Situation de la chefferie traditionnelle et coutumière du Burkina Faso : L’association RACINES en appelle aux autorités politiques, administratives, traditionnelles et coutumières
Banfora, Diabo, Dori, Guénon, Rizziam (depuis plus de quarante ans), Sebba, Soubéira (même si cette crise qui a éclaté en 1974 s’est résolue d’elle-même avec la disparition des protagonistes), Tenkodogo, Zoaga… et aujourd’hui Fada. La liste des localités, allant des simples hameaux de culture aux anciens grands ensembles traditionnels (royaumes, émirats, grands cantons) dans lesquelles, la succession au trône divise à vie et, même, tue, est bien plus longue et risque de s’allonger davantage si aucune action n’est entreprise.
Sous l’administration coloniale française, ces conflits byzantins voire ces guerres intestines et dynastiques liés à la course au pouvoir traditionnel étaient attisés, entretenus par l’administration, qui divisait pour mieux régner. Ainsi, l’histoire nous enseigne que le colonisateur français a destitué des rois et des chefs indociles et intronisé, d’autres, plus coopératifs à ses yeux.
Le pouvoir traditionnel étant, contrairement au pouvoir moderne, héréditaire, détrôner un chef traditionnel, c’est désavouer une lignée (voire un lignage), au profit d’une autre, qui, quelquefois au regard des règles traditionnelles n’y était pas éligible. L’une des grandes conséquences de ces coups de force est l’allongement des ayant-droits à la succession au trône et l’embrouillement des règles de succession précédemment établies.
Mais que les crises liées à l’accès de la royauté soient provoquées ou non par une main extérieure, l’observation est que dans de nombreuses situations, la paix n’était intervenue qu’après l’exil des candidats malheureux et de leurs partisanes. Quelques-uns sont parvenus à mettre de nouvelles chefferies en place dans leurs nouvelles terres d’accueil. Cette démarche constituait une voie de sortie honorable pour les candidats malheureux et était salutaire pour les candidats élus par le collège électoral.
Aujourd’hui, l’État de droit ayant consacré le pouvoir moderne et les frontières étant, en principe, définitivement fixées, candidats malheureux et élus du pouvoir traditionnel, sont condamnés, à vivre ensemble sur les mêmes terroirs. Ainsi, ceux qui contestent la légitimité des personnes consacrées chefs, intronisent, à leur tour, d’autres chefs, instituant ainsi des doubles chefferies traditionnelles et/ou coutumières dans les mêmes localités, comme le cas du Gulmu qui, depuis plusieurs jours, défraie la chronique.
Au regard des nombreuses situations de doubles chefferies dans notre pays, mettant à mal le bien-vivre ensemble, la cohésion sociale et le développement, l’association Racines se sent interpellée conformément, à l’un de ses objectifs, qui est de contribuer à la prévention des conflits par le recours aux ressorts culturels. Elle affirme, encore une fois, l’impérativité et l’urgence de l’élaboration et la mise en œuvre d’un statut de la chefferie traditionnelle et coutumière. Un tel outil permettra de définir la place, le rôle, les droits et les devoirs des personnes garantes de la tradition, et, surtout, de baliser les règles de succession au trône. Il sauvera conséquemment, cette institution endogène de gestion et régulation sociale que doit être la chefferie traditionnelle.
En effet, notre chère patrie fait déjà face à l’extrémisme violent et à la pandémie du corona virus qui impactent négativement son développement économique. Secouée de toutes parts donc, la chefferie traditionnelle et coutumière doit rester un rempart pour éviter le péril, comme nous l’avons vu lors de l’insurrection populaire d’octobre 2014.
Ce faisant, Racines voudrait, par la présente déclaration, lancer un appel citoyen aux différentes autorités politiques, administratives, traditionnelles et coutumières en vue de :
• La mise en place diligente de mécanismes efficaces pour le recensement exhaustif et la résolution des conflits en cours ;
• L’élaboration d’un texte législatif régissant et encadrant la chefferie traditionnelle et coutumière en tenant compte des spécificités socio-ethniques de notre pays.
