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Lutte contre le terrorisme : Amnesty International alerte « toujours » sur les violations

Publié le vendredi 12 juin 2020 à 23h30min

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Lutte contre le terrorisme : Amnesty International alerte « toujours » sur les violations

Près 200 civils dont des personnes déplacées internes ont été victimes d’exactions commises par les forces de défense et de sécurité entre février et avril 2020, a indiqué Amnesty International dans un rapport publié, mercredi 10 juin 2020. Pour Samira Daoud, directrice de l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International, les autorités maliennes, nigériennes et burkinabè doivent « faire libérer immédiatement toutes les personnes qui ont été arrêtées ou enlevées, à moins d’être traduites devant un tribunal ». Lisez !

AILRC-FR
Sous embargo jusqu’au 10 juin 2020 à 00 h 01 TU

Sahel. Des soldats sèment la terreur et commettent des tueries dans des villages sous couvert d’opérations antiterroristes

• Près de 200 personnes, dont des personnes déplacées internes, ont été victimes d’homicides illégaux ou de disparitions forcées entre février et mars 2020.
• Des dizaines de personnes ont été arrêtées arbitrairement, et l’on reste sans nouvelles d’un certain nombre d’entre elles.
• L’impunité et la volonté d’obtenir des « victoires » alimentent les violations au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

Semant la terreur dans des villages du Mali, du Niger et du Burkina Faso, des soldats ont tué illégalement ou soumis à des disparitions forcées au moins 199 personnes entre février et avril 2020, a déclaré Amnesty International dans un nouveau rapport publié mercredi 10 juin 2020. Certains des homicides commis s’apparentent à des exécutions extrajudiciaires, et des personnes déplacées internes font partie des victimes.

Le rapport, intitulé « Ils en ont exécuté certains et emmené d’autres avec eux » : Péril pour les populations civiles dans le Sahel, appelle les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger à mettre un terme à l’impunité concernant les violations régulièrement commises par leurs forces de sécurité contre des populations non armées, et à veiller à ce que les opérations militaires soient conformes aux droits humains et au droit international humanitaire. Au Mali et au Burkina Faso, où la situation est celle d’un conflit armé non international, les homicides délibérés de civils non armés par les forces de sécurité pourraient être constitutifs de crimes de guerre.

« L’insécurité règne au Sahel, où la population est piégée entre les attaques des groupes armés et les opérations militaires en cours. On sait que l’armée procède à chaque fois à des dizaines d’arrestations arbitraires, et que certaines des personnes arrêtées ne réapparaissent jamais, mais on ignore l’ampleur réelle des violations commises par les forces de sécurité », a déclaré Samira Daoud, directrice pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Jusqu’à présent, les engagements des gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger promettant de remédier à ces violations n’ont pas été suivis d’effet. Les autorités de ces pays doivent de toute urgence enquêter de manière rigoureuse sur ces violences, dont beaucoup pourraient constituer des crimes de guerre, et veiller à ce que la population soit protégée pendant les opérations militaires contre des groupes armés. »

Le rapport d’Amnesty International dénonce les violations commises dans le cadre de la réponse militaire à l’insécurité au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ces trois pays étant confrontés à la menace de groupes armés tels que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’État islamique au grand Sahara (EIGS). Ces violations se sont produites dans le sillage du sommet de Pau, en France, qui a réuni le 13 janvier 2020 les pays du G5 Sahel, dont les trois pays évoqués ci-dessus, et la France, et lors duquel ces pays ont réaffirmé leur partenariat dans la lutte contre l’insécurité au Sahel.

Des villageois arrêtés et exécutés illégalement au Mali

Au Mali, l’armée a lancé des opérations de grande ampleur dans les communes de Diabaly et de Dogofry, dans la région de Ségou. Ces opérations ont donné lieu à diverses violations des droits humains à la suite d’attaques de groupes armés contre les forces de sécurité.

