Dans l’ensemble, la saison agricole s’annonce bien, même si des poches de sécheresse ont été observées dans le mois d’août.

La présente tournée qui a conduit le gouverneur de la région du Nord et ses plus proches collaborateurs, que sont les hauts-commissaires et les directeurs régionaux, dans les départements de Koumbri, province du Yatenga et de Banh dans la province du Lorum, se voulait une occasion pour Henry Marie Dieudonné Yaméogo de toucher du doigt, les réalités de la campagne agricole en cours, de constater de visu l’évolution des cultures, d’entendre et d’échanger avec les producteurs.

A Koumbri, 1er département à être visité, la délégation s’est rendue dans un champ de 4 ha touché par les poches de sécheresse dans le mois d’août où le département n’a enregistré que 68 mm d’eau en 8 jours contre 224 mm en 12 jours pour la campagne écoulée soit un déficit de 156 mm à moins 4 jours.

Le gouverneur Henry Marie Dieudonné Yaméogo dans les champs touchés par les poches de sécheresse à Koumbri.

En cumul saisonnier, Koumbri a enregistré 476,5 mm en 29 jours contre 460 en 27 jours pour la campagne écoulée soit un excédent de plus de 16,5 mm d’eau.

Comment se présente les cultures à Koumbri, Soumaïla Savadogo de la direction provinciale du Yatenga dira : "Actuellement toutes les cultures sont au stade d’épiaison et floraison et surtout le sorgho et le mil, c’est le stade de montaison et d’épiaison, au niveau des tubercules et le sésame, c’est au stade de ramification".

A Banh dans la province du Lorum, l’espoir renaît après une longue période de sécheresse observée entre mi-juillet et mi-août : "Par rapport à la situation de la campagne au 31 août 2005, il faut dire que l’orage est passé parce que nous avons tout le mois de juillet vécu une longue période de sécheresse qui a failli hypothéquer toutes les productions au niveau de Banh, heureusement qu’à partir de mi-août, il y a eu des pluies bienfaisantes qui ont permis à une régénération. Notre souhait est que les pluies restent régulières jusqu’en fin septembre début octobre", a conclu M. Gérard Kaba, chef de zone d’agriculture de Banh.

En cumul saisonnier, le département de Banh a enregistré en 28 jours, 371 mm d’eau contre 359,1 mm pour la campagne précédente, soit un léger excédent de 12 mm d’eau.

Selon les responsables de la direction régionale de l’Agriculture du Nord, des attaques de pucerons sont actuellement absorbées sur le niébé dans les provinces du Yatenga (300 ha), du Passoré (110 ha), du Lorum (30 ha) et du Zondoma (550 ha) causant de dégâts légers.

Les manifestations du mildiou et du striga sont perceptibles respectivement sur les cultures de mil, de sorgho et de riz dans toute la région. Des attaques de chenilles ont été également enregistrées dans la province du Lorum (150 ha). Pour toutes ces attaques, des traitements sélectifs et/ou localisés ont déjà été effectués sur une superficie d’environ 990 ha, tandis que de nouvelles dispositions sont envisagées pour les parcelles et les fermes semencières.

L’envahissement des exploitations par les mauvaises herbes demeure toujours une préoccupation au niveau des producteurs. La situation alimentaire et nutritionnelle dans la région du Nord reste préoccupante sur l’ensemble de la région. Les stocks de sécurité s’amenuisent davantage et les greniers sont vides dans la majorité des ménages agricoles. Les approvisionnements s’effectuent sur la place des marchés et les prix de vente sont toujours hors de la porté des producteurs. D’une manière générale, les prix des denrées sont toujours à la hausse par rapport à la campagne écoulée.

L’arrivée du maïs en provenance du Ghana pourrait contribuer à diminuer les prix des céréales (sorgho et mil) dans les jours à venir si l’intensité pluviométrique de ces derniers jours et le trafic se maintenaient.

Comparée à la campagne précédente, la campagne agricole 2005-2006 est pour l’instant jugée globalement satisfaisante, en dépit des poches de sécheresse enregistrées au cours de la première décade et qui du reste n’ont pas favorisé une bonne exécution des travaux d’entretien des cultures dans certaines localités. Néanmoins, les producteurs bien qu’affamés poursuivent avec courage les travaux champêtres, quelques-uns encouragés par l’allure prometteuse de la campagne. Sur le plan alimentaire, les producteurs ont des difficultés réelles pour assurer un seul repas par jour.

Jean-Victor OUEDRAOGO (AIB/Ouahigouya)
Sidwaya