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Affaire SOTRACO : la DG ne se sent pas concernée

Publié le mardi 20 septembre 2005 à 07h43min

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Honorine Damiba, DG de la SOTRACO

Que se passe-t-il à la SOTRACO ? Y a-t-il réellement "mauvaise gestion"
comme le signifie cette presse souterraine ou les écrits parus dans des
colonnes de médias ? "En tout cas, ne comptez pas sur moi pour aborder ces
sujets qui retardent la bonne marche de la Société de transport en commun
de Ouagadougou", a répliqué Honorine M. D. Damiba, la Directrice générale
de l’institution.

"Nous, nous voulons avancer", a-t-elle réitéré quand nous
avons insisté sur la question. C’était le vendredi 16 septembre dernier, dans une salle sobrement meublée, qui lui sert de bureau à Somgandé. Pourtant,
quelqu’un en voudrait à ce fauteuil noir sur lequel elle était assise, quand elle
s’entretenait avec nous. Finalement, Honorine Damiba nous a parlé de la
SOTRACO, mais en ce qu’elle prépare de bien pour la rentrée scolaire et sa
lune de miel avec les taximans.

"Le Pays" : La SOTRACO est-elle prête pour la rentrée scolaire qui est pour
bientôt ?

Honorine Damiba (DG SOTRACO) : Nous avons mis les vacances à profit
pour remettre quelques bus en état. Nous sommes à notre deuxième année
de fonctionnement et quelques pièces vitales doivent absolument être
changées. Nous avons aussi échangé avec les parents d’élèves afin de
trouver un système qui les arrangerait. Dans la même logique, nous avons
restructuré nos services, en tenant compte de toutes les critiques et
suggestions qui nous ont été faites, afin que la clientèle soit davantage
satisfaite de nos prestations.

Avez-vous acquis d’autres bus pour renforcer le parc existant ?

Non, il n’y a pas eu de nouveaux bus.

Avec l’effectif de bus dont vous disposez, parvenez-vous à satisfaire la
demande, en tenant compte notamment des quartiers périphériques et autres
zones non loties ?

Nous ne pouvons pas desservir toute la ville. Nous n’arrivons à couvrir que
30% du territoire communal. Même pour les 30% desservis, les fréquences
ne sont pas encore très bonnes, parce que les bus ne sont pas en nombre
suffisant. Le temps d’attente est encore d’une trentaine de minutes. Compte
tenu de l’engouement manifesté par le public, nous avons constaté que le
nombre de bus dont nous disposons est insuffisant.

Que faire ?

Le gouvernement a pris conscience de cette situation. Dès que nous avons
rendu compte des différents taux de remplissage et notre incapacité à
répondre à la demande, l’Etat, avec les partenaires au développement, est en
train de rechercher les moyens pour acquérir 100 bus neufs. Le dossier suit
son cours normal.

Il y a également un projet de la Banque mondiale, qui dans
le cadre de la lutte contre la pollution, prévoit d’appuyer la SOTRACO en
créant un petit parc de minibus qui doivent faire la jonction entre les terminus
principaux et les quartiers périphériques. La société elle-même fait des efforts
dans le sens de l’acquisition de bus.

L’arrivée des bus de la SOTRACO avait suscité beaucoup d’espoir mais
aujourd’hui, elle est aussi synonyme de plaintes par rapport au temps
d’attente et au comportement des chauffeurs de bus dans la circulation.

C’est difficile pour nous de résoudre le problème du temps d’attente en ce
moment. Il faut que nous agrandissions d’abord le parc. Il faut se dire aussi
qu’il faut avoir au moins 150 bus pour que l’entreprise soit vraiment rentable.
En ce qui concerne le comportement des conducteurs, dès le début, nous
avons mis l’accent sur la formation des chauffeurs. Il faut dire qu’un bus
revient assez cher, c’est-à-dire plus de 100 millions F CFA et qu’il transporte
80 à 100 personnes. Dans cette double logique, le conducteur doit avoir un
comportement responsable à l’endroit des vies qu’il transporte et dans le but
de protéger son outil de travail.

