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Politique étrangère du Burkina Faso : Le prix du pragmatisme

Publié le lundi 5 septembre 2005 à 08h10min

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Le Burkina Faso, "terre d’asile préférée" des opposants politiques africains. Le Burkina Faso, un "camp d’entraînement" pour les déstabilisateurs des régimes voisins. Le Burkina Faso, un "Etat terroriste" dirigé par des aventuristes qui ont fini par isoler leur pays sur le plan international et dont la politique suicidaire d’ingérence dans les affaires des autres nous coûte cher.

Que n’a-t-on pas dit et écrit sur la politique étrangère du pouvoir en place et plus particulièrement du chef de l’Etat, Blaise Compaoré, l’inspirateur principal de notre diplomatie ?

Dans un sondage, le premier du genre dans notre pays, du Centre pour la gouvernance démocratique, le chef de l’Etat est "plébiscité" par 85 pour cent des sondés pour sa politique étrangère. L’explication à ce plébiscite tiendrait, entre autres, à la fermeté de Blaise Compaoré envers le régime ivoirien accusé d’exactions sur la communauté burkinabè en Côte d’Ivoire et aux nombreuses rencontres internationales au Burkina Faso.

Alors que la diplomatie burkinabè est décriée, vilipendée dans des milieux et organisations politiques, surtout de l’opposition burkinabè, le leader du Mouvement pour la tolérance et le progrès (MTP), Nayabtigoungou Congo Kaboré, candidat à la présidentielle de novembre 2005 comme Blaise Compaoré tient un tout autre langage sur ce sujet. Cet opposant bien connu du pouvoir en place pour son "attachement et ses références" à feu Thomas Sankara n’a pas hésité à apprécier fort positivement la politique étrangère du président du Faso. Quelles que soient les limites ou la fiabilité des résultats de ce sondage surtout dans un domaine aussi délicat et complexe que la diplomatie, il mérite réflexion. A deux mois de la présidentielle, la politique étrangère de Blaise Compaoré sera certainement un des thèmes de campagne de certains de ses adversaires et même de ses partisans.

Ces derniers, sans nul doute, balayeront du revers de la main les accusations selon lesquelles le Burkina Faso serait isolé du fait de ses "ingérences" dans les affaires des autres et de son "soutien" aux opposants de pays voisins. Ils soutiendront que le Burkina Faso est devenu une plaque tournante des rencontres internationales et un passage obligé pour le règlement des problèmes du continent.

L’honnêteté intellectuelle recommande qu’on reconnaisse, même avec des nuances, qu’il y a du vrai dans tout ça et que le mérite revient en tout premier lieu à Blaise Compaoré. Puisqu’en tous les cas il est le seul habilité par la Constitution à engager le Burkina Faso à l’extérieur.

A son accession au pouvoir en octobre 1987, dans des conditions difficiles, Blaise Compaoré est parti d’un constat établi par la Révolution d’août 83 : la "dévalorisation" de l’Etat burkinabè au motif qu’il est "pauvre". Il lui a fallu nécessairement mettre fin à cet état de fait qui ne tenait pas compte des réalités historiques et sociales du pays. D’où la mise en œuvre d’une diplomatie ferme et sans complaisance guidée par une lecture patriotique des rapports inter-Etatiques, avec bien sûr, la prise en compte des intérêts des autres. Bref, il s’agit, avec les concours de nos parlementaires, d’une diplomatie de développement, faite de réalisme et de pragmatisme.

Les résultats ne se sont pas fait attendre : le Burkina Faso, dans son émergence, s’est façonné une nouvelle image au plan sous-régional, continental et international. Blaise Compaoré était sur des terrains de médiation pour résoudre des conflits au Mali, au Niger, au Tchad, au Togo, au Congo, au Soudan. Tout en restant ferme, il a participé à la recherche de la paix chez les voisins de Côte d’Ivoire.

Sur le terrain économique, Blaise Compaoré a été désigné par ses pairs pour défendre devant l’OMC le coton africain. La tenue des rencontres comme celle de l’OUA, de la Francophonie, de France-Afrique, de la CEN-SAD pour ne citer que celles-ci ont accentué le rayonnement du Burkina Faso.

Tout cela n’aurait pas été possible sans la paix sociale. Il faut tout de même signaler que la mort tragique du journaliste Norbert Zongo en décembre 1998 dans des circonstances non encore élucidées a porté un coup dur pendant un certain temps à l’image du pays. Malgré tout, la IVe République a été une période fructueuse sinon la plus faste de la diplomatie burkinabè. C’est le prix du réalisme, du pragmatisme.

C’est cette politique d’ouverture et de dialogue que les sondés du Centre pour la gouvernance démocratique ont saluée en plébiscitant Blaise Compaoré à travers sa politique étrangère.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

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