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Utilisation des drones agricoles : L’approche qui optimise et rentabilise les productions

Publié le vendredi 10 juillet 2020 à 16h25min

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Utilisation des  drones agricoles : L’approche qui optimise et rentabilise les productions

Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays en Afrique, le manque de données à haute résolution exploitables en temps réel pour guider les processus de décision des petits exploitants rizicoles et le manque d’évidence scientifique démontrant la valeur ajoutée de l’adoption du conseil généré par l’utilisation des « systèmes aériens sans pilote [1] », retardent la transformation du secteur rizicole.

En 2018, le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) a lancé en collaboration avec l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) et Espace Géomatique SARL un projet de recherche visant à déterminer si les petits producteurs de riz, agissant sur la base de conseils générés par le traitement des données acquises à travers l’utilisation des drones équipés de capteurs multispectraux, augmentent leurs revenus ou réduisent leurs coûts (moins d’intrants) dans les plaines rizicoles de Korsimoro et de Mogtédo au Burkina Faso.

Cette étude a été réalisée en partenariat avec des membres sélectionnés de deux groupements de producteurs de riz basés dans les communes de Korsimoro et de Mogtédo. Les producteurs des deux sites ont été rencontrés séparément afin d’expliquer le contexte du projet et son déroulement. Leurs avis ont été par la suite recueillis pour effectuer leur profilage.

Sites d’expérimentation de Korsimoro et témoin de Mogtédo au Burkina Faso

On note que le site de Korsimoro (31 producteurs) a servi comme site d’expérimentation et celui de Mogtedo comme témoin (20 producteurs).

Le choix du domaine d’étude a obéi à plusieurs conditions dont la contigüité des parcelles, la similarité variétale du riz et des objectifs de production, l’éloignement suffisant des deux sites pour éviter d’éventuels échanges d’informations entre producteurs.

Par la suite, un questionnaire a été élaboré dans le but de profiler les agriculteurs participant au projet de recherche comme « traitement » ou « contrôle » et de recueillir par parcelle sélectionnée (i) des données de base, (ii) des mises à jour hebdomadaires en termes de quantités et de coûts réels des intrants (main-d’œuvre familiale et salariée, produits agrochimiques, services mécanisés, etc.) et enfin (iii) les rendements (rendement des cultures, prix de vente, etc.).

Démonstration sur le terrain de l’utilisation d’un drone aux producteurs

Les enquêtes socio-économiques et l’évaluation des paramètres agronomiques ont été réalisées en suivant un itinéraire technique de production de riz. Cet itinéraire comprend les phases après repiquage (reprise), tallage (nombre de thalles), initiation paniculaire (IP), floraison, stade pâteux (4-5 jours après IP), maturation, récolte et estimation des rendements (pesée des productions des producteurs).

Aux données agronomiques ont été couplées des évaluations des coûts / investissements des différentes opérations culturales pour évaluer les avantages pour les agriculteurs qui prennent des mesures sur la base des données fournies par les drones et ceux utilisant des informations classiques.

Opérations de mise en boue et de repiquage des parcelles de riz sur le site de Korsimoro

A chaque stade, un vol du drone a été effectué afin de couvrir complètement les phases transitoires des stades de développement du riz. A cet effet, l’opérateur drone Espace Géomatique a utilisé un drone Parrot Disco Pro Ag embarquant un capteur multispectral Sequoia et parfois un drone MAVIC 2 Pro embarquant un capteur RGB orienté au nadir. Les vols ont été effectués à 100 mètres d’altitude, avec des chevauchements latéral et longitudinal de 70% et 80% respectivement.

Le logiciel Pix4D Field a permis de créer des cartes d’indices de végétation avec une typologie des valeurs d’indices et des quantités d’engrais nécessaires pour chaque classe avec assistance du chercheur agronome. Ceci a permis de conseiller les producteurs sur comment fertiliser leurs parcelles en quantité et qualité d’engrais. Les cartes ci-après montrent les indices successifs et les conseils de fertilisations données aux producteurs en termes de quantités d’engrais à apporter aux parcelles.

Parcelles de riz au stade épiaison

La figure suivante est un exemple de carte NDVI obtenue à un stade phénologique donné du riz et le type d’action opérée auprès des producteurs.

Les perceptions paysannes sont positives sur la technologie des drones. Ainsi, les agriculteurs burkinabè qui ont participé aux activités de recherche, y voient une opportunité considérable en terme de : dépistage/surveillance des cultures, évaluations du volume et de la vigueur des cultures, inventaire des cultures (ou comptage des plants individuels), production de cartes de prescription, évaluation des dommages causés par les ennemis des cultures.

Pour la productrice, Fatimata Ouédraogo « Grâce à ce petit avion, nous avons appris à mieux amender nos parcelles avec juste ce qu’il faut et nos productions ont augmenté significativement ». Les producteurs sont prêts à payer 5 000 CFA/ha par individu et par couverture pour le suivi de leur exploitation. L’analyse coût-bénéfice des deux types d’agriculture donne un avantage à l’agriculture de précision sur l’agriculture classique avec une marge bénéficiaire nette de plus de 200 000 FCFA/ha.

Cette technologie a convaincu plusieurs producteurs, ainsi, 97% des producteurs interviewés considèrent l’appui-conseils basé sur la technologie drone comme une innovation et une opportunité à saisir, s’ils visent la durabilité de leur système de production.

En conclusion, si la technologie des drones se développe de façon exponentielle en Occident et plus particulièrement dans le secteur agricoles, force est de constater que l’Afrique affiche un retard marqué. Tous les États membres de l’Union Africaine devraient donc, via un processus consultatif, élaborer et adopter des cadres réglementaires nationaux relatifs aux drones, qui garantissent la sécurité, encouragent l’innovation et ne freinent pas l’émergence de fournisseurs de services agricoles basés sur les UAS ni ne découragent les investissements du secteur privé dans ce domaine.

Espace Géomatique

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Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2020 à 10:48, par Mahamadi NANA En réponse à : Utilisation des drones agricoles : L’approche qui optimise et rentabilise les productions

    Un très bon article ! Bonne initiative pour inciter une fois de plus les jeunes à s’intéresser à l’agriculture et atteindre nos objectifs d’autosuffissance.

  • Le 11 juillet 2020 à 11:30, par TANGA En réponse à : Utilisation des drones agricoles : L’approche qui optimise et rentabilise les productions

    Vraiment je ne comprend pas notre pays.
    Nos champs que l’on peut observer étant à un bord, IU s’agit il de champs à venir ?
    Faisons un calcul. Si on prend ce qu’il faut pour l’utilisation du drone pour un champ (temps, toutes dépenses confondues avec entretient), on verra que c’est mieux de travailler sans .
    Peut être on cherche des marchés pour des amis vendeurs de drones.
    C’est ça que l’on appel opération saam-toum saam-ligdi.
    Car le lancement ce n’est pas un problème mais il faut continuer après.

  • Le 11 juillet 2020 à 13:40, par Paolo En réponse à : Utilisation des drones agricoles : L’approche qui optimise et rentabilise les productions

    S’il est vrai que nous devons utiliser la technologie afin d’avoir une bonne production, je trouve cependant inutile et non sens d’apprendre des paysans à manipuler des drones alors qu’ils n’ont même pas de matériels adéquats pour leurs activités agricoles. Donnez des machines et pas de drones. Nous manquons de vision vraiment. Notre pauvreté est d’abord mentale. »

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