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Chute du prix du baril américain de pétrole : Quel profit pour le Burkina Faso ?

Publié le mercredi 22 avril 2020 à 12h13min

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Chute du prix du baril américain de pétrole : Quel profit pour le Burkina Faso ?

Le prix du baril américain de pétrole a terminé lundi, 20 avril 2020, à -37,63 dollars, soit environ -22 700 F CFA. Un chiffre négatif qui est un mauvais signe pour le marché boursier de l’or noir américain. Ce sont les contrats de livraison du mois de mai qui sont sous le coup, ceux de juin devant reprendre un peu plus de valeur. Mais qu’est-ce que cela implique pour un pays comme le Burkina Faso, non-producteur de pétrole ?

Le prix du baril américain de pétrole brut côté à New York pour livraison en mai s’est effondré lundi 20 avril, terminant en dessous de zéro. Plus précisément à -37,63 dollars, ce qui correspond à environ 22 700 du franc de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Alors que ce baril s’échangeait encore à 60 dollars en début d’année et à 18,27 dollars au soir du vendredi dernier.

Une journée complètement folle, jugent certains analystes. Selon eux, depuis la création des contrats en 1983, le cours du baril de 159 litres de pétrole brut côté à New York n’était jamais tombé en dessous des 10 dollars. Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les répercussions sur le prix à la pompe et les enjeux pour des pays tels que ceux de l’espace UEMOA ? Autant de questions qui suscitent la curiosité de plus d’un. Tout ce que nous savons, c’est que les producteurs paient cher dans cette condition. Puisque le prix négatif signifie que le producteur est prêt à débourser une somme pour que les raffineurs, à qui il reste de la place pour stocker, acceptent de prendre ses barils. La situation est quelque peu catastrophique.

Cette baisse brutale des prix est tout d’abord liée à un effondrement de la demande de pétrole à cause de la paralysie de l’économie mondiale. Elle-même provoquée par la pandémie actuelle et les mesures de confinement. Puisque plusieurs usines ont cessé de fonctionner et la demande en pétrole est devenue quasiment nulle. Pour certains analystes, la durée de cette situation dépendra de l’ampleur des mesures de confinement de l’autre côté de l’Atlantique.

Cependant, l’heure n’est pas à la fatalité. Ces prix ne sont que ceux de court terme, qui concernent les barils prêts à être expédiés. En effet, les prix des barils livrables en juin se maintiennent au-dessus de 20 dollars aux Etats-Unis. Aussi, en Europe, le prix du Brent se maintient à un peu plus de 25 dollars. Un écart qui s’explique par le fait que le brut new-yorkais est traditionnellement moins demandé. La chute de la demande en Europe est moins importante que celle constatée aux Etats-Unis.

Au niveau global, certains analystes, lus sur Leparisien, montrent que l’effondrement du marché américain aura des répercussions dans le monde entier. Les producteurs américains vont venir abonder le trading mondial pour tenter d’écouler leurs stocks. Ce qui aura pour conséquence de tirer les prix à la baisse.

Malgré que le Burkina soit un pays très peu industrialisé, les populations burkinabè consomment le carburant au quotidien. Une baisse du prix du baril du pétrole leur sera plus bénéfique. Le prix à la pompe devrait alors baisser, pour le simple fait qu’il va aussi baisser en Occident. Une situation qui, si elle arrive, devrait en outre pousser l’Etat du Burkina et ceux de la zone UEMOA à renflouer leurs stocks. Cela aura pour conséquence de réduire le prix à la pompe pour un temps un peu plus long, mais peut contribuer à rehausser un peu la demande du pétrole et, partant, le cours du baril. Cependant, les implications sont assez multiples si bien qu’on est obligé de raisonner en toute chose égale par ailleurs, comme les économistes.

Mais la baisse peut ne pas être spontanée. En France par exemple, le prix du brut représente un tiers du tarif payé à la pompe. Le reste correspond au coût du raffinage et aux taxes, qui ne sont revus qu’annuellement. Mais tant que le confinement se poursuivra, on peut penser que les prix à la pompe resteront bas. En revanche, quand il prendra fin, la demande repartira à la hausse et les prix pourraient repartir très rapidement à la hausse.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 22 avril 2020 à 12:59, par A qui la faute ? En réponse à : Chute du prix du baril américain de pétrole : Quel profit pour le Burkina Faso ?

    J’aimerais connaître la durée de la réserve stratégique au Burkina c’est à dire le nombre de moi qu’on peut vivre normalement avec frontière hermétiquement fermé au pétrole. Tout part de là. Si nous n’avons pas une grosse capacité nous ne pouvons pas profiter.
    Deuxièmement le pétrole américain est principalement vendu en Amérique car la Chine achète en Russie et l’Europe achete aux pays l’ex Urss, moyens orient, africains et aux pays pétroliers européens en interne. Pour l’Europe c’est plus pour des raisons stratégiques qu’ils achètent partout et stockent beaucoup, pour éviter de subir la pression d’un pays quelconque.
    Troisièmement le prix à la pompe au Burkina est essentiellement constitué de taxe. Même si on nous donne gratuitement le pétrole le prix à la pompe ne va pas beaucoup baisser. À cela s’ajoute le coût du transport routier, stockage,...
    Sans être pessimiste, il faut d’abord une stratégie énergique robuste pour ne pas subir les grèves des transporteurs comme souvent, les problèmes aux frontières, avant même de pouvoir profiter des conséquences de la chute du pétrole américain.
    En tout état de cause, c’est tant mieux pour la planète, moins de pollution, moins d’accident, moins de catastrophe écologique lié à l’exploitation et au transport du pétrole brut, parfois déversé en mer

  • Le 22 avril 2020 à 21:59, par Zimm En réponse à : Chute du prix du baril américain de pétrole : Quel profit pour le Burkina Faso ?

    Internaute 1 : Je ne pense pense pas que vous aurez la réponse à votre question " la durée de la réserve stratégique de pétrole au Burkina " peut-être un secret d’état....

    Un cas relativement bien documenté et relativement publique est celle de la réserve stratégique des USA, elle peut couvrir environ 40 jours de consommation en raison approximative de 20 millions de barils de consommation par jours.

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