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Général Henri Bentegeat, chef d’Etat-major des Armées françaises : “L’armée burkinabè, une armée organisée, professionnelle, rigoureuse, volontaire”

Publié le mercredi 21 septembre 2005 à 15h24min

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Gal Henri Bentegeat

Le sens de la visite du premier responsable des Armées françaises au Burkina Faso, la crise ivoirienne, la présence des forces françaises en Afrique, le partenariat jugé exemplaire entre les armées burkinabè et françaises sont, en exclusivité pour les lecteurs de Sidwaya, l’objet de la présente interview que nous vous proposons.

Sidwaya : Dans le fond qu’est-ce qui justifie votre présence au Burkina ?

Général Henri Bentegeat, chef d’Etat-major des Armées françaises (H.B.) : Le Burkina Faso et la France ont une histoire commune, une culture commune, des armées qui coopèrent depuis l’indépendance du Burkina et nous avons en permanence eu une fraternité d’armes qui se concrétise par des relations confiantes. Toutes ces raisons justifient, entre autres, pleinement ma présence à Ouagadougou.

S. : Votre visite n’est-elle pas plutôt due fondamentalement à l’évolution actuelle de la crise ivoirienne ?

H.B. : Ce qui se passe en Côte d’Ivoire n’a rien à voir avec les relations bilatérales et le partenariat entretenus depuis de longue date par les frères d’armes de France et du Burkina. La crise ivoirienne, du point de vue de son règlement, répond à une logique définie dans le cadre des mécanismes des Nations unies. La participation de la France au règlement de cette crise répond donc, aux procédures mises en place par la communauté internationale. Au Burkina, je suis pleinement en visite d’amitié dans un pays qui a toujours eu de très bonnes relations militaires avec la France.

S. : Somme toute, vos entretiens avec les différents responsables militaires et politiques burkinabè ont dû faire une place d’honneur à la crise ivoirienne ?

H.B. : Pas du tout ! Et je le dis franchement. Nous avons évoqué tous les problèmes que connaît l’Afrique de l’Ouest.

Il n’a pas du tout été question de parler de la crise ivoirienne en dehors des différentes pistes prévues par la communauté internationale et acceptées, soutenues par la France comme le Burkina Faso, pour la résolution de la crise ivoirienne. C’est d’ailleurs dans le cadre des mécanismes miliaires mis en place par les Nations unies pour la Côte d’Ivoire qu’est organisée la présence actuelle de l’armée française en Côte d’Ivoire. Pour nous, les choses sont claires ainsi et il reste entendu qu’il est important qu’entre Abidjan et les pays voisins, soient promues des relations transparentes dans une ambition de bon voisinage.

S. : Kadhafi demande pourtant à Laurent Gbagbo de chasser l’armée française de la Côte d’Ivoire.

H.B. : Nous n’avons aucune volonté de quitter la Côte d’Ivoire. Nos forces sont présentes en Côte d’Ivoire en vertu d’un accord de défense qui existe de façon bilatérale entre la Côte d’Ivoire et la France. Si un jour, la Côte d’Ivoire décide de dénoncer cet accord, nous partirons comme l’a déjà dit le président Jacques Chirac, sur-le-champ. Nous ne sommes ni demandeurs d’un changement ni demandeurs d’un statu quo. Ce n’est pas nous qui romprons cet accord. Mais si les autorités ivoiriennes en décidaient ainsi, nous partirons. Je n’ai pas à apporter de jugement sur les déclarations d’un chef d’Etat. Dans la déclaration de Kadhafi, il y a certainement une part de jeu et de provocation. Si les forces françaises sont présentes aujourd’hui dans des pays africains, c’est uniquement à la demande et en accord avec ces pays. Il n’y a pas de volonté française, par quelque pression de nature quelconque, de se maintenir en Afrique. La France ne remettra donc pas en cause d’elle-même l’accord de défense avec la Côte d’Ivoire. La décision doit donc venir du gouvernement ivoirien.

