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Covid-19 dans l’UEMOA : La lutte contre la pandémie coûte plus 5000 milliards aux Etats membres, selon une étude de la Chambre régionale

Publié le mercredi 10 juin 2020 à 22h30min

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Covid-19 dans l’UEMOA : La lutte contre la pandémie coûte plus 5000 milliards aux Etats membres, selon une étude de la Chambre régionale

Le coronavirus dans l’espace UEMOA c’est un total de 10 000 cas déclarés positifs et 200, le nombre total de décès liés à cette maladie. Pour faire face à la propagation de cette pandémie, l’ensemble des pays de l’Union, ont pris des mesures d’urgence. Ces mesures n’ont pas été sans préjudice sur le secteur privé de l’espace communautaire. La Chambre consulaire régionale de l’UEMOA (CCR-UEMOA) dévoile dans une étude menée auprès des structures nationales, l’ampleur de l’impact de cette pandémie sur l’économie des pays membres. Elle estime le cout global des mesures gouvernementales de lutte contre la pandémie, à 5 284,93 milliards de FCFA.

Evaluer les conséquences économiques et financières du Covid-19 sur les entreprises de l’UEMOA, identifier les secteurs les plus touchés, les besoins et les attentes des chefs d’entreprises pour une relance de leurs activités économiques et une atténuation des conséquences de cette crise. Tels sont les objectifs de cette étude de la CCR-UEMOA.

Pour ce faire, la collecte des données a été faite auprès des structures membres de la CCR-UEMOA, que sont les chambres de commerce et d’industrie, les organisations patronales, les chambres d’agriculture, les chambres des métiers, les associations d’importateurs/exportateurs, les associations professionnelles des banques et établissements financiers, etc.

Certaines de ces structures avaient déjà conduit des études sur les effets de la crise pour les entités sous leur tutelle et les mesures de mitigation de ces conséquences. On se rappelle, celle de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, qui a dévoilé un manque à gagner de plus de 600 milliards FCFA pour les entreprises du secteur privé burkinabè.

Selon l’étude de la CCR-UEMOA, la pandémie du Covid-19 ébranle tous les fondamentaux macro et micro-économiques et bouleverse toutes les estimations de croissance économique. Les indicateurs économiques de tous les pays sont revus à la baisse. Selon le Fonds monétaire international (FMI) l’économie mondiale devrait se contracter de 3 % en 2020 par rapport à 2019.

Des prévisions qui peuvent connaitre une amélioration ou une détérioration suivant l’évolution de la pandémie. Chute de la consommation des ménages en raison des mesures de confinement et de fermetures des frontières adoptées, baisse des investissements avec l’arrêt de nombreux chantiers, etc., ce sont autant de raisons à l’origine de la baisse de cette croissance. Le niveau général des prix connaitra une augmentation du fait de la baisse de la production au niveau des entreprises par le fait de la pénurie de main d’œuvre et la disponibilité de la matière première.

En Afrique Subsaharienne, le resserrement des conditions financières mondiales pénalise l’activité économique. La croissance économique devrait ainsi passer de 2,4% en 2019 à une fourchette de -2,1% à -5,1% en 2020 selon une étude du groupe de la Banque Mondiale. Ainsi, la chute de la croissance pourrait atteindre jusqu’à 7 points de pourcentage dans les pays exportateurs de pétrole et jusqu’à 8 points de pourcentage dans les pays exportateurs de métaux, et modéré dans les pays ne disposant pas de grandes ressources naturelles.

Qu’en est-il des effets de la pandémie dans l’espace UEMOA

Dans l’espace UEMOA, qui se retrouve dans cette partie d’Afrique Subsaharienne, la croissance économique devrait chuter de près de la moitié pour l’année 2020. Initialement prévue à 6,6%, cette croissance s’établira à environ 2,7%. Ceci parce que les mesures prises entrainent un ralentissement de l’activité économique, avec des conséquences sur l’activité des entreprises et par conséquent sur les recettes fiscales des Etats.

