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Culture : De 150 F, le cachet de Alassane Zorgho, artiste musicien, se négocie à 400 000 F CFA aujourd’hui

Publié le vendredi 5 juin 2020 à 14h30min

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Culture : De 150 F, le cachet de Alassane Zorgho, artiste musicien, se négocie à 400 000 F CFA aujourd’hui

Il n’a pas eu la chance de faire l’école classique. Il s’est résolu à fréquenter l’école coranique. Après, il a décidé de se lancer dans la musique. Son credo, moderniser le Salou (style musical de la communauté Yarga). Les 45 provinces du Burkina Faso, il les connait comme sa poche. Lui, c’est Alassane Zorgho, artiste musicien traditionnel. L’homme est devenu un incourtournable dans son genre. Pourtant, à ses débuts, il était payé à 150 F CFA. Focus sur cet homme qui a le courage, la prudence, la persévérance et le pardon comme alliés.

Kogho, c’est dans cette commune dans la province du Ganzourgou qu’est né Alassane Baguian. A sept ans, il n’a pas la chance comme ses autres camarades de fouler le sol d’une école classique. Mais, il ne restera pas non plus à la maison. Il ira à la recherche du savoir. Son père l’inscrit à l’école coranique. Là-bas, il apprend à lire et à mémoriser le Coran. C’est aussi l’école du savoir. Il monte les échelons. Un jour, un de leurs ainés avait fini son apprentissage. Comme le veut la règle, il devait organiser un doua, pour dire merci et obtenir la bénédiction de son maitre. Ce jour, se rappelle-t-il, « j’ai presté. Ceux qui étaient présents ont aimé ».

L’envol pour Ouagadougou

Pour un coup d’essai, c’est un coup de maitre. Après ses études, le jeune Alassane décide de rejoindre la capitale Ouagadougou en 2001. Là, il est conscient que sa prestation du village ne fait pas de lui un artiste confirmé. Il décide d’apprendre davantage la musique « Salou ». Il intègre une troupe dirigée par Issaka Ouédraogo. Il se souvient : « j’ai appris pendant neuf ans. J’étais le moins gradé du groupe.

Quand on faisait des prestations, ce qui me revenait ne dépassait pas 150 F CFA. Le jour qu’on a le plus glané, c’est 750 F CFA. Il y a eu des moments où on pouvait faire un mois sans avoir une seule prestation. C’était dur ». Ces problèmes étaient loin de démoraliser le garçon. En 2010, il décide de quitter le groupe.

04 albums à son actif avec un franc succès auprès du public

Il se met au travail. Il prend comme nom d’artiste Alassane Zorgho. Il justifie : « J’ai pris ce nom parce que la force de tout arbre réside dans ses racines. La force de tout un chacun, c’est son village. J’ai voulu que là où j’irai, le nom de mon village me suive. » En 2013, il sort son premier album « Doaga ». Il explique : « Dans cet opus, je parle des bénédictions. On en a besoin pour vivre. Le deuxième est « Bas rabeme ».

Il est sorti en 2015. Il invite les uns et les autres à ne pas avoir peur de la vie. Pour lui, celui qui a confiance en Dieu, ne doit pas désespérer. En 2016, son troisième album voit le jour. Il est intitulé « Rakiré ». C’est la parenté à plaisanterie. Il croit dur comme fer que dans une contrée où il y a cette pratique culturelle, les discordes se dissipent facilement. Le 4e album est « buudu », sorti en 2019. C’est la famille. Ces albums ont propulsé l’artiste au sommet de son art. Le succès est au rendez-vous.

D’une prime de 150 F il est à un cachet de 400 000 F aujourd’hui !

La musique a rendu Alassane Zorgho populaire. Il est invité un peu partout à travers le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire pour des prestations. Il dit avoir tout gagné. Le nom, la notoriété et de quoi nourrir sa famille. D’ailleurs, il est marié à deux femmes et père de quatre enfants. Aujourd’hui, son cachet a évolué. Aux alentours de 100 kilomètres à la ronde de Ouagadougou, sa prestation coûte au moins 400 000 F CFA.

Pourtant, il y a quelques années, il était payé à 150 F CFA. Alassane Zorgho, c’est aussi un style vestimentaire propre à lui. Il est tout le temps bien sapé. Il justifie cela en ces termes : « Il revient au propriétaire de la chienne de louer ses mérites pour qu’on achète ses chiots. Quand on est musicien, il faut se rappeler que vous êtes un modèle. Il y a des gens qui voudraient faire comme vous. Si les fans doivent vous imiter, ça doit être dans le bon sens. »

Salif Widga, son concurrent direct

Dans son domaine, il est en concurrence avec Salif Widiga, un autre artiste. Des voix leurs prêtent des animosités. Faux, rétorque-t-il sans hésiter. Il explique qu’ils n’ont jamais été en froid. Au contraire, soutient-il, « Salif Widiga et moi sommes des amis. Nous sommes très proches ».

L’artiste veut bien que ses jeunes frères prennent ses pas. Mais, il conseille : « dans la musique, Il faut avoir le courage, le pardon et la patience. Pour lui, le mal de certains jeunes aujourd’hui est qu’ils veulent le succès, l’argent tout de suite et maintenant. Pour lui, il ne peut pas pleuvoir aujourd’hui, les gens vont semer et récolter le même jour. Il faut donc suivre des étapes. Il invite ses petits frères à miser sur l’apprentissage. « C’est la connaissance qui est la clé du succès, » conclu-t-il !

Dimitri OUEDRAOGO
Lefaso.net

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