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Economie burkinabè : Les affaires de charbon fin et des sociétés de trading n’ont pas été résolues en 2019

Publié le vendredi 3 janvier 2020 à 12h00min

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Economie burkinabè : Les affaires de charbon fin et des sociétés de trading n’ont pas été résolues en 2019

L’année 2019 a été marquée par une montée vertigineuse du sentiment anti-français. Il est particulièrement dénoncé la présence de l’armée française au Sahel et l’ingérence française dans le système du franc CFA de l’UEMOA et même dans l’Eco, la nouvelle monnaie de l’espace communautaire, en passe de devenir commune à l’ensemble des pays membres de la CEDEAO. En 2019, les affaires des sociétés de trading et de charbon fin ont aussi alimenté les débats économiques, juridiques et politiques. Un tour d’horizon sur les faits qui ont marqué l’actualité économique en 2019.

L’actualité burkinabè a été marquée par l’affaire des sociétés dites de trading. Une affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Ces sociétés ont fait l’objet de saisies conservatoires de leurs comptes, ouverts dans les livres de certaines banques de la place en 2019, pour faits d’escroquerie, de complicité d’escroquerie, de soustraction à l’impôt et de blanchiment de capitaux.

A partir de cet instant, ce sera le cauchemar pour ces sociétés et particulièrement pour les personnes qui leur ont confié leur argent. C’est dans la prise en charge de ce problème que le parquet a été saisi d’un rapport dont la seule transmission à ses services l’a obligé à ouvrir une information pour confirmer ou infirmer les soupçons.

« A ce jour, l’instruction ouverte est en cours et le juge d’instruction en charge du dossier s’affaire laborieusement à mener les investigations appropriées pour la manifestation de la vérité », avait annoncé le procureur du Faso, Harouna Yoda, dans un communiqué en date du 25 octobre 2019. Cette affaire, loin de connaître un dénouement, promet d’être au rendez-vous du théâtre des affrontements sur les plans juridique et politique en 2020.

L’affaire dite « charbon fin » de la société minière Iamgold Essakane, dans laquelle sont impliqués l’entreprise Bolloré, la douane burkinabè et le ministère des Mines, a aussi fait la Une de l’actualité burkinabè. Il est reproché à Iamgold Essakane une tentative d’exportation frauduleuse d’or contenu dans du charbon fin, dont le traitement rapporterait plusieurs milliards de francs CFA, en complicité avec les institutions suscitées. Le dossier reste toujours pendant en justice et reste parmi les grands chantiers de 2020 de la justice burkinabè.

En outre, le rapport 2018 du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) place la Direction générale des douanes en tête de liste. Elle est suivie de la police municipale et de la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM). En 2017, ce classement positionnait la police municipale en tête de liste.

Le colonel Mamadou Boukma de la DGTTM avait expliqué ce phénomène par la vulnérabilité des services suscités et les habitudes des usagers, qui ne veulent pas suivre les voies normales, mais cherchent toujours à connaître une personne pour la résolution de leur problème. Cette situation a conduit la Direction générale des douanes à s’engager sur des chantiers de reformes de l’institution avec le projet de modernisation de l’administration douanière et le développement d’une nouvelle stratégie qui va permettre de corriger certaines imperfections inhérentes non seulement au fonctionnement des services de la douane, mais aussi aux personnes étrangères à cette administration.

Sur le plan de la gestion économique, le Burkina Faso a fait figure de bon élève de l’UEMOA en 2019, avec plus de 84% de taux de réalisation des réformes communautaires, selon la revue annuelle des réformes politiques, programmes et projets communautaires de l’UEMOA. Sur 113 textes de l’Union, le Burkina a exécuté entièrement 70. Les 23 autres textes ont été mis en œuvre entre 40 et 99%.

Les textes portent sur trois domaines que sont la gouvernance et la convergence macro-économique, le marché commun et les politiques sectorielles. Il est remarqué qu’il y a eu un effort d’investissement de la part du gouvernement dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’hydraulique, de l’énergie, de l’éducation et de la santé. En revanche, la Banque mondiale et la Société financière internationale (SFI) montrent dans une étude-diagnostic que les investissements privés au Burkina restent faibles malgré la croissance robuste et soutenue au cours des 20 dernières années.

