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Tribulations de l’Alternance 2005 : Décidément, ils n’ont rien compris

Publié le vendredi 2 septembre 2005 à 07h49min

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Plus la présidentielle approche, plus le regroupement hétéroclite "Alternance 2005" perd le nord. Outre que les personnes qui le composent sont aux antipodes les unes des autres, en tout cas pour ce qui est des motivations originelles de leur combat politique, il y a surtout le fait qu’elles sont incapables de donner une ligne directive à leur action.

C’est bien la preuve qu’il n’est pas aisé de s’asseoir entre deux chaises car comment réaliser le point de convergence entre des sankaristes (UNIR/MS), des anciens révolutionnaires anti-sankaristes (PAI Philippe, GDP) et des libéraux adeptes du capitalisme le plus sauvage qui soit (UNDD) ? Question jusque-là sans réponse.

Ainsi donc, ils veulent déporter leur combat pour l’alternance sans alternantive (dixit Hermann Yaméogo) dans les pays voisins. Subitement par une sorte d’illumination géniale, les "alternateurs" se rendent comptent qu’il vaut mieux être connu avant d’accéder au pouvoir. Depuis 1991, 14 ans, ils ne se sont pas encore connus. Incroyable ! Loin de nous l’idée de ridiculiser cette belle initiative ou ces tentatives bon enfant d’une opposition d’exister, d’avoir un peu de visibilité après de nombreuses années passées à fuir le débat et plus grave, le combat. Mais comment faire rêver un électorat en choisissant de se calfeutrer dans les salons de Ouagadougou pour envahir les journaux de récriminations et plus préoccupant de fuir hors du pays ?

La question mérite qu’on s’y attarde, d’autant plus que cette même opposition chante à longueur de journées que le Burkina Faso se trouve dans une situation catastrophique qui nécessite une thérapeutique de choc. Pourquoi alors, le médecin en chef (l’opposition non gâteau of course) choisit-il au moment critique d’abandonner le malade pour une opération dont le résultat final est fort douteux ?

Sur toute la ligne

Décidément cette opposition là n’a rien compris. Telle est la seule réponse objective à tous ces questionnements. L’électeur celui qui fera que l’alternance sera on ne sera pas n’est pas à l’extérieur. Et quand bien même, il s’y trouverait, on n’a pas encore vu un seul candidat aller vers lui, sauf dans les cas presque rares où un pays accueille un grand nombre de ressortissants du pays engagé dans la présidentielle. Et puis comment donner du crédit à une tournée lorsque la raison qui la sous-tend est si futile. Se faire connaître ! Non seulement, il est trop tard pour cela, mais aussi on veut bien savoir-en tout cas cet extérieur - qui est le champion de cette association bigarrée. Les opposants sénégalais ont réussi leur alternance, parce qu’ils avaient un leader, un patron charismatique à qui chaque électeur pouvait s’identifier. Qui est le champion de "Alternance 2005" ? Quel est celui des trois, sans oublier le grand Issa Tiendrébéogo qui portera cette volonté de changement ? Ou bien comme on s’en doute chacun plaidera pour sa chapelle sachant fort bien qu’une présidentielle est la rencontre entre un homme et un électorat. Enfin pour la gouverne de "Alternance 2005", les chefs d’Etat reçoivent les oppositions avec un leader clairement connu (cas de la Guinée avec Alpha Condé). Et d’ici sont-ils déjà en train de s’amuser de cette opposition burkinabè qui croit réussir l’alternance avec mille candidats.

Sur un piédestal

"Alternance 2005" fait du dilatoire au lieu d’aller à l’essentiel. Elle dit avoir du mieux à proposer et être capable de donner du bonheur à chaque Burkinabè. Mais jusqu’à maintenant, elle oublie de dire comment et par quelle voie.

Si on devait s’en tenir au chapelet égrené en 16 axes d’un de ses candidats, Phil’O comme le nomme ses partisans il est acquis que même lui n’y croit pas une seule seconde. Une généralité à faire doucement rigoler un bébé politique. Eradiquer le chômage au niveau des jeunes, rendre la santé accessible à tous, développer le sport, combattre la discrimination à l’égard des femmes, éduquer de façon efficiente les enfants, n’en jetez plus, la coupe est pleine. Au delà de l’intention simpliste, c’est quoi sa différence avec un autre ? Même le dernier militant d’une association de la société civile peut nous sortir cette liste à dormir debout. La santé pour tous d’ici l’an 2000, on connaît déjà. Il va falloir chercher encore. Mais à dire, il faut comprendre qu’entre insulter l’autre et convaincre de son talent à diriger au plus haut niveau, il existe un gouffre insondable. Et puisqu’"Alternance 2005" par Hermann affirme qu’on ne peut faire l’alternance sans alternative, il n’est pas bien utile de se fouler sa rate sur le programme de gouvernement encore moins sur l’ambition.

Alors, elle s’arrange chaque fois pour porter Blaise Compaoré sur un piédestal. Sinon elle n’aurait pas demandé au président du Faso "où on va avec lui". Naïvement, nous espérions plutôt que "Alternance 2005" nous dise "où irons-nous avec elle" ? Poser cette interrogation au président actuel, c’est admettre que lui seul a la carrure et le talent pour présider à notre destinée. Peut-être ont-ils raison de jeter le manche avec la cognée. Car on ne peut pas aller à un combat comme une présidentielle et se déclarer déjà perdant à cause "de toute les ressources de la fraude électorale". Si tel est le cas, vraiment les quatorze adversaires de Blaise Compaoré sont des c... de compétir en sachant sûrement qu’ils n’auront que dalle au bout.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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