Les conducteurs eux-mêmes, ont mis en
place un cadre où ils se retrouvent pour discuter sur leur manière de
conduire, leur comportement, envers le client, etc. Nous avons également mis
en place un dispositif de contrôle pour déceler les mauvais comportements,
en vue de sensibiliser et au cas échéant sévir. Nous faisons même contrôler
les conducteurs et les vendeurs par d’autres personnes qui prennent le bus
de manière anonyme et établissent des rapports sur tout ce qu’ils ont vu.

La SOTRACO est-elle bien gérée ?

Je ne saurais répondre à cette question. Nous sommes soumis aux règles de
gestion d’une entreprise privée. Nous sommes tenus de déposer des
déclarations d’impôts. Comme toutes les autres sociétés, nous sommes tenus
d’être en règle avec la Caisse nationale de sécurité sociale et le reste de nos
partenaires. Nous avons un commissaire aux comptes qui pourrait répondre
à cette question ou alors le Conseil d’administration peut le faire.

Ces derniers jours pourtant, il y a de nombreux griefs qui sont portés contre la
directrice générale accusée notamment de mauvaise gestion.

J’aimerais qu’on parle plutôt de la SOTRACO que de la DG. Nous sommes
des hommes et ne pouvons empêcher les autres de parler de nous, en bien
comme en mal. Il faut seulement bien réagir face à tout cela, faire la part des
choses comme nous l’avons toujours fait depuis le début des activités de la
SOTRACO.

Les gens parlent certes de vous, mais c’est surtout votre gestion en tant que
DG de la SOTRACO qu’ils décrient

Je ne suis pas habileté à répondre à cette question.

Le dernier conseil d’administration s’est tenu dans cette atmosphère de
reproches qui vous sont faits, mais vous avez été reconduite comme DG.
Est-ce une victoire sur vos détracteurs ou la confirmation de la confiance que
place en vous le Conseil d’administration ?

Je ne suis pas sur la même longueur d’ondes que vous. A la SOTRACO, nous
avons un programme d’activités bien défini. Le Conseil d’administration
devait se tenir à cette période, avec un ordre du jour précis. Nous, nous
n’avons qu’à travailler, selon les orientations du Conseil d’administration.
Nous avons des objectifs à atteindre pour la bonne marche de la société.

Tout ce qui vous est reproché dans les différents écrits est donc faux ?

Je ne réponds pas à cette question. Je ne pense pas qu’elle me concerne.

C’est la rentrée des classes. Avez-vous mis en place des tarifs spéciaux pour
les écoliers, élèves et étudiants ?

Ce sera difficile de mettre en place des tarifs spéciaux, parce que sur chaque
passager transporté, nous perdons déjà 110 F CFA. On ne peut donc plus se
permettre de diminuer les prix. Toutefois, depuis le mois de juin, nous avons
changé les cartes d’abonnement pour qu’elles soient sécurisées. Nous avons
également mis en place des cartes-réseau pour faciliter la tâche à la
clientèle. De même, nous avons engagé une campagne média pour inciter
les gens à prendre le bus.

Les rapports entre la SOTRACO et les chauffeurs de taxi se sont-ils détendus

 ?

Les taximans, tout comme les transporteurs par bus, sont tous des acteurs du
transport urbain qui s’entendent bien. Nous devons unir nos efforts pour que
le trafic en ville soit le plus fluide possible. Ensuite, il faut noter que sur le plan
organisationnel, une structure a été mise en place par l’Etat. Il s’agit du
Conseil exécutif des transports urbains de Ouagadougou qui doit gérer tout
ces modes de transport dans la ville.

Ainsi taximans et exploitant de bus
doivent présenter, ensemble, à l’autorité organisatrice, les revendications
pour un meilleur devenir de la corporation. Vu sous cet angle, nous
entretenons de bonnes relations avec les taximans.

Les bus, c’est pour les pauvres ou est-ce pour tout le monde ?

Je pense que le bus, c’est pour tout le monde et dans le plan de
développement de la SOTRACO, nous avons prévu de créer des parkings de
voitures et de motos au niveau des terminus. Cela permettra à ceux qui le
désirent de garer leurs engins pour aller faire leurs courses en ville, à bord
des bus. Tout cela permettra de décongestionner un peu le centre-ville.

