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Lutte contre les mutilations génitales féminines : Une délégation sénégalaise s’imprègne de l’expérience du Burkina

Publié le dimanche 29 décembre 2019 à 20h18min

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Lutte contre les mutilations génitales féminines : Une délégation sénégalaise s’imprègne de l’expérience du Burkina

Le 21 novembre dernier s’est tenue, à Nako (localité située à 42 km de Gaoua), une audience foraine sur des cas d’excision pratiqués sur des mineurs dans cette commune. Organisé par le Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (SP-CNLPE), en collaboration avec le Tribunal de grande instance de Gaoua, ce procès a été suivi par une délégation sénégalaise venue s’imprégner de l’expérience du Burkina Faso.

Dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales féminines, le Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (SP-CNLPE) a organisé, à Kampti et à Nako, dans la province du Poni, courant octobre-novembre 2019, des audiences foraines pour condamner des cas d’excision découverts par les services de l’Action sociale en collaboration avec les forces de l’ordre. Au regard du caractère pédagogique de ces audiences, elles se sont tenues en dehors des palais de justice classique, une façon pour les organisateurs de rapprocher la justice des populations.

L’audience foraine tenue à Nako a été suivie par une délégation sénégalaise venue s’imprégner des avancées du Burkina dans la lutte contre les MGF depuis une trentaine d’années. Cette délégation multidisciplinaire est constituée entre autres des ministères en charge de la Justice, de la Santé et de la Famille, de l’UNFPA, de l’UNICEF, nous confie Julien N’gane N’Dour, magistrat et chef de la délégation sénégalaise. Puis de justifier : « Nous avons choisi le Burkina parce que nous avons la même problématique de mutilations génitales féminines, notamment l’excision : une loi ancienne comme celle du Burkina dont l’application pose des difficultés. Nous avons été choisis pour venir nous inspirer de l’exemple de ce pays qui a un leadership en termes d’application de ces lois… ».

Pour Soukeyna Ndaw Diallo, juriste, chargée de programme à la Direction de la famille et de la protection des groupes vulnérables du ministère sénégalais de la Famille, « nous sommes venus au Burkina parce que ce pays a beaucoup de similitudes avec le Sénégal en termes de cultures, de religions. A la différence du Sénégal, nous avons remarqué que le Burkina a beaucoup de progrès en faveur de l’abandon des Mutilations génitales féminines (MGF) et surtout une réelle application de la loi qui se traduit par la tenue de procès ».

« En 20 ans d’application, le Sénégal a tenu huit procès. Nous avons une prévalence [de l’excision] de 24% des femmes en âge de procréer, 14% pour les enfants de 0 à 15 ans ; une prévalence très hétérogène en fonction des régions », ajoute Soukeyna Ndaw Diallo.

Au sortir de cette audience foraine, les membres de la délégation sénégalaise n’ont pas manqué d’exprimer leur satisfaction. « Au-delà de l’aspect judiciaire, ce qui a marqué, c’est l’aspect sensibilisation. Avant l’arrivée au tribunal, il y a eu de la sensibilisation avec les communautés. Et en plus, avant de débuter le procès, les organisateurs et les autorités ont fait une visite de courtoisie chez le chef du village, ce qui traduit une forme d’attachement à la tradition et aux autorités locales, parce que cette lutte ne peut bien se mener sans l’implication des leaders coutumiers », a exprimé madame Diallo.

Même satisfecit chez le chef de la délégation sénégalaise, Julien N’Gane N’Dour : « Nous avons été témoins de ce procès qui a été une réussite et au-delà de l’aspect pédagogique et dissuasif, nous avons remarqué une présence massive des populations rurales où ces pratiques existent, ce qui pouvait ne pas être le cas si le procès se tenait en milieu urbain ». Pour lui, ce qui est important, ce n’est pas la peine qui est prononcée mais l’aspect pédagogique ».

« Avec ce voyage d’échanges et de travail, nous avons reçu beaucoup de bagages qui pourront nous servir au Sénégal pour lutter contre cette pratique, parce que ce problème ne concerne pas un seul pays mais pratiquement toute l’Afrique de l’Ouest », a onclu Julien N’gane N’Dour.

Boubacar Tarnagda

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