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Le Burkina veut relancer sa filière fruits et légumes, menacée d’asphyxie

Publié le samedi 3 janvier 2004 à 11h54min

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"Il n’y a plus de débouchés, le marché est tombé !", se plaint Mme Traoré, productrice de haricots verts, arborant fièrement la médaille de l’ordre du mérite du développement agricole qu’elle vient de recevoir à l’occasion de la Journée du paysan célébrée fin décembre à Kaya (centre).
"C’est toute la filière des fruits et légumes qui est menacée", dit-elle, invitant les autorités à "prendre des mesures urgentes de sauvetage".

Pays pauvre dont plus des deux tiers de la population vit de l’agriculture, le Burkina produit bon an mal an 280.000 tonnes de produits maraîchers, dont 240.000 tonnes de fruits et 40.000 tonnes de légumes, explique à l’AFP le ministre de l’Agriculture, Salif Diallo.

La filière des fruits et légumes burkinabè occupe plus de 64.000 personnes. Elle représente 12% de la production agricole totale, 5% du Produit intérieur brut (PIB) et ses recettes annuelles atteignent 5 milliards de francs CFAmillions d’euros).

Mais en l’espace de trois ans, la filière a perdu environ 60% de ses parts de marché et sa contribution au PIB a reculé de moitié. Une grave crise qui inquiète autant les paysans que les autorités politiques.

Les quantités produites ont elles aussi baissé. La production de mangues est passée de 85.000 en 1996 à 35.000 tonnes en 2003, celle des agrumes de 70.000 à 24.000 tonnes.

Même le fameux haricot vert burkinabè, abondamment exporté vers les marchés européens par le passé, est en perte de vitesse. Les exportations vers l’Europe ont plongé de 3.700 tonnes en 1997 à seulement 1.300 tonnes aujourd’hui, regrette M. Diallo.

"Nous sommes en face d’une faillite des acteurs, qui ont pourtant bénéficié du soutien énorme du gouvernement. Des pays qui ont acquis l’expérience dans le domaine chez nous exportent plus que nous aujourd’hui", déplore-t-il.

Pour les mangues par exemple, les services de l’Agriculture imputent cette dépression au "vieillissement progressif" des vergers, alors que l’étroitesse du marché contraint les paysans à réduire leur production.

Concernant la filière du haricot vert, M. Diallo met particulièrement en cause le manque "de professionnalisme" des intermédiaires agréés, qui "n’ont pas pu maintenir le label burkinabè sur le marché européen en dépit des subventions colossales et des dégrèvements fiscaux dont ils ont bénéficié".

Pour "relancer" la filière des fruits et des légumes, plus de 800 producteurs ont participé le 27 décembre dernier à Kaya (centre-nord) à un forum animé par le président Blaise Compaoré.

Parmi les solutions retenues figurent la mise en place par l’Etat d’un fonds de garantie, la création d’unités de transformation et d’une société mixte par l’Etat et les producteurs.

Pour assurer le bon conditionnement des produits, le gouvernement a annoncé l’ouverture dès avril prochain d’un terminal fruitier, la réhabilitation de plusieurs chambres froides et l’achat de camions frigorifiques.

De leur côté, les producteurs ont promis à M. Compaoré d’accroître de 10% la production de fruits et légumes.

AFP

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