De
même, ces terminus seront dotés de café, de biosque à journaux et d’autres
commodités. Dans le sens du progrès, nous sommes également en train de
mettre en place le Nouvel esprit de la mobilité à Ouagadougou, un nouveau
concept dont le but est d’amener les habitants de Ouaga à intégrer le bus
dans leur système de déplacement.

Propos recueillis par Morin YAMONGBE


Le délégué général du personnel prône la transparence

La situation de crise qui prévaut à la SOTRACO (Société de transport en
commun de Ouagadougou), fait couler actuellement beaucoup d’encre et de
salive. Dans un souci d’équilibre et d’équité dans le traitement de
l’information, "Le Pays" donne, à travers l’interview ci-dessus, la parole au
délégué général du personnel qui livre sa version des faits.

"Le Pays" : Il n’est un secret pour personne que la SOTRACO traverse
actuellement une crise. Pouvez-vous nous en faire la genèse ?

Luc Mano : Comme vous l’avez dit, on peut parler effectivement de crise par
rapport à la situation qui prévaut à la SOTRACO. Il y a crise parce que les
gens ont voulu qu’il y ait crise. Il n’y avait pas auparavant un problème
particulier au sein du personnel.

Avant la mise en place du bureau du
personnel, il y avait un bureau des chauffeurs, une structure informelle qui
avait pour but de défendre les intérêts de ses membres (les chauffeurs) et
non pas ceux de l’ensemble des travailleurs. Les choses ont continué ainsi
jusqu’à la mise en place d’un bureau du personnel. A partir de cet instant, en
principe, le bureau des chauffeurs devait être dissout. Ce qui n’a pas été le
cas. A quelle fin ? Nous ne le savons pas. Mais nous le saurons plus tard.

Dans le courant de la semaine passée, précisément le 5 septembre, la
directrice générale a reçu d’une part, le bureau des délégués du personnel et
d’autre part le bureau des chauffeurs pour leur expliquer qu’il y a des
problèmes au sein de l’entreprise et que sa tête est mise à prix par le Conseil
d’administration. Quatre griefs lui étaient faits.
1) Le fait d’avoir refusé le marché de transit de 20 bus à un administrateur.

2) Le fait d’avoir commandé des pièces de rechange ailleurs qu’au niveau
des administrateurs fournisseurs.

3) La présence de colporteurs au sein de l’entreprise qui sont au nombre de
3.

4) Le fait d’avoir agréé l’agence Bouda comme administrateur qui gère la
vente des tickets de bus, et dont la directrice générale en est la patronne.

Le
6 septembre, le bureau des chauffeurs a convoqué une réunion et à
l’instigation de la directrice générale, a envisagé un arrêt de travail au cas où
elle serait évincée. Au cours de cette réunion, elle a cité le nom des
personnes qu’elle accuse d’être les instigateurs des problèmes qu’elle
affronte. Les chauffeurs sont venus m’informer de la demande exprimée par
la directrice générale de la soutenir face à ces supposés problèmes. Ils m’ont
demandé la stratégie à adopter pour éviter le départ de la directrice générale.

Je leur ait fait comprendre, en tant que délégué général, que ma position est
la suivante : premièrement, la directrice générale n’est pas n’importe qui.
C’est le Conseil d’administration qui l’a nommée. Deuxièmement, à supposer
que nous acceptions de l’aider et qu’effectivement on la retienne. Cela est
une bonne chose. Mais nous lui créons en même temps des problèmes de
gestion du personnel.

Par exemple, un chauffeur qu’on surprendrait en train
de conduire en état d’ébriété peut-il vraiment être sanctionné par la directrice
en sachant que celui-ci a contribué à son maintien à son poste ? Deux
hypothèses : ou on la supporte, ça ne passe pas, et le Conseil
d’administration la débarque. Celui qui sera nommé sera braqué parce que
nous étions contre sa nomination. Qu’est-ce qui va se passer ? Il sera obligé
de diviser le personnel pour pouvoir régner. Là encore, c’est un problème.
Donc, ce que nous voulons éviter, c’est ce qui va se produire. Les gens ne
sont pas payés pour faire ce travail.

