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"L’axe Ouagadougou - Lyon est très fort" Pr Jean-Claude Pfeffer

Publié le lundi 5 septembre 2005 à 07h52min

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Voilà maintenant trois ans que l’Université "Jean Moulin, Lyon 3" entretient des relations académiques avec sa consœur de Ouagadougou. En visite de travail à Ouagadougou, le Pr Pfeffer, directeur du développement international de Lyon 3 a échangé avec nous sur ce partenariat ainsi que sur divers autres sujets.

Sidwaya (S.) : Pr Jean-Claude Pfeffer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous situer sur l’objet de votre visite à Ouagadougou ?

Pr Jean-Claude Pfeffer, (J. C. P.) : Disons pour répondre indirectement à votre question qu’il y a maintenant trois ans, à la suite d’une rencontre entre le consul général du Burkina Faso à Lyon et le président Blaise Compaoré ici à Ouagadougou, l’idée d’améliorer le système universitaire du Burkina Faso a germé.

Sous l’impulsion du président Compaoré, il a été décidé la création d’un master en administration des affaires à l’Université de Ouagadougou. L’originalité étant que c’est un diplôme de l’Université Jean Moulin délivré ici à Ouagadougou.

Une filière ouverte non seulement aux Burkinabè mais aussi aux étudiants de la sous-région, ce qui fait de l’Université de Ouagadougou un centre important en matière de gestion pour la sous-région. En tant que professeur de droit international, je viens délivrer un cours aux étudiants de la première promotion et procéder avec mes collègues burkinabè à la sélection des étudiants de la deuxième promotion qui commence en novembre. Cela au regard de ma fonction qui fait de moi un "créateur" de diplômes à l’étranger.

S. : Donnez-nous plus de détails sur cette filière.

J. C. P. : Il y a huit ans, nous avons créé la même filière à l’Université de Canton en Chine. Nous nous sommes rendus compte qu’il existait très peu de formation délocalisée en gestion sur le continent africain. Pour pallier ce déficit, nous avons choisi le Burkina Faso, pays démocratique dont le système d’enseignement fonctionne bien. Qui plus est, nous y avons trouvé des personnes qui correspondaient à la philosophie qu’on avait de l’enseignement supérieur.

Pour tout couronner, la région Rhône - Alpes et la ville de Ouagadougou ainsi que celle de Bobo-Dioulasso sont en très bons termes. Par la suite, mon attachement pour le Burkina Faso et sa classe politique est allé grandissant. Ce qui est fantastique, c’est l’engouement pour le programme, en témoigne la qualité des dossiers. Les enseignants sont payés par Lyon III. Cependant chaque étudiant reçoit une dotation en livres d’une valeur de 300 000 F CFA. A terme, nous envisageons la création d’un fonds bibliothécaire.

S. : Quelles sont les conditions pour accéder à la filière ?

J. C. P. : Nous avons trois types de profils. D’abord les maîtrisards ayant une expérience professionnelle et les jeunes brillants qui désirent faire un troisième cycle. Ensuite ceux qui n’ont pas fait d’études très longues et qui veulent revenir sur les bancs. Enfin les titulaires d’un DUT (diplôme universitaire de technologie) qui ont cinq ans d’expérience professionnelle. Dans la première promotion il y a ainsi de très hauts cadres de l’administration burkinabè mais je dois préciser que la sélection est faite de manière très objective.

S. : L’Université Jean Moulin a fait Blaise Compaoré Docteur honoris causa. Quels critères ont guidé ce choix ?

J. C. P. : Dans la façon de gérer son pays, Blaise Compaoré est un exemple. Et, tout ce qu’il a entrepris pour l’éducation, la femme toutes ces transformations socioéconomiques bénéfiques pour les populations méritaient cette marque d’estime et d’amitié. Peu de présidents en Afrique ont cette stabilité, cette stature et cette reconnaissance internationale. Il vous souviendra que le rôle joué par le président Compaoré sur certaines questions internationales notamment le coton a été très important. Ce qui fait que le Burkina Faso correspond à la philosophie qu’on a de ce que doit être un Etat africain. Sachant que le président du Faso allait en Thaïlande nous avons intercédé auprès de nos amis thaïlandais pour que le même honneur lui soit fait. Cela en raison du rôle important qu’il joue aussi dans le mouvement francophone. Du reste, une chaire, Léopold Sédar Senghor existe à l’Université de Ouagadougou, avec comme titulaire le président de l’Université de Ouagadougou le professeur Paré. L’axe Lyon - Ouagadougou est très fort et je crois que l’on va essayer de développer la coopération.

S. : Votre appréciation sur le "Non" français à la constitution européenne.

J. C. P. : C’est un problème de politique intérieure. Je crois que l’on a très mal présenté le problème de l’entrée de la Turquie dans l’Europe. Et puis en France, le climat est plutôt morose. C’est un Non de refus, frileux. Cela n’est pas de bon augure car l’Europe pouvait apporter une réponse à la mondialisation. C’est du reste pour cela que cette filière est très importante car elle est synonyme d’ouverture, d’échanges et donc de compréhension mutuelle. On explique aux jeunes comment se prendre en charge et améliorer leurs performances. La formation s’est étalée sur l’Asie, le Proche-Orient, l’Afrique et tient compte des spécificités culturelles pour que le commerce international fonctionne mieux.

A terme il faudra créer des doubles diplômes pour avoir un vivier de personnes qui peuvent se former selon les méthodes les plus modernes sans avoir besoin d’aller en Europe. En termes de coûts c’est fantastique. Que cette expérience perdure donc grâce à l’appui du président Compaoré et des autorités lyonnaises et que l’on puisse créer un courant d’affaires entre le Burkina Faso et la France et la région lyonnaise en particulier.

Propos recueillis par B. SY
Sidwaya

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