Avec les mesures de confinement, les pays producteurs de pétrole assistent à une chute vertigineuse du cours du baril du pétrole toute chose qui impacteront le niveau des recettes budgétaires des Etats et les activités des entreprises dans le secteur. L’or n’est pas en reste, même si sa baisse reste modérée pour l’instant. Aussi, l’arrêt des usines de transformation de coton dans les pays importateurs entraine une chute du cours du coton.

L’inflation, elle pourra passer de 1,1% prévu initialement à 2,5%, ce qui va impacter de façon vertigineuse le pouvoir d’achat des populations et par la même occasion la pauvreté dans l’espace communautaire. En outre, la morosité de l’activité économique observée dans l’ensemble des pays de l’Union impactera davantage les échanges intracommunautaires.

Quant à l’emploi, il a connu une baisse d’ensemble de l’ordre de 25% selon les organisations professionnelles d’entreprises. Cette baisse, si elle semble faible dans l’ensemble par rapport aux effets attendus du Covid-19, s’expliquerait par les contraintes en matière de licenciement, le sentiment de confiance des entreprises à une reprise prochaine rapide des activités, le choix d’éviter les coûts de rotation et ceux liés à d’éventuels nouveaux recrutements. Tous les secteurs ont été impactés, mais dans des proportions différentes.

Le secteur des services semble être celui où l’impact négatif de la crise du Covid-19 est le plus important de l’avis de 87% des organisations professionnelles d’entreprises. Ce secteur est suivi respectivement par le commerce, l’industrie, l’artisanat et l’agriculture dans les proportions respectives de 71%, 62%, 56% et 48%.

Les actions de luttes contre les effets de la pandémie ne se sont pas fait attendre

Face à ce constat malheureux, les pays ont engagé des mesures de mitigation des effets du Covid-19 sur leur économie. Les institutions monétaires et financières ont également emboité le pas. Au niveau sectoriel et individuel, les entreprises se sont aussi investies pour contrecarrer les conséquences de cette pandémie.

La CCR-UEMOA annonce dans son rapport que les Etats membres ont pris des mesures socio-économiques visant à soulager la trésorerie et/ou les comptes d’exploitation des agents économiques privés des secteurs formel et informel. Le coût global des mesures dans l’espace UEMOA est estimé à 5 284,93 milliards de FCFA.

Ce sont des mesures sociales d’aides aux ménages et aux entreprises (Fonds de solidarités/Soutien, paiements de factures d’électricité, eau, loyers, etc.), mesures d’accompagnement des entreprises et mesures fiscales et douanières pour les entreprises. La Côte-d’Ivoire et le Sénégal détiennent les premières places des montants affectés à la lutte contre les effets de la pandémie avec respectivement 1796,87 milliards de F CFA et 1000,03 de F CFA alloués. Le montant alloué par les autorités du Burkina Faso, pour la lutte contre les effets de la pandémie, s’élève à 394,1 milliards de F CFA.

Les institutions sous régionales telles que la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) et le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) ont d’une part fait des propositions de mesures pour assurer un niveau adéquat de liquidité dans les économies, modérer le coût du crédit, soutenir le secteur privé, atténuer l’impact de la crise sur les couches vulnérables de la population et éviter une récession. D’autre part, elles ont pu allouer des prêts concessionnels d’un montant de 120 milliards, soit 15 milliards par Etat membre, pour le financement des mesures d’urgence liées à la pandémie.

Au niveau sectoriel ou individuel, plusieurs entreprises se sont organisées pour lutter contre la propagation ainsi que les effets du Covid-19 sur leurs activités. Réduction du temps de travail, adaptation du mode de fonctionnement et/ou de production, distribution de gel hydro alcoolique et masques de protection, acquisition de dispositifs de lave-mains, sensibilisation des membres sur les mesures barrières et d’hygiènes, session de partage d’information, négociations avec les institutions bancaires pour le rééchelonnement des crédits, la liste des mesures prises par les entreprises est longue. Elle a permis une certaine résilience de celles-ci qui ont réorganisé un tant soit peu la production.

Synthèse d’Etienne Lankoandé
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