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Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

Publié le vendredi 14 février 2020 à 23h55min

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Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

Bamako a lâché un ouf de soulagement, ce jeudi 13 février 2020, avec l’arrivée à Kidal, bastion de la rébellion touarègue, d’un bataillon des forces armées reconstituées composé de 200 soldats de l’armée traditionnelle, de 200 soldats de la coordination des mouvements de l’Azawad et de 200 soldats des mouvements de la plateforme, issus du processus de désarmement. Ce retour, fort en symboles dans cette ville, permet d’affirmer que l’accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger, dont la 46e session ordinaire de la commission technique de sécurité tenue, le 6 février 2020 à Bamako, n’a pas été froissée et jetée à la poubelle. Ce nouveau vent qui souffle sur Bamako traduit-il la renaissance d’un espoir malgré ce chemin encore long ?

Tout Bamako a retenu son souffle depuis le 10 février avec le départ du bataillon de l’armée malienne reconstituée composé d’environ 200 soldats de l’armée traditionnelle, ainsi que de 200 soldats de la coordination des mouvements de l’Azawad et 200 soldats des mouvements de la plateforme pour Kidal, bastion de la rébellion touarègue.

Une région hors contrôle de l’armée malienne depuis les violents combats de 2014 qui l’ont opposée aux séparatistes de l’Azawad. Ce retour, il faut le signaler, permet d’affirmer que la 46e session ordinaire de la commission technique de sécurité tenue le 6 février dans le cadre des pourparlers d’Alger n’a pas été une rencontre de trop. Elle a permis de jeter les bases d’un processus qui était en panne.

En effet, il faut noter que le retour à Kidal de l’armée malienne s’inscrit dans le cadre de la mise en place du mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Cette structure issue de l’accord d’Alger est chargée de gérer les patrouilles mixtes composées d’éléments des parties maliennes signataires de l’accord d’Alger de juin 2015. De ces parties, on retrouve la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), acteur majeur qui, par la force des armes, était la maîtresse de la localité. Et la plateforme, à travers le Gatia (Groupe d’autodéfense des Touareg Imghad et alliés).

Au regard de ce retour, fort en symboles, avec ce grand pas de franchi dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers d’Alger, l’on peut expliquer cette rentrée de l’armée malienne à Kidal, comme une bonne disposition d’esprit des maîtres de Kidal dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Cet acquis, rare, depuis la mise en place de ce cadre de concertation entre les différentes parties est à saluer à sa juste valeur dans le cadre du processus. Cependant cette petite évolution est-elle versatile comme les dunes de sable de Kidal ?

Difficile à s’aventurer pour donner une réponse, mais d’ores et déjà, l’on peut déjà encenser le retour de l’armée reconstituée et soutenir que cela n’est qu’une étape dans le processus. Il doit être renforcé dans les prochaines semaines, par l’octroi de plus de prérogatives et de marges de manœuvre au gouverneur de la Région de Kidal. Au-delà du Mali, la situation de Kidal était aussi une source de fortes crispations pour les voisins du Mali qui y soupçonnent ou y dénoncent des alliances entre séparatistes et djihadistes. Pour eux, Kidal a servi de base arrière aux attaques djihadistes.

Ce comportement sain de la CMA, pour autant qu’il soit sincère, vaut son pesant d’or car il pourrait traduire le retour de l’autorité dans le Nord. Et cela au grand bonheur du président malien Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), lui qui en avait fait la promesse à son peuple.

Aujourd’hui que cette promesse est tenue, il peut s’en féliciter. Mais cette évolution doit être appréhendée sous l’angle du verre à moitié vide parce que le chemin qui reste à parcourir est long et parsemé de nombreux défis. Et le pouvoir de Bamako aurait tort de se verser encore dans l’erreur de l’arrogance. Car, cette petite évolution acquise dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, est versatile.

