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Le candidat naturel de l’oppposition

Publié le lundi 5 septembre 2005 à 07h40min

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C’est dire que le sondage du CGD vient combler un grand vide et apparaît par ce seul fait comme un véritable pied de nez à la classe politique toutes tendances confondues qui se voit ainsi privée de certaines de ses armes favorites : le paraître plutôt que l’être et le boycott pour masquer sa triste réalité.

C’est tout naturellement donc que ce sondage sera pris à parti et croqué à belles dents par tous ceux qui s’y sentiront dévalorisés, parce que réduits à ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être : de minables petits acteurs qui ont honteusement profité de l’ignorance générale et généralisée.

Pour un pavé, ce que le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) vient de jeter dans la mare du landerneau politique national en est véritablement un ! A la fois une première et un coup d’essai, son « Enquête par sondage sur l’image, la notoriété et les intentions de vote en faveur des candidats aux élections présidentielles de 2005 au Burkina Faso avec l’appui du Centre culturel américain » vient couper le traintrain de la guerre des communiqués et apporter un peu de piquant à la vie socio-politique.

Du pain béni pour certains, une pilule amère pour d’autres, il ne laissera personne indifférent et fera sans nul doute et pendant longtemps des gorges chaudes. Plus d’un tombera des nues en découvrant ce que ses compatriotes pensent de lui et il est à craindre qu’à l’image du malade qui, totalement envahi par son mal s’en prendrait à son thermomètre, ils ne cherchent à faire payer au CGD, ce qui à leurs yeux serait un crime de lèse-majesté.

Il faut dire que depuis que dure la IVe République, cela fait tout de même trois (03) quinquennats et deux élections présidentielles, les ténors de la scène politique ont réussi à s’arranger à travers boycotts et boycotts partiel pour ne pas soumettre leurs « immenses » auras supposés à la sanction des urnes. Il en a résulté par la force des choses que sur ce point nous n’avions d’autres choix que de nous en remettre d’une part à la capacité de leurs partis à organiser des conférences de presse et à pondre des articles dans la presse locale et d’autre part à ce qu’ils affirmaient être eux-mêmes avec interdiction formelle de douter de quoi que ce soit.

Un jugement par défaut donc qui a fait la part belle à tous les charlatans et autres escrocs politiques qui en ont usé et abusé à telle enseigne qu’on avait du mal à savoir qui est qui, chacun se targuant d’être le premier de tous. Ainsi a-t-on eu l’embarras du choix pour décerner les titres de « candidat naturel » de l’opposition, de principal opposant, de personnalité la plus en vue de l’opposition etc. au point que même celui tout à fait officiel de « chef de file de l’opposition » n’a jamais été pleinement vécu comme tel malgré la loi. Chacun s’était investi élu du peuple si ce n’est celui des dieux !

C’est dire que le sondage du CGD vient combler un grand vide et apparaît par ce seul fait comme un véritable pied de nez à la classe politique toutes tendances confondues qui se voit ainsi privée de certaines de ses armes favorites : le paraître plutôt que l’être et le boycott pour masquer sa triste réalité. C’est tout naturellement donc que ce sondage sera pris à parti et croqué à belles dents par tous ceux qui s’y sentiront dévalorisés, parce que réduits à ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être : de minables petits acteurs qui ont honteusement profité de l’ignorance générale et généralisée.

Déjà que notre landerneau socio-politique est suspicieux à souhait et que la mauvaise foi y est la chose la mieux partagée, on peut présumer du sort qui sera fait au CGD derrière lequel on verra tel où tel intérêt si on ne l’accuse pas tout simplement d’avoir lui aussi succombé aux sirènes qu’on dit avoir envoûté le célèbre Professeur Laurent BADO. Toutes ces médisances réussiront-elles à ternir le travail effectué et à inhiber son ardeur ?

Il est encore trop tôt pour répondre. Néanmoins il est à souhaiter, et nous y avons tous intérêt, à commencer par ceux qui la voueront aux géhennes, qu’il n’en soit pas ainsi. Il faut même souhaiter que d’autres structures s’y essaient, l’essentiel étant que tout se passe dans les règles de l’art. Ainsi nous aurons la possibilité de comparer et de croiser leurs résultats, lesquels s’appuieront les uns sur les autres pour assurer leur crédibilité. En la matière, rien ne peut être de trop surtout que le pays n’a pas une tradition dans le domaine des sondages d’opinion et que partout ailleurs ceux-ci ne sont que des indications, tout au plus des tendances à un moment « T » que les réalités peuvent venir infirmer.

En effet, quels que soient les sondages, leurs résultats sont contestables et leurs analyses peuvent diverger en fonction des centres d’intérêts. Ainsi on pourra toujours épiloguer sur l’intérêt des questions posées, la manière dont le questionnaire a été administré, l’échantillonnage, l’interprétation des résultats, etc. A chacun d’en tirer les profits et de rejeter ce qu’il veut.

A ce jeu, personne n’a de comptes à rendre à qui que ce soit et choisir de jeter l’anathème sur les auteurs ou leur travail ne serait que faire montre d’un nanisme intellectuel et éthique. Nous devrions au contraire et tous à l’unisson féliciter le CGD et appeler son ou ses partenaires à l’appuyer davantage pour des sondages qui intéresseraient tout le pays.

En attendant, puisque chacun sait maintenant ce qu’il vaut réellement, nos hommes politiques feraient mieux de se mettre au travail. Il y a loin de la coupe aux lèvres dit-on. Donc il ne leur reste qu’à retrousser les manches. Avec eux les hommes de médias qui ouvrent aux politiques leurs colonnes à longueur de journées et d’éditions sont en partie fixés sur leur poids réel dans la construction de leurs images. Apparemment on s’était accordé plus d’importance que les réalités ne l’autorisaient. Une remise en cause s’impose donc et à défaut de travailler les déclarations qui tombent chaque jour dans les rédactions, il pourrait les « sucrer » tout simplement que la démocratie ne s’en porterait pas plus mal. Merci au CGD !

Cheick AHMED
L’Opinion

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