Amnesty International a pu confirmer au moins 23 cas d’exécutions extrajudiciaires ou d’autres homicides illégaux et 27 arrestations arbitraires suivies de disparitions forcées aux mains de l’armée malienne dans les communes de Diabali et de Dogofry, entre le 3 février et le 11 mars 2020.

Le 16 février, à Belidanedji, les forces de sécurité ont procédé à l’exécution extrajudiciaire de cinq personnes, que les villageois ont ensuite enterrées, et à l’arrestation de 18 autres, dont on est sans nouvelles depuis.

Un proche de victimes a raconté à Amnesty International :

« Quand les soldats sont arrivés dans le village, la plupart des gens ont fui pour échapper à leur violence. Mais ils ont arrêté plusieurs villageois et exécuté quatre membres de ma famille. Ensuite, ils ont saisi une partie des stocks d’engrais, des vivres et de nombreux autres produits sur le marché. »

Exécutions extrajudiciaires au Burkina Faso

Amnesty International a aussi recueilli des informations faisant état de violations flagrantes des droits humains commises par les forces de sécurité du Burkina Faso entre mars et avril 2020. Dans au moins deux cas, les forces de sécurité ont soumis des personnes à des disparitions forcées – dont des personnes déplacées internes–, avant de les tuer.

Issouf Barry, conseiller local de Sollé, Hamidou Barry, chef du village de Sollé, et Oumarou Barry, membre de la famille princière de Banh, ont été enlevés à leur domicile, à Ouahigouya, le 29 mars 2020.

Selon un proche d’une des victimes, ces trois hommes ont été arrêtés chez eux par des gendarmes. Tous trois étaient des personnes déplacées, qui avaient quitté leur lieu d’habitation d’origine pour trouver refuge à Ouahigouya, la capitale régionale, en raison de l’insécurité. Leurs cadavres ont été retrouvés par des villageois le 2 avril en périphérie de la ville, sur la route menant à Oula.

Dans un autre cas signalé à Amnesty International, 31 habitants de Djibo, dont 10 personnes déplacées, ont été arrêtés et exécutés le 9 avril 2020 par le Groupement des forces antiterroristes (GFAT). Le 20 avril, le gouvernement a reconnu que des exécutions extrajudiciaires avaient eu lieu. Il a déclaré que la Direction de la justice militaire avait été chargée le 10 avril d’enquêter sur ces allégations.

Plus de 100 villageois victimes de disparitions forcées au Niger

Au Niger, 102 habitants de la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, ont été arrêtés et soumis à une disparition forcée par l’armée dans le cadre de l’opération Almahou entre le 27 mars et le 2 avril 2020.

Des témoins ont dit à Amnesty International que, entre le 27 et le 29 mars, 48 personnes avaient été arrêtées par des soldats nigériens alors qu’elles se rendaient au marché à Ayorou ou qu’elles en revenaient. Les 54 autres ont été arrêtées par les forces de sécurité dans plusieurs villages le 2 avril.

Cinq témoins interrogés par Amnesty International ont souligné que toutes ces personnes avaient depuis disparu et que de nombreuses fosses communes avaient été découvertes à plusieurs endroits dans le département d’Ayorou. La plupart des habitant·e·s de la région n’osaient pas s’aventurer à proximité de ces fosses communes ni demander des nouvelles des victimes de disparitions forcées par crainte de subir à leur tour un sort peu enviable.

La répression militaire a contraint de nombreuses personnes à fuir vers les zones urbaines pour s’y mettre en sécurité.

« La localité d’Inates est désertée par ses habitant·e·s et la plupart sont partis vers le Sud, plus près des centres urbains, en raison de l’insécurité », a déclaré un témoin à Amnesty International.

