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Femme et politique : les Burkinabè se signalent

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 07h14min

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"Ce que femme veut, Dieu le veut" ! Tel est du moins le souhait d’une frange importante des femmes burkinabè qui tentent, à travers plusieurs associations de se donner une place plus acceptable dans la gestion de la chose politique. En réalité, il n’y a véritablement pas d’opposition à la concrétisation d’une telle idée. Est-il même imaginable a fortiori faisable d’ignorer les femmes dans le combat pour un monde meilleur ?

La société burkinabè a beau être phallocrate, elle ne peut pas se passer de celles qui constituent plus de 52% de sa population. Le combat est donc ailleurs. Il faut tout simplement avoir le courage de reconnaître que la première et principale cause de la sous-représentation des femmes est de leur fait. L’Etat et tout l’arsenal judiciaire plaident pour un monde sans discrimination négative à l’égard des femmes.

La gent féminine est même encouragée et privilégiée dans certaines situations et personne ne trouve à redire tant il est vrai que la femme comme le disait le président du Faso est soit une sœur, une épouse, une fille ou une mère. Quel que soit l’angle de regard, on ne peut qu’accompagner le sexe dit faible à s’épanouir. Cependant, cette disponibilité ne doit pas être interprétée comme une complaisance, voire un traitement de faveur à l’endroit des femmes qui ont tendance à assimiler le milieu politique à un jeu d’enfants. Cette conception contribue à retarder l’accession de la femme aux premiers rôles. D’ores et déjà, les femmes réclament qu’il leur soit octroyé au moins 30% de places sur les listes pour les élections municipales du 12 février 2006.

La femme doit mériter sa place en politique

L’approche développée par le sexe féminin amène à se demander si réellement les femmes méritent ce traitement qui leur offrirait des sièges de conseillers municipaux sur des plateaux d’or. Car, elles devraient plutôt se battre pour arracher par la force de leurs arguments les places tant convoitées. C’est bien ce qu’ont fait celles qui aujourd’hui sont des élues locales, députées ou ministres. Leur présence à ces hautes fonctions est le résultat d’un engagement au même degré que celui des hommes. Parfois, elles sont sorties victorieuses de duels qui les opposaient à des hommes. La bataille rangée dans certaines formations politiques lors des dernières législatives témoigne si besoin en est encore de la véracité de cette assertion.

Les femmes doivent surtout se convaincre que tout ne tient pas au texte. En effet, quelques mois avant les municipales de 2000, l’Association des femmes élues du Burkina (AFEB) avait demandé et obtenu des pouvoirs publics, qu’ils imposent par la loi aux partis politiques de présenter obligatoirement des candidates sur les listes. A la proclamation des résultats que d’espoirs déçus ! En tout cas, les faits ont parlé d’eux-mêmes.

Ainsi pour l’ensemble des 49 communes de plein exercice, seul le conseil municipal de Dédougou dans le Mouhoun est dirigé par une femme accompagnée il est vrai des deux autres qui tiennent les destinées des arrondissements de Bogodogo et de Boulmiougou dans la commune de Ouagadougou. La satisfaction de la doléance de l’AFEB n’a donc pas changé radicalement les données puisque pour le premier mandat aussi, une commune de plein exercice, celle de Koupéla était dirigée par une femme tout comme un arrondissement de Ouagadougou.

Pour éviter toute désillusion, les femmes doivent travailler à occuper politiquement le terrain et surtout à être des actrices de renforcement du processus démocratique au Burkina. L’expérience a montré qu’aucun parti ne peut émerger s’il brime les femmes fortement implantées. Ce qui manque le plus au sexe féminin, c’est sa capacité de traduire en actes concrets, les belles initiatives qui, elles seules ne suffisent pas à promouvoir les femmes.

L’ancien Premier ministre français Alain Juppé en sait quelque chose lui qui a déchanté après avoir aligné 12 femmes dans sa première équipe gouvernementale. Cependant le combat pour une montée en puissance des femmes n’est pas vain. Il ne tient qu’à elles d’ouvrir l’œil et le bon...

Les structures qui ont donné l’alerte doivent se concentrer sur l’essentiel. Il n’est pas superflu de le rappeler quand on sait que les femmes ont la tendance trop facile de s’adonner à des querelles byzantines.

C’est ce qui justifie la crainte de certains observateurs qui voient déjà dans l’existence de plusieurs structures défendant la même cause, un risque d’éparpillement des forces. Mais puisque ce que femme veut, Dieu le veut, peut-être que la composition des conseils municipaux sera à la hauteur de leur attentes.

Larba YARO
L’Hebdo

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