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COVID-19 en Afrique : Mobiliser les artisans locaux pour la confection des "masques barrières" grâce à la normalisation

Publié le samedi 25 avril 2020 à 10h30min

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COVID-19 en Afrique : Mobiliser les artisans locaux pour la confection des

Ceci est une tribune du Consultant en organisation et directeur général d’Internale Consulting, Arouna Sanogo, sur les mesures de lutte contre la COVID-19 dans les pays africains.

Dans le cadre de lutte contre la pandémie COVID-19, plusieurs initiatives prises par les acteurs sociaux et les populations, sont en cours dans les pays africains. Ces initiatives vont de la fabrication artisanale de dispositifs de lavage des mains, de gel hydro-alcoolique, de sas de décontamination, de masques barrières, aux appareils respiratoires.

Même si elles sont produites de manière artisanale, il ne faut pas perdre de vue que chaque solution doit répondre à certaines normes et exigences pour être efficaces, pour répondre aux besoins pour lesquels elles sont produites. Cela est tout aussi valable pour masques barrières grand public.

La fabrication des "masques barrières" ne doit pas déroger à certaines exigences de fabrication.
Les "masques barrières" sont destinés en principe au grand public notamment les personnes saines ou asymptomatiques. Ils viennent en complément des gestes barrières édictés par les experts de la santé et ne remplacent pas les masques destinés aux personnels soignants, à savoir les masques filtrant de type FFP2 et les masques anti projections de type chirurgical.

La fabrication des "masques barrières" ne doit pas déroger à certaines exigences de fabrication, même s’ils sont destinés au grand public avec des techniques de fabrication à portée de tous.

Dans un contexte où Plusieurs pays africains rendent obligatoire le port du masque, la question de sa disponibilité se pose. Sur un marché international où tous les pays se les arrachent, la production locale est sans aucun doute un levier qui permettra de combler ce gap. Dans le cadre des initiatives déjà entamées, les entrepreneurs locaux peuvent être mobilisés et encadrés pour produire massivement ce type de masques.

C’est le cas d’un pays comme le Maroc qui a pu mobiliser un écosystème local pour arriver à produire aujourd’hui plus de 21 millions de masques par semaine.
Pour rendre accessible la production de masques, certaines organisations ont rendu public des cahiers des charges de leur fabrication.

C’est le cas du CHU de Lille en France qui a mis en téléchargement gratuit le cahier des charges de son masque « GARRIDOU », un masque en tissu lavable et réutilisable destiné aux personnels hospitaliers. D’autres cahiers des charges de masques grand public sont aussi disponibles. Celui de l’Agence Française de Normalisation (AFNOR) est un bel exemple en la matière.
AFNOR SPEC S76-002, Masques barrières guide d’exigence minimales de méthodes d’essais de confection et d’usage

" AFNOR SPEC S76-002, Masques barrières guide d’exigences minimales de méthodes d’essais de confection et d’usage" est la référence de ce cahier des charges, produit à l’initiative de l’AFNOR, en cette période de confinement. Ce référentiel n’est pas encore homologué comme Norme France (NF).

Sur la forme, le référentiel a la même structure que les normes ISO, Organisation Internationale de la Normalisation. Il se décompose en 9 chapitres. Dans le fond , au chapitre 1 : "domaines d’applications", les objectifs du référentiel sont énoncés comme suit : "Le présent document spécifie les exigences minimales de fabrication, de conception et de performance, ainsi que les méthodes d’essai relatives aux masques barrières, éventuellement réutilisables, destinés à diminuer le facteur de risque de transmission générale de l’agent infectieux" Dans cette partie du référentiel il est également stipulé que le port de ce type de masque "permet de constituer une barrière de protection contre une éventuelle pénétration virale dans la zone bouche et nez de son utilisateur ou d’une personne se trouvant à proximité."

En d’autres termes, ce type de masque lavable et réutilisable peut protéger contre le virus à l’origine du COVID-19. Le référentiel donne les indications sur les exigences pour les matériaux à utiliser, le dimensionnement, les interactions avec le milieu interne et externe, les tests de fiabilité et les techniques de confection. En annexe, sont même fournis des patrons imprimables de masques barrières de type « Bec de canard » et ceux « à plis ».

La Norme Burkinabè, NBF-ST 002 :2020, Masques barrières Guide d’exigences minimales, de méthodes d’essais, de confection et d’usage

Ce référentiel peut être adapté au contexte des pays africains, pour favoriser la production d’un référentiel ou d’une norme nationale de fabrication de masques grand public. C’est le cas au Burkina Faso où ce référentiel de l’AFNOR est déjà adopté comme une Norme Nationale (NBF), NBF-ST 002 : 2020 par l’Agence Burkinabé de Normalisation (ABNORM), homologuée par arrêté du ministère du commerce de l’industrie et de l’artisanat. Cependant, pour le cas d’espèce au Burkina Faso, un effort reste encore à faire dans la contextualisation du référentiel.

L’Afrique a toujours souffert de la critique de ne pas faire assez souvent recours à son expertise locale, ses spécialistes locaux. Les pouvoirs publics africains ont ici une opportunité pour corriger le tir, surtout dans un cas où le besoin ne nécessite pas de spécialistes pour être satisfait : La fabrication de manière industrielle en série ou artisanale des masques barrières.
Pour aller plus loin, avec un bon encadrement, nos artisans locaux africains pourront même fabriquer des masques de type FFP2.

Arouna SANOGO Consultant en organisation Directeur Général Internale Consulting around1st@internaleconsulting.com

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