S. : Comment se porte la coopération militaire entre la France et le Burkina ?

H.B. : Cette coopération se porte très bien. Cette coopération qui a longtemps été celle d’une assistance de la France au Burkina, est désormais devenue un exemple de partenariat militaire. Un vrai partenariat qui comporte des obligations respectées par chacun des deux pays. Avec les forces armées du Burkina, nous travaillons facilement car nous avons affaire à une armée très bien organisée, très professionnelle, très rigoureuse et très volontaire. Les résultats que nous obtenons dans le partenariat militaire avec le Burkina sont exceptionnels.

S. : Le Burkina a pourtant été un des premiers pays à refuser une présence physique des forces françaises sur son territoire ?

H.B. : Chaque peuple a son histoire et il est tout à fait légitime que l’évolution de nos relations militaires soit allée de pair avec celles des relations politiques et diplomatiques. Aujourd’hui, la France et le Burkina ont des relations très confiantes et cela se ressent bien évidemment sur le partenariat entre frères d’armes burkinabè et français. Même quand dans le passé il y a eu des périodes de partenariat difficiles entre politiques de France et du Burkina, les militaires des deux pays ont su garder un sentiment de fraternité d’armes. Le lien militaire ne s’est jamais rompu entre les armées des deux pays. L’offre française de coopération a changé. Nous n’avons plus affaire à des relations post-coloniales avec les pays africains. Nous avons plutôt des relations contractuelles. On se met d’accord sur ce qu’on veut et sur ce qu’on peut faire ensemble. C’est la raison pour laquelle le président Chirac a clairement dit en début d’année à Dakar, que la France ne s’imposait nulle part. Avec chaque pays africain, avec l’Union africaine, avec toutes les organisations régionales, nous avons désormais des relations bien comprises, soutenues, souhaitées et encouragées par chaque partie.

S. : Qu’est-ce qui change dans la nouvelle dynamique de la présence des forces françaises en Afrique ?

H.B. : Ce qui ne change pas, c’est l’engagement de la France en Afrique. Nous restons toujours aux côtés de tous nos partenaires africains qui le souhaitent.

Ce qui change ? Nous allons avec l’Union africaine et les institutions régionales, travailler à l’émergence de brigades de maintien de la paix. Nous allons, au même moment, ouvrir notre dispositif, nos exercices militaires pour la sécurité, la stabilité et la paix en Afrique à des Etats européens.

Désormais, toutes les structures internationales de maintien de la paix où est présente la France vont travailler en adéquation avec les institutions mises en place par les Africains eux-mêmes.

S. : Pensez-vous que ces structures africaines sont assez indépendantes pour être juges sans être parties dans les tentatives de résolution des crises africaines ?

H.B. : Il y a certes des problèmes mais je constate qu’il y a des progrès continuels en Afrique pour la résolution des conflits auxquels ce continent fait face. En Centrafrique par exemple, les contingents africains qui ont été déployés pour ramener la paix dans ce pays ont pu se déployer et remplir leur mission avec efficacité.

S. : Qu’est-ce qui explique alors que dans le cas de la crise ivoirienne, l’on semble faire plus confiance au contingent français qu’aux forces onusiennes présentes sur le terrain et ayant à leur sein, des soldats africains ?

H.B. : La mission des forces françaises en Côte d’Ivoire n’a pas les mêmes devoirs que ceux des Nations unies. La première vient en appui à la seconde, avec plus de moyens et d’hommes. C’est ce qui explique une présence plus remarquée des forces françaises que celle des Nations unies en Côte d’Ivoire.

S. : La France a mené plusieurs opérations militaires en Afrique, pour des raisons politiques et certaines ont connu des échecs. Si cela était à reprendre, le feriez-vous ?

H.B. : Pas tout à fait. Franchement pendant la période post-coloniale, certaines interventions françaises en Afrique étaient de l’ordre de l’acceptation de s’immiscer dans les affaires intérieures de certains pays. Cela répondait à la dynamique politique de l’époque.

