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Annulation de la dette des pays pauvres : Les banques privées appellent à la prudence

Publié le mercredi 6 mai 2020 à 17h30min

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Annulation de la dette des pays pauvres : Les banques privées appellent à la prudence

Si les pays du G20 ont approuvé un moratoire d’un an sur les dettes des pays les plus pauvres de la planète, les grandes banques privées, réunies au sein de l’Institut de la finance internationale (IIF), expriment des doutes. La dette privée serait plus compliquée à geler que les dettes publiques des grands créanciers internationaux.

Le 15 avril 2020, les ministres des Finances des pays du G20 se sont accordés sur un moratoire d’un an sur la dette des 76 pays les plus pauvres de la planète, dont quarante pays d’Afrique subsaharienne. En effet, ces pays doivent rembourser tous les ans, à compter de 2020, un total de 32 milliards de dollars. Face à l’urgence de la situation liée à la pandémie du Covid-19, Paris, sous l’égide d’Emmanuel Macron, a plaidé pour une annulation « massive » de la dette africaine. La France avait alors demandé un moratoire au niveau des créanciers bilatéraux (Etat à Etat, à hauteur de douze milliards de dollars) et privés (huit milliards de dollars), pour un total de vingt milliards de dollars. Une demande acceptée par le G7 et validée définitivement par le G20.

De son côté, l’Institut de la finance internationale (IIF), un lobby regroupant 450 des plus grandes banques mondiales dans 70 pays, prévient que le moratoire d’un an sur leur dette ne sera pas facile à mettre en œuvre en ce qui concerne les créanciers privés. Dans une lettre datée du 1er mai et adressée aux Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et au Club de Paris qui regroupe les créanciers publics, l’IFF craint notamment que ce moratoire d’un an annoncé ne ferme l’accès au marché de la dette de ces pays ou ne pousse les agences de notation à dégrader la note de leur endettement.

Compréhensif mais…

Exprimant une compréhension profonde des défis auxquels doivent faire face les pays pauvres dans un contexte marqué par le Covid-19, le président de l’IFF, Tim Adams, souligne qu’il existe un grand nombre de créanciers privés différents et « nombre d’entre eux ont des obligations envers leurs propres clients et des obligations contractuelles ».

Par ailleurs, la situation de chacun des emprunteurs étant unique, le président de l’IIF prévient : « Toute approche efficace à une participation volontaire créancier/prêteur doit prendre cela en considération ». En l’absence d’une boîte à outils acceptée par un grand nombre pour arriver à une suspension du service de la dette, dit-il, « une approche contrat par contrat, qui prendra beaucoup de temps, devra peut-être être privilégiée ».

Selon les chiffres de l’IIF, les 76 pays concernés par le moratoire devaient rembourser cette année 30 milliards de dollars dont treize milliards de dollars à des créanciers privés. Et si le G20 estime que la suspension du paiement de la dette permettra de dégager 20 milliards de dollars pour combattre l’impact de la pandémie de Covid-19, Tim Adams clame qu’« il est impératif que les pays emprunteurs soient bien informés des conséquences potentielles de leur accès au marché quand ils demandent un moratoire sur leur dette ».

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net
Source : Figaro, RFI

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2020 à 08:28, par Claude En réponse à : Annulation de la dette des pays pauvres : Les banques privées appellent à la prudence

    Monsieur Tim ADAMS a parfaitement raison d’attirer l’attention des pays emprunteurs sur les conséquences du moratoire décidé par les grandes puissances.
    Mais pour être plus précis sur ce sujet majeur, Monsieur Tim ADAMS devrait aussi rappeler aux organismes privés prêteurs de deniers des 76 pays en question que les taux d’intérêt exorbitants appliqués ont pour fondement de couvrir entre autres le risque de défaut (non remboursement).
    Donc, à chacun d’assumer ses risques, personne ne va écraser une larme pour ces organismes privés. Ils accordent des prêts en connaissance de cause et savent parfaitement mutualiser leurs risques.
    Ces organismes ont accordé ces prêts uniquement dans le but d’améliorer le rendement de leur propre portefeuille de créances.

  • Le 7 mai 2020 à 12:14, par Djalla En réponse à : Annulation de la dette des pays pauvres : Les banques privées appellent à la prudence

    Je n’ai pas très compris l’intervention de Claude. En fait ce dont il est question c’est que les lobbies de la finance internationale dont fait partie Tim Adams plaide pour sa chapelle. Le moratoire ne l’arrange pas et c’est ce qu’il tente d’exprimer. Ce qui rebute dans ce service de la dette, c’est la dette dite illégitime que nous sommes entrain de payer sans sourciller. C’est ce dont parlait Sankara lorsqu’il disait que les occidents ont joué au poker et ils ont perdu.

  • Le 8 mai 2020 à 09:38, par Le Pacifiste En réponse à : Annulation de la dette des pays pauvres : Les banques privées appellent à la prudence

    Ce moratoire d’un an sur la dette des pays les plus pauvres de la planète, dont quarante pays d’Afrique subsaharienne, devrait permettre au Burkina Faso de faire d’énormes réalisations. c’est comme si vous devrez rembourser le crédit d’un ami , somme que vous avez déjà et dont le remboursement est obligatoire en 2020, l’ami vient un soir vous dire que "comme ça ne va pas trop chez vous, reportez le remboursement de mon crédit en 2021". si vous êtes prévoyant, si vous avez déjà un bon projet, vous profiterez pour vous relancer sérieusement. si vous avez des machines à payer pour construire des routes, vous allez le faire très rapidement. si vous avez à acheter un car de transport, vous allez le faire très vite . ce qui va vous relancer réellement, vous permettre de payer le crédit en 2021 et faire des profits. le cas du moratoire sur la dette des pays pauvres peut se résumer ainsi. Le Burkina Faso devrait pourvoir injecter cette somme dans des secteurs porteurs. ce qui va lui permettre de rembourser une partie de sa dette en 2021 avec les mêmes intérêts.Excusez moi, je suis trop petit

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