La mission essentielle du délégué du
personnel, c’est de travailler à sauvegarder l’entreprise et les intérêts moraux
et matériels des travailleurs, à l’amélioration de leurs conditions de travail et à
préserver les acquis. Nous ne pouvons pas mettre en jeu les intérêts de
l’ensemble du personnel parce qu’il y a quelqu’un qui doit bouger ; surtout
que nous ne savons d’ailleurs pas pourquoi il doit bouger. Elle a demandé
qu’on la défende.

Elle avait promis de nous donner un document relatif aux
faits qui lui étaient effectivement reprochés. Ce document ne nous a jamais
été remis. Voilà les raisons pour lesquelles nous avons dit que nous ne
pouvions pas, en tant que délégué du personnel, nous engager dans cette
démarche, et que par conséquent, nous allons adopter une position de
neutralité. Malgré tout, une réunion s’est tenue. Mais là également, une
majorité s’était dégagée pour afficher une position non partisane.

Au cours de
cette réunion, une liste de présence a été dressée en bas de laquelle des
signatures ont été apposées. Et c’est sur la base de cette liste adressée au
président du Conseil d’administration qu’on a affirmé que tous les signataires
soutiennent la directrice générale. Ce qui a provoqué des problèmes. Et ça a
failli dégénérer. Ceux qui étaient à la réunion sont encore venus nous voir.
Mais, nous avons dit que nous avions déjà adopté une position de neutralité
et que nous allions écrire au président du conseil d’administration pour
expliquer cette position.

A savoir que nous apportons notre soutien et nos
encouragements au conseil d’Administration pour premièrement, décider
d’abord du maintien de la société malgré le lourd déficit de plus de 700 000
000 de F CFA pour un capital nominal de 800 000 000. Nous les avons
exhortés à prendre des mesures idoines pour la pérennité des emplois, pour
le développement de l’entreprise. Nous avons dit aussi que compte tenu de la
liste affichée du personnel qui serait favorable à la directrice, on laissait
sous-entendre qu’il y avait une sorte d’opposition au sein du personnel.

Alors,
qu’en réalité, il n’en était rien. Toutefois, avons-nous indiqué au président du
conseil d’administration, des incompréhensions demeurent au sein des
travailleurs. Donc, nous craignons, du fait que nous n’ayions pas accepté
d’accomplir ce qu’on nous a demandé, que des mesures répressives soient
entreprises contre les délégués du personnel qui ont affiché une neutralité et
contre d’autres agents de l’administration. Nous demandons des mesures de
protection pour ces gens. C’est ce que nous avons dit au président du conseil
d’administration dans une lettre manuscrite avec ampliation au maire de la
commune de Ouagadougou....

Que dites-vous à ceux qui vous accusent de vouloir malgré tout, la tête de la
directrice générale et que lui reprochez-vous ?

Nous répondrons tout de suite par la négative. Notre lutte ne vise pas un ou
des individus. Nous voulons de la transparence dans la conduite des affaires
de notre entreprise. Nous sommes très préoccupés par rapport au devenir de
la SOTRACO. On peut égrener un chapelet de distorsions dont certaines, rien
qu’à l’oeil nu, ne sont guère rassurantes :
- 1) Les 5 bus offerts par la commune qui nous narguent tous les jours sur le
parking, et qui ont déjà englouti la bagatelle de 8 millions sans produire le
moindre kopeck.
- L’octroi d’un prêt de 250 millions pour l’achat de 20 bus en 2004 pour faire
face à la pression de la demande de transport. A la livraison, courant janvier
2005, 6 bus manqueront à l’appel sans que le personnel n’ait eu droit à
l’information.
- Des dépenses parfois hâtives et inappropriées, caractérisées par l’achat au
comptant d’ordinateurs à hauteur de 10 millions de francs CFA au moment où
nos mécaniciens manquent cruellement d’outillages et de pièces de
rechange, faute de trésorerie.
- L’abandon (par la directrice générale) de sa première voiture Renault Clio
au profit d’une BMW plus coûteuse.

