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Financement du « programme des 100 jours » en RDC : Vital Kamerhe sur le banc des inculpés

Publié le mardi 12 mai 2020 à 21h40min

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Financement du « programme des 100 jours » en RDC : Vital Kamerhe sur le banc des inculpés

Le 11 mai 2020 s’est ouvert, à Kinshasa, le premier procès relatif au détournement de fonds alloués au financement du « Programme des 100 jours » de Félix Tshisekedi. Sur le banc des inculpés du Tribunal de grande instance de la Gombé se trouve Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du chef de l’Etat congolais.

Le directeur de cabinet de Félix Tsishekedi et président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe, sera face aux juges du Tribunal de grande instance de la Gombé, à Kinshasa, pour répondre des faits de détournement de deniers publics qui lui sont reprochés. Vital Kamerhe et l’homme d’affaires libanais Samih Jammal auraient, entre mars 2019 et janvier 2020, détourné près 49 millions de dollars. Une affaire qui connaîtra sans doute des rebondissements sur le plan judiciaire et des secousses sur le plan politique.

En effet, au-delà de la responsabilité réelle ou supposée de Kamerhe dans le détournement, c’est l’avenir politique de cet homme qui aurait mouillé sa barbe dans de nombreuses affaires de corruption. Et ce n’est pas la première fois que le directeur de cabinet et allié du chef de l’Etat est cité dans une procédure. Le 31 juillet 2019, l’Inspection générale des finances faisait apparaître son nom dans un rapport pointant le détournement de 15 millions de dollars sur de l’argent dû aux sociétés de distribution de produits pétroliers.

Dans cette affaire, l’actuel pensionnaire de la prison centrale de Makala, qui devrait être le candidat de la coalition au pouvoir au prochain scrutin prévu en 2023, est en danger. Parce que le deal de gouvernance conclu avec le président Félix Tsishekedi et Vital Kamerhe à Nairobi, avant la dernière présidentielle, risquerait de tomber à l’eau. Il faut noter qu’en RDC, toute condamnation pour corruption prive le coupable de la possibilité de se présenter à la magistrature suprême. Cette vision des faits commence à faire des vagues au sein de la coalition au pouvoir.

Ainsi, le parti UNC de Vital Kamerhe accuse le camp présidentiel de vouloir le neutraliser avec cette affaire judiciaire. Mais au-delà de cette guerre partisane, ne peut-on pas dire que c’est une nouvelle page qui s’ouvre dans ce pays ? Faux, rétorquent les proches du président Tshisekedi. Pour eux, le camp Kamerhe doit plutôt se soucier de la survie de son parti. Ils vont même jusqu’à appeler le président Tshisekedi de tourner la page Kamerhe en raison de la lourdeur des charges retenues contre lui par le parquet général.

Cette implosion en perspective de la coalition ne ferait pourtant pas l’affaire du président Tshisekedi, car elle fragiliserait cette coalition qui a été pourtant déterminante dans la victoire à la présidentielle de l’année dernière.

Ce qui ouvrira les portes du palais à l’ancien président Joseph Kabila qui détient, depuis les dernières législatives, la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Au regard de cette situation liée à cette affaire de justice en cours, on assistera sans doute, dans les jours à venir, à une recomposition de la scène politique congolaise sur fond de guerre de positionnement, avec les élections de 2023 en ligne de mire.

Dans cette affaire, Vital Kamerhe va payer cash pour sa cupidité. Elle se veut aussi comme une leçon de vie pour le natif de Bukavu. Cette affaire ne va-t-elle pas ouvrir une ère nouvelle pour ce pays où les passe-droits entre politiciens sont quasiment légalisés ? Mais au-delà de tout ce ramdam, le président congolais a su au moins se mettre au-dessus de la mêlée pour livrer un alter ego à la Justice, comme pour prouver à ses compatriotes que désormais, « les choses ne seront plus comme avant » en République démocratique du Congo.

Mais avec l’évolution de l’affaire dans les jours à venir, on appréciera cette opération de nettoyage au haut sommet de l’Etat et la suite qu’il donnera aux nombreux dossiers de malversations dans le pays.

O.I.
Lefaso.net

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