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Sondage du CGD : la « foudre » des remorqués

Publié le jeudi 15 septembre 2005 à 07h14min

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Le professeur Augustin LOADA et ses collègues n’ont pas réalisé le sondage pour les « beaux yeux » d’un homme politique. L’objectif du travail abattu est connu de tous : il appartient à chaque homme politique au regard des résultats, de changer le fusil d’épaule afin d’atteindre les résultats escomptés. Mais une analyse de certaines réactions sur les résultats du sondage permet d’affirmer que certains n’ont rien compris au regard de la virulence des propos.

La culture démocratique a la peau dure au Burkina. Il faudrait certainement attendre encore longtemps pour qu’elle s’impose à tous. Dans tous les domaines, il est rare que quelqu’un prenne des initiatives salvatrices sans se heurter à des résistances inutiles entrain quelquefois certains à la résignation.

Si, dans certains milieux, cela n’est pas tellement visible, parce que peu médiatisé, en politique la donne est tout autre : « Il faut s’attendre à tout en politique, où tout est permis, sauf se laisser surprendre », dirait si bien Charles MAURRAS. Au Burkina, ce ne sont certainement pas les exemples qui manquent. Cependant, il est important que chaque acteur politique puisse oublier un tant soit peu son « moi » et saluer toute initiative qui renforce la démocratie. Le constat est que certains, en public, ne jurent que par la démocratie et son renforcement, mais « au fond de leur cœur », ils ne croient pas en celle-ci et cela se fait sentir dans leur vécu quotidien.
Grande première au Burkina, le sondage du CGD devrait plutôt être salué à sa juste valeur par tous, sans même faire référence au contenu, aux résultats.

Des réactions qui en disent long

De toutes les réactions suite au sondage du CGD, nous retiendrons quelques unes dont la lecture critique permet de comprendre beaucoup de choses.
En vérité, certains auraient pu adopter un profil bas à l’image de Soumane TOURE qui n’a pas voulu se prononcer sur ce sondage « parce que cela n’est pas au centre de ses préoccupations », disons-nous. Sont de ceux-là, les présidents Ali LANKOUANDE du PDP/PS, Emile PARE du MPS/PF, Philippe OUEDRAOGO du PAI.

Quant au président de l’UNIS/MS, il a surpris plus d’un par ces propos.
Me SANKARA tout en faisant certaines remarques, n’a pas manqué de saluer à sa juste valeur le travail du CGD. Pour lui, les résultats du sondage interpellent la classe politique : « Pour moi, c’est une interpellation de la classe politique, particulièrement l’opposition. On attire notre attention sur le fait qu’il y a un fossé, même s’il est fictif, entre le président sortant et d’éventuels candidats de l’opposition. Il faut le combler et je crois que c’est possible, puisque le résultat a été publié à point nommé et de façon opportune pour que nous prenions conscience du travail qui nous attend. Par contre, je ne suis pas pour ceux qui aujourd’hui crient à la manifestation... »

Cette réaction avisée surprend plus d’un dans la mesure où on attendait de lui des critiques virulentes. Il a certainement bien compris la démarche du CGD, dont l’objectif est de donner la mesure exacte de chaque homme politique à un moment de la situation politique et ce qui reste à faire.
Contrairement à Me SANKARA, Ali LANKOUANDE soutient : « Ce sondage est restrictif et sélectif... Ce sondage-là sent la manifestation ». Venant de la part d’un doyen, cette appréciation ne peut qu’être surprenante. Elle est ridicule.

Car on aurait compris si elle venait de la nouvelle génération, manquant d’expériences et alerte à la critique. Nous qui avons toujours fait nôtre cette pensée selon laquelle « un vieux assis voit plus loin qu’un jeune débout »

Mais la barre des appréciations subjectives, ridicules, biaisées et sans fondements ont été largement franchies par « le chat noir du Nayala », Emile PARE et Philippe OUEDRAOGO du PAI. Ont-ils perdu leur sang froid ? Ont-ils pris le temps de comprendre l’objectif et la portée réelle du sondage ? Ce n’est pas certain. En effet, pendant que Emile PARE pense que le CGD n’est pas un institut qualifié (le CGD n’a jamais dit qu’il est un institut de sondage), Philippe OUEDRAOGO martèle que « Un sondage ne peut pas être fait par n’importe qui... »

En tous les cas, ce que les hommes politiques « épinglés » dans le sondage feront des résultats intéresse peu le CGD. Mais, il est certain que ceux qui en tiendront compte dans leurs « stratégies » récolteront des dividendes dans le futur. C’est cela le plus important.
Le reste n’est que dissertation d’hommes politiques dont la notoriété ne dépasse guère le cercle familial ou amical.
En politique aussi et surtout, on ne récolte que ce qu’on a semé.

