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Sit-in à l’OST : la dette sociale cristallise la colère

Publié le jeudi 8 septembre 2005 à 08h03min

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Les syndicats des travailleurs de l’Office de santé des travailleurs (OST) observent des journées de protestation sous forme de sit-in les 7, 8 et 9 septembre 2005 à la clinique des travailleurs.

Hier mercredi à 9 heures, nous y avons trouvé des agents très mobilisés avec pour leitmotiv "Mobilisons-nous pour la satisfaction de nos justes revendications".

Les travailleurs entendent par "justes revendications" le paiement dans un bref délai des primes de rendement de 2002 et 2003 ; le paiement des primes de rendement de 2001 et 2000 en fin septembre ; le paiement de celles de 1999 et 2004 en fin novembre, et la régularisation des indemnités de logement et sujétion pour les agents des catégories B, C et D en fin novembre 2005.

Ces revendications ont fait l’objet d’une rencontre le 29 juin 2005 entre les responsables syndicaux (SYNTSHA, SAIB, STOB) et l’administration. En assemblée générale tenue le 8 juillet 2005, les travailleurs ont exprimé leur indignation face aux résultats de la précédente rencontre.

C’est ainsi qu’une correspondance a été adressée à la direction générale qui aurait gardé le silence, interprétée comme une indifférence par les travailleurs. Dès lors, ceux-ci ont lancé le mot d’ordre "Mobilisés et déterminés, nous vaincrons". En effet, dans la matinée du mercredi 7 septembre, tous les services de la clinique des travailleurs (le laboratoire, le SMI, la dermatologie, la psychiatrie...) étaient paralysés. A l’intérieur de l’établissement se trouvaient les travailleurs mobilisés, qui se racontaient des histoires drôles pour se remonter le moral.

Très remonté, le secrétaire général de la sous-section SYNTSHA, Paul Ouédraogo, dit ne pas comprendre que les décrets de 1999 relatifs à leurs primes de rendement et aux indemnités de logement ne soient toujours pas appliqués. Les travailleurs se disent d’autant plus outrés qu’on veut leur faire porter le poids de la dette sociale de l’OST, dont ils ne sont pas comptables. Selon eux, on a toujours prélevé leurs salaires pour reverser à la Caisse nationale de sécurité sociale et à la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO). C’est parce que ces deux caisses n’ont pas reçu l’argent prélevé que l’OST porte cette dette. Il y a donc impunité, dont les responsables syndicaux exigent la fin. Le mouvement est suivi à plus de 98% à Ouaga et 100% à Bobo-Dioulasso, selon Paul Ouédraogo.

Le directeur général de l’Office, Kapouné Karfo, que nous avons rencontré, a d’emblée reconnu la justesse de la lutte, mais il a regretté que les travailleurs, en dépit des explications qu’on leur donne en permanence sur la situation de l’Office, aient décidé d’observer ce mouvement. Selon lui, son Office est en crise et porte une dette de 730 millions de nos francs et ses créanciers (CNSS et CARFO) lui ont intimé l’ordre de se rendre solvable. Une situation que le docteur Kapouné Karfo dit avoir héritée et tente d’y trouver une solution depuis son arrivée en novembre 2002, à travers un plan de restructuration qui a cours depuis 2003.

Sans l’épongement de cette dette sociale, il y a, selon le directeur général, un grand risque de ne pas pouvoir assurer la pension des travailleurs pendant leur retraite. Avec les efforts fournis dans le cadre du plan de restructuration, qui durera 5 ans, la dette de la CNSS est épongée et celle de la CARFO le sera en mars-avril 2006.

A en croire le premier responsable de l’Office, les primes de 2003 seront versées à la fin du mois de septembre 2005 après le virement des salaires, celles de 2004, à la fin de décembre 2005, et les autres le seront par trimestre au cours de l’année 2006. L’OST pourrait améliorer le calendrier de paiement au cas où l’Etat leur reverserait l’augmentation des salaires et les indemnités de risques qu’il assure, selon son directeur général, à ses travailleurs.

Ces derniers ont perdu des avantages du fait de la crise que connaît l’OST, qui a failli être fermé en 2002. "Je ne comprends pas les travailleurs. Je pensais qu’on s’était compris après les multiples explications ; il faut qu’ils comprennent que nous ne sommes pas là pour leur faire du mal, nous travaillons seulement à redresser la situation", a fait remarquer le docteur Kapouné sous le regard approbateur de son directeur technique, le docteur Alphonse Sawadogo.

Même si le problème que connaît l’OST remonte de 1999 à 2002 sous la direction de l’ancien directeur général, Dieudonné Nikièma, l’actuelle direction a l’obligation de redoubler d’effort pour que le bras de fer qui l’oppose aux travailleurs connaisse une issue heureuse. Sinon, c’est tout le monde du travail qui en pâtira.

Abdou Karim Sawadogo Kader Patrick Karantaogo (Stagiaire)

Observateur Paalga

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