L’association Racines les assure de sa disponibilité à accompagner tout processus allant dans ce sens.
Agissons donc maintenant pour que plus tard ne soit pas trop tard !
Le Président
Dr Elie Justin OUEDRAOGO
Naaba Baoogo de Gourcy
Vos commentaires
1. Le 26 mai 2020 à 16:25, par Lom-Lom En réponse à : Situation de la chefferie traditionnelle et coutumière du Burkina Faso : L’association RACINES en appelle aux autorités politiques, administratives, traditionnelles et coutumières
Ecoutez, si vous voulez constitutionnaliser la chefferie coutumière, c’est raté ! On ne prendra pas l’argent du contribuable pour entretenir des individus dont l’existence dans certaines localités est souvent nocive pour le développement ! Sankara avait trouvé le remède et les chefs coutumiers avaient commencé à comprendre que la Révolution n’était pas venue pour faire disparaitre la chefferie mais lui demandait simplement de coopérer et coordonner les actions de développement avec les structures étatiques déconcentrés et les associations. C’est bien Blaise Compaoré qui, ayant peur d’être chassé à tout moment, a vite fait de présenter le système révolutionnaire comme l’ennemi principal de la chefferie ! La suite, on la connait : cette chefferie a perdu son âme et s’est engouffrée dans la sale politique parce que des chefs et leurs familles veulent vivre grassement sans travailler ! Du coup, la bataille pour accéder au trône n’est plus pour le prestige des princes mais pour les gains financiers de la fonction ! Y a en marre ! Je conseille à l’Association RACINE d’aller chercher du travail sur d’autres problématiques du développement car la nature finira elle-même par régler ce faux problème de la chefferie. En effet, quand on aura atteint 90% de taux de scolarisation au secondaire et que les réalités économiques vont s’imposer aux jeunes générations, les jeunes n’auront plus le temps de se laisser embarque dans des faux débats comme celui-là et la chefferie sera obligée de retrouver sa vraie place faite de dignité et de sens du service public pour le bien de leurs "sujets" si quelques citoyens se réclament encore de ce statut de sujets de sa majesté !
2. Le 26 mai 2020 à 17:16, par Le burkinabè En réponse à : Situation de la chefferie traditionnelle et coutumière du Burkina Faso : L’association RACINES en appelle aux autorités politiques, administratives, traditionnelles et coutumières
CETTE LECTURE EST CELLE DE VOTRE CULTURE ETHNIQUE DU POUVOIR
3. Le 27 mai 2020 à 12:21, par Made En réponse à : Situation de la chefferie traditionnelle et coutumière du Burkina Faso : L’association RACINES en appelle aux autorités politiques, administratives, traditionnelles et coutumières
Lom -Lom a tout dit. La pagaille dans la chefferie traditionnelle vient de la chefferie traditionnelle elle-même. Ils n’ont qu’a se débrouiller car le Burkina a des problèmes plus sérieux que ceux d’ego. Culturellement et traditionnellement, une crise de chefferie traditionnelle doit se résoudre tout seul. C’est le plus "fort" qui restera sur le trône , vous verrez.
4. Le 27 mai 2020 à 15:54, par Made En réponse à : Situation de la chefferie traditionnelle et coutumière du Burkina Faso : L’association RACINES en appelle aux autorités politiques, administratives, traditionnelles et coutumières
Lom -Lom a tout dit. La pagaille dans la chefferie traditionnelle vient de la chefferie traditionnelle elle-même. Ils n’ont qu’a se débrouiller car le Burkina a des problèmes plus sérieux que ceux d’ego. Culturellement et traditionnellement, une crise de chefferie traditionnelle doit se résoudre tout seul. C’est le plus "fort" qui restera sur le trône , vous verrez.