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Médecins sans frontières : Une ONG active dans la lutte contre le Covid-19 au Burkina Faso

Publié le vendredi 22 mai 2020 à 22h30min

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Médecins sans frontières : Une ONG active dans la lutte contre le Covid-19 au Burkina Faso

Présent dans une soixantaine de pays depuis près de 49 ans, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) intervient également au Burkina depuis quelques années. Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, elle appuie les autorités et contribue à une prise en charge spéciale des malades. Dans cette interview, Dr Marie-Hortense Massamba, représentante de MSF au Burkina Faso, basée à Bobo-Dioulasso, nous en dit plus sur sa structure et les actions qu’elle mène sur le terrain.

Lefaso.net : Qu’est-ce que l’ONG Médecins sans frontières et quels sont ses domaines d’interventions ?

Dr Marie Hortense Massamba : Médecins sans frontières est une organisation internationale médicale et humanitaire qui a vu le jour dans les années 1971, et qui est présent aujourd’hui dans pratiquement 70 pays à travers le monde. Médecins sans frontières intervient généralement dans les situations de conflits pour prendre en charge les victimes ; des épidémies, de la malnutrition des catastrophes naturelles et envers les populations qui n’ont pas accès aux soins de santé.

MSF a par ailleurs une expertise dans la lutte et la réponse aux épidémies, l’appuie dans la prise en charge et la prévention du paludisme dans les pays où cette maladie est endémique. Médecins sans frontières est guidée de façon générale par l’éthique médicale et les pratiques humanitaires de neutralité, d’impartialité, d’indépendance, et prend en charge les malades sans distinction de race, de religion ou de groupe ethnique.

Dans quel contexte MSF est arrivé au Burkina et en quelle année ?

Médecins sans frontières est intervenu pour la première fois au Burkina dans les années 90, précisément en 1995, avec les réfugiés maliens au Burkina Faso dans la région du Sahel principalement.

A partir de là, l’ONG a continué ses activités en soutenant les équipes humanitaires de la santé au niveau des régions et districts pour diverses activités, principalement l’assistance médico-spéciale des enfants de la rue à travers un gros projet à Ouagadougou pendant près de 5 à 6 ans ; un projet de lutte contre le VIH avec, en son temps, l’introduction des ARV dans la réponse aux épidémies. Médecins sans frontières était également aux côtés des autorités sanitaires pour répondre aux épidémies de choléra, de rougeole et de méningite. Et ces derniers temps, MSF a apporté sa contribution pour la lutte contre la dengue au Burkina Faso.

Quelles sont les actions qui ont été menées au Burkina Faso et en particulier à Bobo-Dioulasso, depuis l’apparition du Covid-19 ?

Nous soutenons les autorités sanitaires à travers un travail de collaboration qui s’effectue aux niveaux national, régional et local. Au niveau de Ouagadougou, un centre de prise en charge est en train d’être finalisé. C’est un centre avec antenne chirurgicale, d’une capacité de cinquante lits. Un soutien est également déjà accordé aux districts sanitaires de la capitale.

Avant le Covid-19, nous étions présents dans le Centre-Nord, le Nord et le Sahel, avec Afrique Humanitaire, en lien avec le déplacement des populations lié à l’insécurité. Et là, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, nous organisons des formations à l’endroit des agents de santé qui sont dans les centres de santé, nous faisons également des formations pour la prévention et le contrôle des infections. Nous aidons à réhabiliter les établissements et les sites d’isolement pour pouvoir isoler les patients ou les cas suspects de Covid ; un travail sur la sensibilisation est également mené.

A Bobo-Dioulasso, Médecins sans frontières a commencé son appui dans la lutte contre le Covid-19 depuis fin mars 2020. Nous travaillons avec la Direction régionale de la santé et le CHU, et les activités menées tournent autour de deux grands volets dont l’hospitalisation et un volet support aux activités externes, notamment dans la communauté et dans les districts sanitaires.

En ce qui concerne l’hospitalisation, il s’agit de participer à la prise en charge des patients dans le centre de prise en charge du Covid, d’une capacité de 40 lits tous équipés d’oxygène dont Médecin sans frontières a contribué à la réhabilitation et permis sa mise à niveau pour respecter tout le circuit et le standard pour la sécurité des patients. MSF participe donc à cette prise en charge aux côtés du CHU, principalement pour les malades dont les cas sont assez sévères. Il y a eu également des constructions pour s’adapter aux besoins des patients, tels que les buanderies, les latrines, les douches additionnelles.