La gestion des lignes du réseau commercial

A partir de mars 2005, on assistera à une navigation à vue au niveau de
l’exploitation. Des mesures scélérates et sans études préalables seront
dictées par le directeur de service :
- Application des services-coupures (pause au niveau des Terminus) au
moment même où le parc était sérieusement éprouvé, 26 bus exploitables sur
un parc de 49 bus.
- scission en deux de la ligne 2B (allant de la Place Naaba koom à la trame
d’accueil des déguerpis du Projet Zaka) modifiant de façon spontanée, les
habitudes de consommation de la clientèle.
Cette scission se traduira plus tard par une baisse vertigineuse du taux de
remplissage, passant de 67% à 30%.
Malgré les propositions faites par le personnel et les démarches entreprises
par les usagers pour le rétablissement de la ligne, la Direction maintiendra sa
décision au grand dam des intérêts de l’entreprise et des usagers.

La réorganisation du service exploitation

Cette réorganisation intervenue en août 2005 verra la montée en surface
d’un informaticien à la tête de l’exploitation. Le handicap de ce jeune diplômé,
malgré sa bonne volonté, c’est son manque d’expérience dans le domaine.
La SOTRACO gagnerait à occuper judicieusement ce dernier dans le suivi
du parc informatique, la surveillance et le renforcement des outils de gestion,
en érigeant la cellule informatique en service plein.

Apparemment, tout le personnel ne semble pas vous avoir suivi. N’est-ce pas
là, la preuve que vous n’êtes pas représentatif de tous les travailleurs ?

Nous ne nous sommes pas auto-proclamés délégués du personnel. C’est à
l’issue d’un scrutin ouvert et transparent, que nous avons été élus.
Les incompréhensions observées la semaine dernière sont dues à la
désinformation et à la manipulation.

Avant la mise en place du bureau des
délégués du personnel, en dehors du problème des 5 bus de la commune,
beaucoup de travailleurs ignoraient que la commande portait sur 20 bus
payés cash, et que 6 bus ne sont pas encore livrés. Maintenant qu’à la faveur
d’un article de presse tous les maux de l’entreprise sont connus de tous, il n’y
a plus de raison objective que ces incompréhensions perdurent même avec
le maintien de la Directrice générale à son poste.

Avant de venir à la SOTRACO, vous avez transité par la SOTRAO et STMB.
Quelles sont les raisons de ce nomadisme ?

Il ne s’agit pas d’un nomadisme. Il s’agit là des conséquences directes d’une
gestion calamiteuse, où parfois l’Etat a affiché une position ambiguë en
sacrifiant même son droit de regard. A titre illustratif, durant les 12 ans de la
RNTC X9, celle-ci ne connaîtra qu’un seul conseil d’administration. L’absence
totale de contrôle explique en partie, la déconfiture de cette société.

Au niveau de la SOTRAO, outre les problèmes de gestion, on notera les
joutes oratoires entre le promoteur et l’Etat, nées autour de l’interprétation de
l’article 8 de la convention de concession. L’Etat n’ayant pas accepté de
compenser l’insuffisance tarifaire qui était de 86% par ticket vendu à 100 F.

La mise en fourrière de quelques bus en 1999 finira par convaincre le
promoteur que dans ce domaine, il ne sera point question de bénéfice et la
société mourut à petit feu. Je suis particulièrement passionné par ce métier
d’exploitant des transports urbains où la créativité est constamment en éveil.

La RNTC X9 a démarré ses activités le 15 octobre 1984. J’ai pris le train en
marche en 1985 jusqu’à sa privatisation en 1996. J’ai enchaîné avec la
SOTRAO de 1996 à l’an 2000. Dans ces deux structures, j’ai évolué dans la
même direction et dans le même service en exerçant dans tous les
compartiments de l’exploitation avec une maîtrise parfaite de la chaîne de
production :
- le comptage fixe et itinérant
- le contrôle sur ligne
- la régulation du trafic
- la confection des habillages et graphiques à plat des services-agents
- la confection des tableaux de marche
- les techniques de création et de modification de tracé de ligne
- la production des statistiques d’exploitation
- l’élaboration des calendriers de production et les budgets des opérations.

J’ai bénéficié de plusieurs formations, séminaires, colloques, conférences
etc... Tout au long de ma carrière professionnelle, je n’ai jamais été interpellé
par la gendarmerie, police ou institution judiciaire pour faute commise ou
plaintes à mon encontre. Je n’ai pas souvenance d’un seul avertissement
dans mes dossiers. J’ai connu huit directeurs généraux dont 5 à la RNTC X9
et 3 à la SOTRAO. De ces huit directeurs généraux, un seul n’est plus de ce
monde "Paix à son âme".