Depuis le début des négociations, les acteurs le plus souvent se sont illustrés comme des roublards car ce qui est perçu comme un acquis le matin peut se muer en mirage quelques heures après. Une manière de rappeler aux uns et autres qu’au-delà des déclarations de bonnes intentions, il faut aller vers la paix sans calcul personnel.

Cette attitude à double facette des leaders n’autorise pas à l’optimisme. Pour preuve, le chef militaire de la plateforme, Yoro Ould Daha, a été assassiné par des hommes armés non identifiés. D’où l’appel réitéré aux acteurs des différentes parties à mettre l’intérêt supérieur du pays au-dessus des egos.

Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 14 février 2020 à 22:39, par Bao-yam En réponse à : Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

    Les présidents du Mali, Burkina Faso et Niger devraient remercier leurs peuples car c’est grâce au soi disant "sentiment antifrançais", c’est-à-dire la mobilisation des peuples africains, que ce retour a été possible. On sait maintenant que ce sont les Français qui sont les maîtres de Kidal. Aussi, ce retour est insignifiant car en permettant à des soi-disant forces touaregs qui du reste avaient été balayées par les islamistes de patrouiller avec l’armée malienne est un affront.

    Nul doute que ceci est une façade car les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les forces vont se rebiffer dans peu de temps pour massacrer l,armée malienne si cette dernière ne se renforce pas. Il faut aussi continuer à mettre pression sur le parrain de la rébellion touareg pour les faire comprendre, qu’on ne veut pas de morcellement des États africains pour aucune raison que ce soit. Enfin, il faut que l,État malien se déploie massivement sur le territoire afin de ne laisser aucun espace aux terroristes.

  • Le 15 février 2020 à 05:31, par Vérité indiscutable En réponse à : Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

    Aywaah !
    Bonne Nouvelle.
    Et si quelqu’un a dit que la lutte ne porte pas du fruit, ce n’est pas vrai. Toutefois comme dit M. Issoufou OUEDRAOGO, on doit attendre la suite avant de se réjouir.
    Vivement que le mali retrouve toutes ses frontières et que de là, un bon combat puisse nous aider à libérer nos pays des terroristes dont les tentacules prennaient aussi racines là...

  • Le 15 février 2020 à 08:41, par Papa En réponse à : Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

    Je ne comprends pas qu’on parle de 200 soldats complémentaires a l’armée Malienne issus du groupe séparatiste de l’azawad . Où c’est l’armée nationale du Mali et ses allies d’auto-défense qui sont a Kidal où elle ne l’est pas, car on ne peut comprendre qu’il y ait deux armées nationales différentes dans un même pays,où est donc la souveraineté du Mali si tel est le cas . Chers amis eclairez-moi si j’ai mal compris. .

  • Le 15 février 2020 à 10:43, par TANGA En réponse à : Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