« Malgré une croissance robuste d’environ 6% l’an, tirée par l’exportation du coton et de l’or, les investissements privés restent faibles au Burkina Faso et ne représentent que 13% du PIB, soit à peine 1,5 milliard de dollars par an », lit-on dans le rapport de l’étude.

Le document tire la conclusion que la faiblesse des investissements privés semble provenir d’un manque de possibilités d’investissements, inhérent au sous-développement du secteur privé du Burkina Faso. Le rapport ajoute le constat amer que l’emploi au Burkina Faso ne permet pas de sortir de la pauvreté, car le secteur informel est prédominant et représente 85% des emplois non-agricoles.

Aussi, depuis l’adoption en 2016 de la loi sur le Partenariat public-privé (PPP), l’Etat burkinabè n’a pu réaliser que cinq projets contre 94 adoptés en 2016. Ce sont entre autres la modernisation des titres de transports et des passeports, et la construction de l’autoroute de contournement de la ville de Ouagadougou.

Un taux d’exécution relativement faible de 5%, que le ministère de l’Economie explique par le fait que la matière est assez nouvelle et que tous les acteurs y font leurs premiers pas. Les insuffisances relevées sont la non-maturité des dossiers qui avaient été inscrits et le manque d’étude de faisabilité des dossiers. En 2020, l’Etat promet de réaliser environ 18 projets.

En 2019, le Burkina Faso a institué de nouvelles taxes telles que la taxe sur les véhicules à moteur et l’extension de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) aux indemnités et primes, mais aussi de nouveaux titres de transport tels que les nouvelles cartes grises et plaques d’immatriculation et le nouveau permis de conduire.

Le ministère du Commerce a aussi entrepris d’interdire l’importation du sucre et des huiles, aux fins de promouvoir les entreprises nationales. Il a aussi entrepris d’interdire l’importation des boissons frelatées afin de promouvoir la pratique des bonnes mœurs, mais aussi d’imposer des images sur les emballages de cigarettes pour prévenir les consommateurs des dangers auxquels ils s’exposent.

Le Label des consommateurs africains s’est aussi invité sur la terre des hommes intègres en 2019, sous l’apanage de trois acteurs que sont le ministère du Commerce, le comité d’éthique du Label et les consommateurs des produits et services. La cérémonie de lancement officiel de ses activités a eu lieu le 26 septembre 2019.

Le Burkina Faso a aussi créé, en 2019, la Caisse des dépôts et consignations (CDC-BF) pour assurer le financement des investissements structurants, les financements sur le long terme et pour la nécessité de sécuriser et de rentabiliser des fonds de pension et d’épargne. Un fonds de 20 milliards de F CFA a été alloué à cette caisse à l’ouverture.

Une partie des ressources de placement de La Poste Burkina, de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO), des dépôts de garantie constitués par les usagers auprès de grands concessionnaires de service public (ONEA, SONABEL, etc.) sera mise à la disposition de la CDC-BF pour renforcer sa capacité d’intervention.

Sur le plan sous-régional, les pouvoirs exécutifs des pays membres de l’UEMOA ont annoncé l’abandon du franc CFA pour une nouvelle monnaie appelée Eco. Cette monnaie devrait garder du franc CFA, la parité fixe avec l’Euro, garantie par la France.

Les représentants français dans les instances de décisions et de gestion du F CFA vont partir et le dépôt de 50% de réserves de la zone au Trésor français sera suspendu et le compte fermé. Une annonce qui n’est pas du goût de certains économistes de la zone, qui estiment que, dans les conditions annoncées, la monnaie Eco sera un « sous-CFA ou un néo-CFA ».

Il y a par ailleurs un revirement des Etats membres de l’UEMOA vers le marché financier régional, pour lever des fonds pour le financement de leurs projets de développement. En 2019, le Burkina Faso a capitalisé neuf interventions sur le marché de la BRVM (Bourse régionale des valeurs immobilières) pour un montant total de plus de 776 milliards mobilisés. Ce qui a fait du Burkina, le troisième émetteur souverain du marché obligataire, après la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

Sur le plan panafricain, il y a eu l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui écarte tout protectionnisme entre pays signataires de l’acte. Un marché très vaste qui compte plus de 1,2 milliard de consommateurs. Cependant, les pays devraient encore amorcer d’autres pas, comme la levée effective des barrières, pour permettre son opérationnalisation.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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