Cette donne est désormais révolue. Aujourd’hui, la France ne s’implique jamais dans les affaires intérieures d’un autre pays.

Notre pays agit systématiquement dans le cadre des Nations unies voire des organisations sous régionales.

S. : Après ce premier séjour que vous venez d’effectuer au Burkina, que retenez-vous de cette « terre des Hommes » ?

H.B. : Le Burkina Faso est un pays extrêmement digne, courageux. Ses habitants travaillent et ont la volonté farouche de réussir... Je l’ai senti dans tous les contacts que j’ai eus au Burkina Faso. Finalement, je dirai avec fierté que ce n’est pas pour rien que Burkina Faso signifie, pays des Hommes intègres.

S. : Quels conseils avez-vous prodigués lors de vos contacts pour que l’armée burkinabè s’enracine de plus en plus dans la république ?

H.B. : Mes contacts et mes entretiens avec le chef d’Etat-major général des armées burkinabè, le colonel Ali Traoré, m’ont permis de constater que celui-ci est fondamentalement républicain. Il est pour moi évident que le colonel Traoré a la même conception de ses responsabilités que moi-même.

S. : Quelques indiscrétions des échanges que vous avez eus avec le président du Faso ?

H.B. : J’ai été accueilli de manière extrêmement courtoise et bienveillante par le président Blaise Compaoré. Nos entretiens ont beaucoup porté sur la coopération bilatérale franco-burkinabè mais également et surtout sur tous les problèmes de sécurité nationale, ouest africains et même internationaux. En tout cas, je retiens de cette visite que je rêvais de faire au Burkina depuis trois ans, que les armées burkinabè sont pour la France, un partenaire important et intéressant.

Interview réalisée par Michel OUEDRAOGO (michel_ouedr@yahoo.fr)
El Hadj Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 octobre 2005 à 11:06, par Yves Sangaré (l’ivoirien) En réponse à : > Général Henri Bentegeat, chef d’Etat-major des Armées françaises : “L’armée burkinabè, une armée organisée, professionnelle, rigoureuse, volontaire”

    Ce général est un con.D’une facon ou d’une autre l’armée francaise partira de la Cote d’Ivoire.
    Voici des soldats francais qui tirent à balle réelle sur des manifestants au mains nues.Une centaine de morts et des milliers de blessés comme bilan et meme pas des mots d’excuses à l’endroit des ivoiriens.Khadaffi ne fait pas de la provocation.C’est la réalité, que ces imbeciles quittent notre territoir le plus rapidement possible.Ils sont indesirables et ils le savent eux meme.
    Pourquoi attendre qu’on leur demande de partir alors qu’ils peuvent le faire d’eux meme.
    On n’a pas besoin de l’armée francaise en Cote d’Ivoire .

    • Le 30 août 2006 à 17:55, par Lefrançois En réponse à : > Général Henri Bentegeat, chef d’Etat-major des Armées françaises : “L’armée burkinabè, une armée organisée, professionnelle, rigoureuse, volontaire”

      Ca c’est mal passé pour vous à partir du moment où vos vous en êtes pris aux miltaires français.
      Vous étiez dans un pays surnommé la Suisse de l’Afrique et regardez ce que vous en avez fait et çà tout seul, tout çà parce que vous avez préféré l’égoïsme tribal à la solidarité nationale lorsque la crise économique est venue. Je suis d’accord, les militaires français n’auraient jamais dû stopper l’offensive victorieuse des nordistes. Moi aussi, je souhaite que nos militaires rentrent, car ils n’ont pas vocation à sauver des gens malgré eux. Entretuez-vous sans voir de qui vous êtes l’instrument et foutez nous la paix au lieu de nous insulter et de violer nos femmes.
      Faites votre histoire tout seul et si vous avez la capacité un jour d’assumer vos responsabilités plutôt que de faire porter vos propres erreurs aux autres (de préférence étranger) vous deviendrez alors un peuple respectable et respecté.

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