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Médias : « Le fact-checking s’impose comme un genre journalistique à part entière », selon Donation Kangah, formateur au programme Vérifox

Publié le mercredi 24 juin 2020 à 21h30min

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Médias : « Le fact-checking s’impose comme un genre journalistique à part entière », selon Donation Kangah, formateur au programme Vérifox

Pratiqué de plus en plus dans les médias, le fact-checking est une technique qui consiste à vérifier en temps réel la véracité des faits et des chiffres fournis dans l’information, par diverses sources. A l’occasion de la formation des journalistes burkinabè par visioconférence sur la prise en main des réseaux sociaux organisée par CFI-Médias, Donatien Kangha, enseignant à l’école de journalisme de l’ISTC Polytechnique d’Abidjan et formateur au programme Vérifox de CFI-Médias, a répondu aux questions de Lefaso.net relatives aux défis liés au fact-checking sur le continent africain. Interview.

Lefaso.net : Outre le fait d’être fact-checkeur, qui êtes-vous ?

Donation Kangah : J’exerce comme consultant web. J’interviens ainsi comme formateur pour des programmes de renforcement des capacités des médias et aussi des organisations de la société civile. Je suis aussi enseignant à l’école de journalisme de l’ISTC Polytechnique d’Abidjan. J’y suis le responsable de l’unité pédagogique « Web journalisme et nouveaux médias ». Je coordonne à cet effet les enseignements et la recherche dans notre spécialité.

En langage simple, que signifie le fact-checking ?

Pour moi, au-delà d’un genre, le fact-checking est un appel à un fondement du journalisme : la vérification. C’est donc ce principe cardinal de l’activité de journaliste qui est mise en évidence actuellement à travers le concept de fact-checking.

A quand remonte votre appel pour le fact-checking ?

L’appel pour la vérification coïncide pour moi avec mon appel journalistique, quand je commençais en 2008-2009. Toutefois, mon intérêt pour le fact-checking dans sa forme dite moderne, actuelle, est relativement récent. Il date de 2017-2018 et est lié à mes missions de consultant web et d’enseignant en journalisme. En effet, j’ai été amené, lors d’une mission de formation de journalistes africains aux médias sociaux, à aborder le sujet. S’en est suivi l’encadrement d’un mémoire d’étudiant sur la thématique.

Quels en sont les défis ?

Les défis actuels du fact-checking se rapportent surtout aux compétences et à la compréhension des enjeux du numérique par les médias africains. Nous sommes résolument dans l’ère de l’information où le citoyen, à la fois producteur et consommateur de l’info, se retrouve souvent à rechercher un médecin de l’information pour l’orienter. Qui mieux que le professionnel qu’est le journaliste pour le servir ? Le problème, c’est que les médias ne donnent pas toujours le sentiment d’avoir pris la pleine mesure de ce besoin pour l’anticiper et y apporter une réponse au moment opportun.

Quel est la place du fact-checking dans le contexte africain ?

Dans le contexte africain, le recours au fact-checking a toute sa place pour restaurer la confiance entre médias et audience, mais aussi pour susciter une émulation véritable au sein de la profession, pour le bien du citoyen.

Quel est votre message à l’endroit des journalistes africains ?

Ne restez pas en marge du numérique, quelle que soit votre spécialité.

Quel sera l’avenir de fact-checking ?

Les prophéties, ce n’est pas mon fort. Toutefois, je note que le fact-checking s’impose comme un genre journalistique à part entière, avec un narratif, des outils et méthodes propres. Il a ses stars, ses prix, ses réseaux, ses organisations, ses événements. La recherche s’en est emparée et les écoles de journalisme l’inscrivent de plus en plus dans leurs offres pédagogiques. Bref, il n’est plus au stade de la controverse. Autant ne pas l’ignorer, car qui sait si le journaliste de demain ne sera plus qu’un fact-checkeur, vu que tout le monde diffuse maintenant ?

Interview réalisée par Edouard Kamboissoa Samboé (samboeedouard@gmail.com)
Lefaso.net

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