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ACP-UE : "Le Burkina Faso va toucher la prime de performance dans le cadre du 9e FED"

Publié le mercredi 14 septembre 2005 à 08h10min

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Présent à Ouagadougou dans le cadre de la Ve Conférence francophone des OING (Organisations internationales non gouvernementales), l’honorable Thierry Cornilliet s’est entretenu avec nous de l’état de l’Europe et de la coopération entre celle-ci et le Burkina Faso.

Il commence par nous situer sur l’objet de sa visite au Burkina Faso.

Je suis dans votre pays en ma qualité de président de l’Association internationale des régions francophones, et ce pour prendre part à la Ve conférence francophone des ONG qui se tient présentement au Burkina Faso. Il vous souviendra que le Sommet de la Francophonie tenu à Ouagadougou en septembre 2004, après celui de Beyrouth, avait été le Sommet de la consolidation, si tant est que la solidarité dans l’espace francophone y avait été réaffirmé. Aussi, la nécessité de se doter d’un institutionnel qui nous permette de répondre aux défis de la mondialisation avait été posée. Cette Ve conférence des ONG répond à toutes ces préoccupations en renforçant le partenariat entre l’institutionnel et le terrain, toutes choses qui prônent le développement économique, social et culturel des pays.

Sidwaya (S.) : En votre qualité de député européen, pouvez-vous donner votre sentiment sur les "non" français et néerlandais à la constitution européenne ?

Thierry Cornilliet (T.C.) : Ce sont des "non" qui ressortent du fait que c’est un référendum, ce qui en démarche politique est tout à fait souhaitable même si on peut constater que les gens ne répondent jamais à la question qu’on leur pose. Mais parfois à celui qui pose la question, un peu comme un exutoire.

Cela a été le cas en matière de réponse des Français qui ont plus dit "non" au gouvernement et à une situation qui leur était difficile qu’à la constitution européenne. Il y a eu un front des "non" dont l’objectif était de faire de la politique intérieure française. Voilà pourquoi, avec un certain nombre de collègues, j’avais proposé il y a quatre ans que l’adoption de la constitution puisse se faire par un référendum européen le même jour.

Cette solution reste celle d’avenir pour qu’on ait enfin l’adoption d’un texte qui nous soit commun.

S. : Cette frilosité ne reflète-t-elle pas l’incapacité de l’Europe à faire face aux défis de la mondialisation ?

T.C. : Je crois que la mondialisation inquiète non seulement l’Europe mais aussi les Africains. Alors que paradoxalement, pour ce qui nous concerne, l’Union européenne, c’est le plus sûr moyen de lutter contre les effets néfastes de la mondialisation. Par exemple, au niveau de l’OMC nous sommes représenté par un seul commissaire et nous parlons d’une seule voix. Nous devons faire de même au niveau de toutes les instances internationales. La vraie réflexion politique c’est qu’il faut aller vers plus l’Europe ce qui correspond du reste à la demande des populations. Il faut un véritable projet européen qui démontrera que le meilleur outil de défense pour chacun c’est d’avoir un instrument puissant qui nous permette de discuter d’égal à égal avec la Chine, les USA et bientôt avec le Brésil et l’Inde.

Chacun d’entre nous pris individuellement ne boxe plus dans la même catégorie que les Etats-Unis. Pour faire l’Europe, il y a deux voies. La première c’est de dire aux Européens la vérité. Pendant trop longtemps on a caché des choses aux populations comme dans le cas de la France, ce déficit abyssal que nous traînons depuis longtemps. En matière de travail et de protection sociale nous avons la crise des retraites dont il faut débattre. Il faut un consensus pour procéder à toutes les réformes et pour cela, il faut arrêter de faire rêver les gens. Après c’est du "mécano" politique et que ce soit avec la gauche ou la droite qu’on le fait importe peu ce clivage ne recouvrant du reste aucune réalité.

La deuxième voie c’est d’avoir une action politique volontaire. Si la population sent cette volonté au niveau des politiques je crois que la confiance reviendra quel que soit le prix à payer. Il faut seulement que cela se fasse dans la justice et l’équité. Il faut revenir à une vision basique de la vie politique.

S. : Est-ce que le malaise social peut expliquer la montée des extrémismes en Europe ?

T.C. : Pour ce qui est de la France, le mal est déjà fait car on a eu le Front national au deuxième tour d’une élection présidentielle en 2002. Cela est dû au fait que les politiques répondent peu ou prou aux inquiétudes des citoyens.

Ils donnent de très mauvaises réponses aux vraies questions que se posent les populations. Et aussi ils incarnent peu ou prou ce volontarisme que j’appelle de mes vœux. On sait que les choses sont compliquées, mais une solution est toujours plus compliquée que le problème. Voilà pourquoi les populistes de gauche et les extrémistes de droite gagnent du terrain en Europe. Ils font appel aux même réflexes identitaires voire racistes, de classes, de jalousie des autres, surfait ainsi sur les inquiétudes des gens. Il faut donc que le "centre" "réaccapare" et oriente le débat politique à travers de vrais projets de société.

S. : Maintenant, quel regard jetez-vous sur la coopération entre l’Union européenne et le Burkina Faso ?

T.C. : Cette coopération est tout à fait exemplaire. Pour preuve, le Fonds européen de développement (FED) a donné sur le premier chapitre du neuvième FED, 432 millions d’euros au Burkina Faso au lieu de 277 millions prévus. Ce parce que la revue à mi-parcours de la coopération a révélé que le Burkina Faso était bien gouverné et les fonds alloués étaient gérés de façon rationnelle. C’est en quelque sorte la prime de performance que vous allez toucher là. Car, lorsqu’on travaille avec les Burkinabè on a affaire à des interlocuteurs sérieux. L’argent qu’on engage est dépensé et à la fin on peut juger l’exécution du programme.

C’est cela qu’on a voulu glorifier en classant le Burkina au rang des meilleurs élèves de la coopération. Le pays étant bien tenu, touche donc le plus d’aide publique. Par son système de gouvernance et la qualité de son administration publique et de ses leaders, le Burkina s’en sort mieux que certains pays plus nantis.

Je voudrais terminer sur la bonne hospitalité burkinabè que je goûte chaque fois que je visite votre pays.

Propos recueillis par Boubakar SY
Sidwaya

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