoro, avocate de profession, les causes du mariage d’enfants sont diverses et varient d’une communauté à l’autre. Cependant, les causes constantes sont les facteurs traditionnels et religieux, les causes économiques notamment la pauvreté, car la fille est souvent considérée comme un fardeau. Son mariage permet aux parents d’avoir une bouche en moins à nourrir et de s’enrichir. Pourtant, cette pratique présente de graves conséquences sur la vie des adolescentes, dira Clémence Paré. Au nombre desquelles le risque de mourir des suites d’une grossesse, la forte fécondité, la mortalité maternelle et infantile. Selon l’annuaire statistique 2016 du ministère de la Santé, la mortalité néonatale est évaluée annuellement à 4 050 décès de nouveau-nés. Quant à la mortalité maternelle, elle serait de 134,6 pour 10 000 parturientes.

Il faut qu’on parvienne à relever l’âge du mariage à 18 ans au Burkina, dixit Marie Bagoro

Le mariage d’enfants est un cancer pour le Burkina Faso

Face à ce phénomène sociétal, le Burkina Faso a ratifié des conventions internationales qui demandent à l’Etat de prendre toutes les dispositions pour éviter de faire subir à la jeune fille des actions qui portent atteinte à sa dignité. Conformément à la CADBE, des mesures effectives, y compris des lois, sont prises pour spécifier que l’âge minimal requis pour le mariage est de 18 ans. Au Burkina Faso, le cadre juridique interne est en contradiction avec ses engagements. « Par rapport à notre loi, on a un code qui prévoit un âge pour le mariage mais qui est de 17 ans dans le principe pour les filles et de 20 ans pour les garçons », a indiqué Mme Bagoro. Ainsi, notre pays devra travailler à relever l’âge du mariage à 18 ans pour non seulement se conformer aux conventions internationales, mais aussi pour que la fille et le garçon qui veut se marier puisse être en mesure de donner librement son consentement.

Les participants

Le Code des personnes et de la famille qui est en cours de révision prévoit de relever l’âge du mariage à 18 ans, tout en maintenant une exception comme c’est le cas dans le code actuel pour « satisfaire à un certain nombre de couches de la société par rapport à cet âge du mariage d’enfants qui est rejeté par beaucoup comme étant élevé ». « Mais pour l’instant, le nouveau code n’est pas encore arrivé à l’Assemblée nationale. Donc, on ne peut pas dire que ce sont des dispositions finales. Il n’y qu’au moment où les parlementaires vont voter la loi que nous pourrons savoir exactement qu’est-ce qui sera retenu », a tranché Mme Bagoro. En matière de mariage d’enfants, il existe également des dispositions répressives. Ainsi, tout ce qui est des mariages forcés, la loi pénale a prévu des sanctions contre le mari, les parents ou celui même qui va célébrer le mariage contre les dispositions légales.

Mme Yaméogo satisfaite de la formation

Au terme des trois jours de travaux, un réseau de journalistes/communicateurs a été mis en place. Présidé par Kannick Naré, ce réseau aura pour tâche de produire et de diffuser des articles de presse afin de mieux informer les populations et surtout accroître le niveau de prise de conscience des membres sur les effets néfastes du mariage d’enfants. Plusieurs participants n’ont pas caché leur satisfaction d’avoir pris part à cette formation dont Nadège Yaméogo, journaliste aux Editions Sidwaya.

« J’ai apprécié positivement l’initiative parce que ça nous a permis de comprendre un peu l’ampleur du phénomène du mariage d’enfants, les conséquences que cela engendre pour les jeunes filles qui sont victimes et sur le développement de notre pays. Lorsqu’une fille est mariée avant l’âge recommandé, il va de soi qu’elle ne puisse pas participer au développement du pays. Voilà pourquoi c’est une priorité pour les OSC de mettre fin à ce phénomène. Egalement, ça nous a permis de nous engager davantage en tant que journalistes/communicateurs à accompagner les organisations qui luttent contre le phénomène à travers nos écrits », a confié la journaliste.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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