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G5 Sahel : Le sommet de Nouakchott confirme les progrès depuis Pau et énonce les futurs enjeux

Publié le mercredi 1er juillet 2020 à 21h55min

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G5 Sahel : Le sommet de Nouakchott confirme les progrès depuis Pau et énonce les futurs enjeux

Les membres du G5 Sahel et la France y ont affiché leur unité et dressé un bilan positif quelques mois après Pau. Mais loin d’être une rencontre d’autosatisfaction, le sommet a également pointé la nécessité d’amplifier les résultats militaires et d’amorcer efficacement l’action civile et politique de la coalition.

Le sommet s’est déroulé hier, mardi 30 juin, et a réuni de nombreuses personnalités : outre le président de la République française et les dirigeants du G5 Sahel, étaient présent le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre italien Giuseppe Conti. La présence des trois autres principales puissances de l’Union européenne à Nouakchott, contrairement à Pau, peut être interprétée comme un signal fort d’une mobilisation européenne croissante. Une mobilisation que l’on peut relier aux disposition fortes prises à Pau et, incontestablement, ont été suivies d’effets.

Ces derniers, encore à consolider, semblent cependant convaincre les partenaires européens de la qualité du leadership français dans la gestion de la crise au Sahel. Cette mobilisation aurait-elle été envisageable sans des résultats significatifs ? En tout état de cause, aucun responsable présent à Nouakchott ne semble avoir infirmé la phrase du président Macron : « L’Europe ses états membres, ses institutions, nos partenaires américains et les pays voisins sont au rendez-vous, et ils sont à vos côtés car nous sommes convaincus que la victoire est possible au Sahel, et qu’elle est déterminante pour l’équilibre en Afrique et en Europe. »

Effets militaires : encourageants mais à amplifier

Signe le plus visible de la perte du contrôle de la situation, les opérations militaires ont été le point focal du sommet de Pau et le principal poste de progrès depuis. Fin 2019, les armées maliennes, nigériennes et burkinabè essuyaient des pertes très lourdes dans leur rangs face des à Groupes armés terroristes faisant la démonstration d’une habilité martiale reconnue par l’armée française elle-même. D’où le recentrage opérationnel entrepris depuis lors ayant conduit à une concentration des forces dans la région des trois frontières et une agressivité française redoublée.

Ce tournant a produit des résultats comme le président français l’a rappelé à Nouakchott lors de la conférence de presse : « Nous avons beaucoup réorganisé, nous avons amélioré notre efficacité dans la lutte contre le terrorisme, mieux partagé l’information, réussi le centre unique de coordination à Niamey et eu des résultats, spectaculaires en particulier dans les dernières semaines. Dans la région des trois frontières des zones, ont été reprises aux groupes terroristes, les armées se redéployent, le rapport de force a été inversé ».

Il est important à ce titre de rebondir sur le centre de coordination de Niamey : Mécanisme de commandement conjoint (MCC) mis en place par Barkhane, il est l’amorce de l’autonomisation des forces du G5 Sahel sur leur terrain, conformément aux objectifs finaux de l’opération Barkhane. Cela dit, cet objectif est encore loin d’être rempli et les GAT bénéficient toujours d’une très importante capacité de nuisance : un fait rappelé par les dirigeants du G5 qui souhaitent voir s’amplifier autant l’effort militaire sur le terrain que sur le plan de la formation et des équipements. Même si sur ce dernier point, d’importantes avancées ont été consenties ces derniers mois, aboutissant à 200 millions de crédits d’équipement et des progrès capacitaires notables (combat aéroterrestre, maintien en condition opérationnelle du matériel, etc.).

Ces résultats s’accompagnent d’une mobilisation internationale croissante avec le maintien des forces danoises et britanniques sur place, le lancement de la Task Force européenne Takuba, l’officialisation du renouvellement du mandat de la Minusma, le renforcement par l’Espagne et l’Allemagne des missions de formation EUTM et enfin de la constitution d’un contingent de 3000 soldats par l’Union africaine. Peut-on véritablement comparer la situation actuelle avec la détresse et la méfiance mutuelle qui était de mise à la veille du sommet de Pau en janvier dernier ? Un investissement salutaire qui pourra aider à résoudre l’une des principales inquiétudes du sommet : la situation militaire préoccupante du Burkina Faso.

Un parent faible identifié : la gouvernance et le développement

L’une des principales réalisations du sommet de Pau fût la création de la coalition pour le Sahel chargée d’harmoniser les opérations de militaires avec la coordination des initiatives de développement. Structurellement, cette initiative est une des réussites rappelées à Nouakchott, entre autres par la bouche du président français : « La coalition pour le Sahel que nous avons annoncée à Pau il y a six mois est en place ». Cette dernière s’est en effet officiellement lancée depuis le 28 mars et a connu sa première réunion (45 ministres des Affaires étrangères et une quinzaine de représentants d’institutions internationales).