    Retour de l’armée Malienne à KIDAL, ce n’est pas ça qui compte.
    Ce qui compte, c’est où sont les problèmes des différents groupes qui composent nos pays.
    En réalité, quand une entité ethnique se sent léssée, ell revendique par la parole, elle peut à la limite bloquer les routes nationales pour se faire entendre. Mais quand elle prend les armes elle est consciente que cela ne peut aboutir à sa victoire car déjà en nombre elle est minoritaire par rapport au reste du/des pays. Ça, c’est le cas où la rebellions a été mijotée de l’intérieur sans acteur externe et personne ne l’a jamais fait par ce que c’est une folie vouée à l’échec.
    Ce qui se passe dans nos pays persiste par ce que ces rebellions ont été préméditées, réfléchies et mises en pratique par d’autres que les acteurs qui sont dans les provinces. Pour preuve, un de Kidal, de falangountou, de d’un petit village de entre le Bénin et le Burkina, qui n’a même pas de quoi s’acheter un bon vélo se retrouve en train d’acheter des AK47. On sait que ce fusil vendu moins cher est à 900 Euro en Europe de l’est. Alors, comment a t il eu ce argent, comment a t il eu les contacts où a t il pu apprendre à utiliser les armes ? Pire ces gens qui n’ont aucune base de chimie ni d’électricité se mettent à fabriquer des bombes dites artisanales.
    Pour arriver à tout ça, l’effort fourni par le villageois coutera plus cher que celui pour arriver à produire des denrées alimentaires, s’acheter tout ceux dont il a besoin.
    C’est dire que, des entités mal intentionnés arrivent avec les armes et les munitions, forment les villageois, les endoctrinent en échange de minerais trouvés sur place. ce n’est pas tout. Une fois la guerre commencée, ces mêmes individus offrent de la logistique, des appuis avec des mercenaires (djihadistes délocalisés), surveillance aérienne etc.
    C’est dire que ce qui arrive dans nos pays EST UNE POULE AUX OEUFS D’OR POUR DES GENS.
    Les ennemis de Ouaga, Bamako, Niamey, N’Diamena ne sont pas à Kidal ni ailleurs dans nos pays ; ils sont dans leurs pays en train de se la couler douce. Ils protègent les soient disant maitres des groupes armés pour que ceux ci continuent à diriger les autres pantins qui tiennent les fusils.
    Nos dirigeants en sont conscients, si non pourquoi ne pas faire un tapis de feu sur un village abritant un ou des chefs terroristes ? Cela mettra fin au problème car personne n’acceptera abriter un terroriste dans sa maison, dans son village. Nos pays vivront en paix quelque soit ce qui sera dit des dirigeants ; mieux vaut éliminer un village que de laisser mourir un pays.
    Chers tous, soyons conscient de tout cela et sachons raison garder.
    Tout ceux qui manipules les populations pour qu’elles se jette dans le terrorisme doivent savoir que tôt ou tard cela va se savoir ; même si eux seront morts de vieillesse, ils auront leurs enfants ou petits enfants qui ne vivrons pas en paix avec les restants de ceux que eux auront fait assassiner. Le pire, c’est il se pourrait que la main soit mise sur certains ou tous, qui sait ce que cela sera ? Il n’y a personne qui puisse se cacher sur terre sans être vue.
    Là ou le bas blesse présentement, c’est la complicité de certains ignorants qui acceptent l’argent d’étrangers pour créer des problèmes dans leurs pays. des OSC sont créées ça et là, mais qui est derrière ces OSC ? Un multi milliardaire ayant fait fortune dans l’immobilier et qui se porte garant pour aider ’’les grands pays’’ à recoloniser le monde. il passe par des représentants officiels de pays dits développés pour injecter de l’argent dans nos pays ’’de merde’’ (c’est comme cela qu’ils disent puisque nous sommes prêts à nous vendre et à vendre nos frères), par des hommes en mission dans nos pays.
    Chers tous, quand quelqu’un t’aime, il ne vient pas te monter contre ton frère !!!

    • Le 15 février 2020 à 14:53, par Vérité indiscutable En réponse à : Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

      Cher Tanga, vous avez raison. Malheureusement, notre monde (celui des pauvres que nous sommes) n’a pas le droit de dire ce qu’il pense sans être taxé de tous les noms et malheureusement beaucoup acceptent qu’on ne parle pas. Et c’est triste. Tu as même la chance que ton post soit validé sur la plateforme des commentaires.
      Tout le monde sait qui est derrière ces bandits mais dire-le semble affirmer qu’on est anti- un tel ou anti- un tel... bref, tôt ou tard comme tu le dis, toute la vérité se saura si nous savons effectivement raison gardée !
      Paix à nos pays meurtris !

  • Le 16 février 2020 à 10:20, par Yovis En réponse à : Retour de l’armée malienne à Kidal : Vent d’espoir sur Bamako

    Taisons les conjectures et autres jugement de mauvaise augure. Saluons au contraire cette étape du long itinéraire qu’il reste à parcourir. Souhaitons des consolidations heureuses afin que la sécurité puisse être davantage renforcer.

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