C’est fort de cette longue expérience que j’ai été recruté en 2001 à la STMB
après un bref séjour au Syndicat national des transporteurs. J’ai bénéficié
d’une confiance de mon patron. Cumulativement avec mes attributions de
gérant des activités de la gare, je me verrai confier la supervision des
agences, l’étude d’ouverture de la ligne Ouaga-Niamey.

Le 4 novembre 2003, je serai désigné par mon directeur général pour le
représenter au conseil d’administration de la SOTRACO SA.
Après le début de l’exploitation des bus de la SOTRACO le 9/11/03 où j’ai
pris une part active, je me suis résolu à déposer ma lettre de démission le
12/11/03 après un entretien d’embauche avec la Directrice générale de la
SOTRACO, assistée par un cadre du ministère de tutelle.

Recruté comme agent de maîtrise de l’exploitation, j’assumerai l’intérim du
chef de service pendant 22 mois avant de céder la place à un informaticien
peu après la mise en place des délégués du personnel. Je n’ai jamais
revendiqué les avantages liés au poste que j’ai occupé pendant 22 mois, je
l’ai fait par vocation et par amour pour ma patrie.

Quel avenir pour la SOTRACO, maintenant que la directrice générale a été
reconduite ?

Il n’y a pas de miracle en gestion, en dehors du strict respect des règles et
procédures. Et le simple fait que ces divers problèmes soient soulevés très
tôt, si les dénonciations, quoique douloureuses, sont acceptées comme des
critiques constructives, cela augure des lendemains très rassurants.
En rappel, c’est par excès de sentimentalisme, chacun voulant faire plaisir au
chef, que la RNTC X9 et la SOTRAO ont disparu, laissant derrière elles, des
séquelles indélébiles. Après la liquidation de ces deux structures, il y a
respectivement 9 ans et 5 ans, les droits des travailleurs ne sont pas encore
entièrement réglés.

Vous attendez-vous à des sanctions ?

Oui, car de sources dignes de foi, le procédure de sanction est même déjà
engagée en commençant par le tripatouillage de mon dossier individuel.
Trois faits majeurs corroborent cette thèse :
- Sa haine viscérale (la directrice générale) contre ma personne,
caractérisée par son refus de s’enquérir de mes nouvelles, même par
téléphone, alors qu’elle est informée de mon accident de travail et que je suis
présentement sous plâtre (entorse au genou gauche)
- Sous ses ordres, l’on procédera à l’effraction de mon bureau, la fouille
systématique et le déménagement de mes effets pour finir par installer le
nouveau responsable de l’exploitation, sans la moindre précaution de
passation de service.

- Notre refus d’engager le personnel dans une aventure aux issues
imprévisibles est considérée par elle comme une caution à son éventuelle
éviction à la tête de la SOTRACO, étant donné qu’une délégation de
chauffeurs a été reçue par le PCA, la veille du conseil d’administration pour
plaider sa cause.
En tout état de cause, le président du Conseil d’administration, son
vice-président, et le ministre des Transports ont été alertés par écrit.
Si malgré tout, les sanctions se confirmaient, l’on se rendrait à l’évidence qu’il
existe encore au Faso, des citoyens qui, de par leur position dominante, leur
formation et leur statut social, s’arrogent le droit d’écraser d’autres citoyens
dans le mépris total de notre loi fondamentale.

Propos recueillis par Alassane K. OUEDRAOGO


NB : Kilimandjaro s’est dessaisi de 9 000 actions confiées en portage à la
BCB

Membres du Conseil d’administrtaion de la SOTRACO

HAMMUDA Mahmud : Président
Simon COMPAORE : Vice-Président
ABUAGILLA SAAD Ali : Membre
Joseph Saaga OUEDRAOGO : Membre
Mahamadi OUEDRAOGO : Membre
Jean Nazaire NITIEMA : Membre
M. Christiane SEKONE : Membre
Joseph FADOUL : Membre
Hamadou SAWADOGO : Membre
K. Mathieu BOUDA : Membre observateur

Le Pays

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