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Assassinat de Jean Hélène : le comble de la provocation

Publié le mercredi 29 octobre 2003 à 16h19min

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C’est le lundi 27 octobre que le journaliste Jean Hélène, correspondant permanent de RFI à Abidjan, a été inhumé dans sa ville natale de Mulhouse dans l’est français. Il avait été abattu six jours auparavant devant la direction de la surêté ivoirienne par un sergent assoiffé de haine xénophobe du nom de Séry Tolou Dago Théodore alors qu’il voulait accomplir sa mission d’informer.

Evidemment, le meurtre ne pouvait que susciter colère et désapprobation indignée de tous ceux épris de paix, de justice et d’amour pour leurs prochains, quelles que soient la couleur de leur peau et leur appartenance ethnique ou politique. Sauf dans certains milieux où l’obscurantisme politique le dispute à une xénophobie congénitale.

Ce fut donc sans étonnement qu’à peine le sang de Jean Hélène bu par la terre devenue inhospitalière de Côte d’Ivoire, des personnalités de premier rang du pouvoir Fpiste clamèrent presque leur joie de voir un "ennemi" éliminé. Mamadou Koulibaly, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne et deuxième personnage de l’Etat qui dit souvent tout haut ce que Gbagbo n’ose pas sortir de sa propre bouche, fit ainsi savoir, sans le moindre repentir a fortiori des remords, que la France payait là et de la façon la plus méritée le tribut de sa malsaine intrusion dans les affaires ivoiro-ivoiriennes.

Et comme si cela ne suffisait pas, on n’était pas remis des sorties scandaleuses de Koulibaly et de son mentor qu’on apprenait par le biais de "Notre Voie", la voix du Front populaire ivoirien, la création d’un comité de soutien (le comble de la provocation) au meurtrier présumé de Jean Hélène, au moment même où le cercueil du disparu venait de toucher le fond de la tombe.

Ça, il faut le faire : aller jusqu’au bout de la bêtise humaine. Et non contents de l’avoir trucidé, ils osent même douter d’avoir tué. Car que comprendre de cette notion de présomption quand l’auteur du crime se bombait le torse après son acte fatal ?

Et que valent ces faux-fuyants du président du fameux comité de soutien, Yves Lokpo Kassoum, lequel déclare péremptoirement, en avocat avisé qu’il est, que "L’entourage et même le témoin du drame ont confirmé que c’était un accident et non un meurtre comme le font croire certaines personnes qui veulent profiter de cet incident malheureux pour régler des comptes". Mon œil !!

En voilà un qui doit bien avoir appris ses cours de droit dans l’autre sens. A moins que les coups de crosse assénés à Jean Hélène avant de lui loger la balle mortelle ne soient que pure invention des premiers enquêteurs ! Et quand il craint que certains veuillent profiter de cet incident malheureux pour régler des comptes, on serait bien heureux qu’il nous indique ces profiteurs au-delà de son propre milieu, car nombreuses sont les victimes de ces règlements de comptes du fait des discours de haine et de xénophobie qui y sont distillés à chaque tour de langue. Parmi celles-ci, Jean Hélène l’Africain, assassiné lâchement parce qu’il symbolisait la liberté.

Voilà en tout cas qui va conforter l’idée selon laquelle le policier criminel n’est que le bras armé d’une propagande haineuse et xénophobe qui a contribué à mettre la Côte d’Ivoire dans la situation où elle est présentement.
Ils vont nous rendre fous ces gens.

O. Sidpawalemdé
L’Observateur

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