En plus, il y a un approvisionnement par Médecins sans frontières en médicaments et consommables, permettant une prise en charge gratuite des malades hospitalisés, un support en lien avec le confort du patient : hygiène et fourniture des repas tout le long du séjour.

Pour ce qui concerne l’appui aux districts sanitaires, nous avons commencé, il y a quelques jours, et les activités sont axées sur six volets. Nous allons participer, avec les districts, à la surveillance épidémiologique, c’est-à-dire renforcer ce qui existe, apporter un soutien psychosocial aux malades, aux contacts et à leurs familles à domicile. Il est de ce fait prévu des distributions de kits pour la prévention dans les familles et des kits sociaux pour permettre aux malades de rester à la maison et d’être confinés. Ces kits sont composés de masques et de dispositifs de lavage de mains.

Pour l’appui social, un malade bénéficie d’un sac de riz, de cinq litres d’huile et de l’argent pour payer les condiments pendant les deux semaines environ de confinement, et cela aide vraiment les familles à passer ce temps.
Des activités de communication sont aussi menées dans la commune.

Que faites-vous concrètement pour les personnes atteintes du Covid-19 ?

Pour les patients malades du Covid-19, avec le Centre hospitalier universitaire de Bobo-Dioulasso, leur prise en charge est, je le rappelle, gratuite depuis l’admission en soins. Il est organisé des visites de façon quotidienne et le personnel de santé est présent tout le temps.

Un support psychologique est également apporté aux malades hospitalisés. En ce qui concerne le confort du patient, il y a un kit d’admission qui est mis à sa disposition dès son entrée où des informations pour le fonctionnement du centre lui sont données. Le kit comporte la blouse du malade, les tapettes, une assiette, un gobelet, le papier hygiénique, le savon et l’on fournit trois repas par jour.

De façon générale, le malade est hospitalisé mais sa famille à domicile bénéficie également d’un soutien psychologique et d’un support social avec la mise à disposition d’un sac de riz de 50 kg, de l’huile et du matériel de protection comportant des masques et du savon. Le volet santé mental est aussi pris en compte, et le malade est suivi jusqu’à ce que les équipes médicales décident de sa sortie.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre de cette lutte contre le Covid-19 ?

Une des difficultés majeures est la gestion des rumeurs, notamment sur la non-existence de la maladie. Il y a encore des malades qui doutent, de même qu’une partie de la population ; alors que la maladie existe bien. Il est donc important ici de souligner que la maladie est certes prise en charge actuellement, mais il est capital de prendre en compte toutes les mesures de prévention, car mieux vaut prévenir que guérir.

Médecins sans frontières, au-delà du Covid-19, a d’autres défis, principalement dans les projets où nous intervenons, parce qu’aujourd’hui, il est important de signaler que l’épidémie ou la pandémie arrive dans un contexte où les activités que nous menions dans le Nord ont été impactées principalement par le fait qu’il fallait réajuster les stratégies d’intervention auprès des déplacés dans les régions du Nord, du Sahel et du Centre-Nord.

Il a été aussi important pour nous de nous adapter avec la fermeture des frontières pour redéployer le personnel pour travailler dans les différents projets existant vers le projet de prise en charge de la maladie à coronavirus à Bobo-Dioulasso. Ce qui constitue aujourd’hui de grands défis.

Quels conseils prônez-vous pour lutter contre le Covid-19 ?

Aujourd’hui, le message de Médecins sans frontières, c’est de d’insister sur la communication, la sensibilisation auprès de la population, en insistant sur les mesures de prévention et les gestes barrières, notamment se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon en respectant bien évidemment la technique de lavage des mains qui devrait prendre normalement 20 à 30 secondes, le port du masque qui a été recommandé par les autorités reste important pour protéger notre entourage. Si chacun de nous porte un masque, cela constitue en ce moment une barrière et aide à protéger les personnes autour de nous.

L’autre mesure reste la distanciation sociale d’au moins un mètre avec les autres, et lorsqu’il faut tousser ou éternuer, penser à le faire au niveau du creux du coude pour éviter de propager le virus, surtout au cas où on est infecté du virus. Et enfin, si possible, rester chez soi sauf lorsqu’il est impératif de sortir faire des courses.[ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Haoua Touré
Lefaso.net

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