Devant favoriser le drainage des aides et le partage de l’information, les actions concrètes de la coalition n’ont toutefois pas encore été mises en œuvre. Il faut toute de même rappeler que le développement se situe dans un continuum avec les opérations militaires, et qu’un minimum de tenue du terrain est fondamental dans les zones contestées. Ces dernières seront la cible principale des aides mais étant donné la situation militaire qui prévalait en janvier 2020, il était nécessaire d’appuyer en priorité sur le volet militaire. Le rapport de force ayant aujourd’hui évolué positivement, le sommet de Nouakchott a acté la nouvelle stratégie de développement.

Symétrique dans sa conception aux opérations militaires ; elle passera par un ciblage de zones précises à traiter prioritairement. Elle ira des missions CIMIC (missions civilo-militaires) de l’armée française aux Programmes de développement d’urgence (PDU) de l’alliance pour le Sahel (pilier développement de la coalition) en passant le Cadre d’actions prioritaires intégré (CAPI) du G5 Sahel.

On doit également mentionner un axe fort du sommet à cheval entre la formation militaire et l’émergence d’une gouvernance plus juste. Face à la recrudescence d’accusations d’exécutions sommaires des armées du G5, les autorités de la région, la France, l’ONU et l’UE ont fermement condamné ces actes et ouvert des enquêtes. Un sujet pris très au sérieux comme en témoignent les mots prononcés le 18 juin, devant le Sénat, par la ministre française des Armées, Florence Parly : « Il y a des brebis galeuses partout mais nous serions coupables si nous ne mettions pas tout en œuvre pour réduire ce risque ».

Ces annonces ont été accueillies favorablement par les participants du sommet. Toutefois, comme au lendemain de Pau, il s’agira de joindre la parole aux actes aussi bien du côté de l’investissement français et international, que des efforts politiques devant être fournis par les pays du G5, et avant tout le Mali en proie à une inquiétante crise de sa classe dirigeante. Mais si les prochains mois se déroulent comme les six derniers, on peut se montrer optimiste. La suite lors du prochain sommet prévu pour 2021.

Mohammed Kaboul

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Vos commentaires

  • Le 1er juillet 2020 à 19:44, par Vérité indiscutable En réponse à : G5 Sahel : Le sommet de Nouakchott confirme les progrès depuis Pau et énonce les futurs enjeux

    Le sacrifice de nos militaires au profit de la France ne sera ni oublié, ni pardonné. Vraiment nos présidents doivent être reformés. Il manque une intelligence africaine dans ce cirque.

  • Le 2 juillet 2020 à 12:23, par pataamleukré En réponse à : G5 Sahel : Le sommet de Nouakchott confirme les progrès depuis Pau et énonce les futurs enjeux

    Ce machin créé par la France pour ses propres intérêts et qui a pris le soin de convier d’autres pays européens pour "enrober la pilule" .
    On a pas besoin de tout ce théâtre pour bouter hors du Sahel ces "terroristes fabriqués" pour les besoins de la cause.
    Macron peut demander conseil à Deby, lui qui a défait de vrais terroristes.

  • Le 19 juillet 2020 à 16:17, par saraphin Pierre En réponse à : G5 Sahel : Le sommet de Nouakchott confirme les progrès depuis Pau et énonce les futurs enjeux

    Vérité indiscutable, vous avez tout dit quand vous dites qu’il manque une intelligence africaine dans ce cirque.

    En réalité, c’est de cela qu’il s’agit. Quand les autres nations réfléchissent pour 50 ans, 100 ans et au delà, se rendent compte qu’ils doivent nous piller pour continuer d’exister, réfléchissent à comment faire pour que nous portions nous-mêmes nos richesses et nos vivres pour venir les leur remettre en souriant et en tendant nos mains après pour leur demander de nous en donner juste un peu ; et nous africains, nous ne sommes pas capables de comprendre le jeu et de réfléchir pour trouver la solution, J’AI HONTE.

    J’ai honte de savoir que nous africains, nous ne réfléchissons que pour nos poches, nos enfants, notre entourage et non pour notre nation, pour l’Afrique

    J’ai honte de savoir que des dirigeants n’ont de réflexions que seulement pour ce qui peut être fait pour qu’ils soient réélus

    J’ai honte
    de savoir que pour piller les ressources naturelles de la Libye, des dirigeants occidentaux sont venus tuer des milliers de personnes, instaurer le chaos, et y sont depuis une décennie, sans que l’Afrique ne lève le doigt, ...

    J’ai honte de savoir que tout le monde sait que le développement de l’Afrique passe par son unité, et qu’après 60 ans d’indépendance, les africains sont incapables de s’unir

    J’ai honte de savoir que les fils de l’Afrique qui ont été des leaders éclairés qui pouvaient faire avancer l’Afrique ont été assassinés par ceux qui nous exploitent avec la complicité d’autres africains

    J’ai finalement honte d’être africain, donc d’être un de ceux qui n’ont pas une vision pour le développement

    J’AI HONTE, J’AI HONTE

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