Par Ben Alex BEOGO


Qui manipule qui ?

Le sondage du CGD continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Si certains hommes politiques ont accueilli les résultats avec fair-play, d’autre par contre sont tombés à bras raccourcis sur le CGD avec des propos inutilement virulents. Le président du PDP/PS est même allé plus loin en parlant de manipulation. On le voit venir. Pour M. LANKOANDE, ce sondage a été commandité par un adversaire qui ne peut être que le CDP, si ce n’est Blaise COMPAORE. Cette assertion ne tient pas au regard de la crédibilité dont jouit le CGD et surtout au regard de la renommée de la structure qui l’a appuyé pour la réalisation du sondage, le centre culturel américain.

Pour être utile à la démocratie et au Burkina Faso, certains hommes politiques gagneraient à ne plus voir la main du pouvoir partout quand bien même ils prétendent ne le voir nulle part dans la recherche du bonheur des Burkinabè. Est-ce vraiment au-dessus de leurs forces que de savoir se remettre souvent en cause pour mieux se repositionner sur l’échiquier politique ? Ç’ en a en tout cas l’air et c’est l’évocation de l’omniprésence du pouvoir en place dans les faits ou situations politiques au Faso qui semble leur donner de l’énergie pour se mouvoir.

Dire par exemple que le sondage du CGD est une manipulation, c’est douter d’abord de la crédibilité du CGD et une injure au centre culturel américain. Aussi puissant qu’il puisse être, ce pouvoir peut-il ou lui viendrait-il même à l’idée d’« acheter » et le CGD et les Américains ? Non ! C’est aberrant. Ce n’est pas parce qu’on flirte avec la queue du peloton en matière de notoriété qu’on doit se livrer à des gymnastiques intellectuelles pour justifier l’injustifiable. Ali LANKOANDE doit se convaincre que malgré son ancienneté sur la scène politique (son parti le PDP/PS est appelé par certains « partis des papies »), il reste pour de nombreuses personnes, un illustre inconnu.

Pouvait-il d’ailleurs en être autrement quand on sait qu’il a toujours évolué à l’ombre de l’illustre ancien président du parti, le professeur Joseph KI ZERBO et même loin de l’anti-chambre du successeur potentiel de ce dernier, chambre où grouillaient de jeunes loups aux dents bien longues ? Du reste, l’électorat burkinabè à l’instar de la population entière est très jeune et beaucoup n’ont pas connu cette ère de gloire du MLN ancêtre du PDP/PS où il a fait ses armes. Pour d’autres candidats à la présidentielle, frustrés par le sondage, ce n’est pas de la faute du CGD si des circonstances décevantes ont tâché leur image déjà pas au mieux.

L’affaire des 30 millions empochés par l’OBU (frauduleusement diront certains) n’est en tout cas pas pour arranger le « chat noir du Nayala », Emile PARE qui, plutôt que loin de ses militants après le 13 novembre 2005, sera heureux s’il peut continuer à présider aux destinées de son parti, le MPS/PF, le temps de nouer d’autres alliances solides et courir à l’abordage en 2010. Pour des jeunes « turcs » comme lui, le sondage devrait être bien reçu en ce qu’il leur fournit des indicateurs pour mieux naviguer dans cette mouvance politique du Faso.

Bref, acceptons que le CGD n’a fait que son travail dans le but de contribuer à l’éveil et la consolidation de l’esprit démocratique ; il ne s’est fait que le porte-voix d’une population à un moment donné. La « manipula phobie » cette maladie endémique du monde politique du Faso mérite vaccin pour le bonheur de notre démocratie !

B.A.B
L’Opinion

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