« Les autorités du Mali, du Niger et du Burkina Faso doivent mettre un terme aux homicides illégaux et aux disparitions forcées perpétrés par leurs forces de sécurité. Elles doivent faire libérer immédiatement toutes les personnes qui ont été arrêtées ou enlevées, à moins que celles-ci ne soient traduites devant un tribunal et inculpées d’une infraction dûment reconnue par la loi. Elles doivent enquêter sur ces violations et en poursuivre les responsables présumés en justice. L’impunité ne fait qu’engendrer de nouvelles violences et atteintes aux droits humains », a déclaré Samira Daoud.

« Il est important que les acteurs régionaux et les partenaires internationaux se prononcent fermement contre ces violations et appellent les autorités des trois pays à faire en sorte que toutes les mesures nécessaires soient prises avant, pendant et après les opérations militaires pour éviter de mettre la population civile en danger et empêcher que d’autres violations ne soient commises. »

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez prendre contact avec le Service de presse d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest : press@amnesty.org ou Sadibou.marong@amnesty.org ; tél : +221 77 658 62 27 ; Twitter : @AmnestyWARO

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Vos commentaires

  • Le 19 juin 2020 à 08:51, par sankara saidou En réponse à : Lutte contre le terrorisme : Amnesty International alerte « toujours » sur les violations

    je loue le travail que Amnesty international fait. je partage aussi son souci de justice.Cependant votre institution ne nous dit pas qui est responsable des tueries et attaques de population pour qu’on puisse les cibler. Si des populations se rendent complices des terroristes il devient difficile de savoir qui est terroristes et qui ne l’est pas ce qui amène les soldats à mal agir. Il faut que les populations elles-m^mes contribuent à la lutte contre les terroristes pour se protéger/ Un complice des terroristes doit être traité comme tel. c’est cette complicité qui permet aux terroristes de poser des bombes et de se volatiliser facilement. Comment dans ce pays de savane des burkinabé peuvent se retourner contre leur patrie en s’associant aux forces obscures, négatives anti-Dieu pour tuer leurs concitoyens et leurs parents se rendent complices en les dénonçant pas.Il n’y a pire criminel que celui qui assiste sans réagir aux actes d’un criminel.

  • Le 19 juin 2020 à 13:01, par severin En réponse à : Lutte contre le terrorisme : Amnesty International alerte « toujours » sur les violations

    Monsieur. Ce qui tuent au Sahel ne sont pas des militaires. Ces discours ce sont des discours de l’après guerre. C’est creux et irreflechi. Les morts ’’avaient ils pas de droit de vie. Nous sommes en temps de guerre tout homme susceptible doit être traité comme tel. Voilà pourquoi les drones de la France ont été abattu. vous écrivez comme si vous étiez dans un film. Non c’est notre réalité. Les hommes en mission ne sont pas des mercenaires. Ce sont des hommes qui ont tout abandonné. Et presque tt perdu. Mais hélas ils continuent quand même. Il faut être prêt du gouffre pour pouvoir parler de ça. Vous êtes dans des bureaux avec des rapports treuffés de mensonges. juste pour la défense de leur patrie,ils ont prêté serment.l’oeuvre humaine est imparfaite.les vraies victimes ce sont nos orphelins et nos veuves de nos braves force defense . Le reste comme dit le blanc ce sont des d’images collatéraux. Dieu s’en charge. ! Une chose est sûre vous êtes même des terroristes. Si vous ne voulez pas les accompagner,ne les désamorcer pas . Ils sont tout pour nous ! Courage à nos FDS !A bas la réaction Internationale.! Vive mon Faso.

  • Le 21 juin 2020 à 07:39, par Made En réponse à : Lutte contre le terrorisme : Amnesty International alerte « toujours » sur les violations

    Qu’ils aillent aux USA régler les problèmes des noirs qu’on poursuit pour abattre comme des rats palmistes et qu’ils nous laissent régler nos problèmes. Un complice des terroristes doit être abattu. Les blancs n’ont rien comme morale à nous apprendre.

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