LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Leçons politiques d’un sondage : Pourquoi il a cette nette longueur d’avance ?

Publié le vendredi 2 septembre 2005 à 07h50min

PARTAGER :                          

Le sondage initié par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) ne constitue pas seulement une première pour notre démocratie. Il permet d’avoir une lecture plus éclairée de la place des uns et des autres sur l’échiquier politique national.

Au moment où se profile une échéance électorale d’importance, la désignation pour cinq ans de celui qui va présider à notre destinée, cette initiative, toute proportion gardée bien entendu, a valeur de document historique. Les résultats auxquels est parvenu ce sondage permettent à notre humble sens de tirer deux enseignements majeurs.

Il s’agit d’abord de l’envergure d’homme d’Etat écrasante de Blaise Compaoré. Malgré tout ce qu’a pu dire l’opposition sur le bilan politique de l’homme, le citoyen a lui apporté une tout autre vision, bien loin de l’image apocalyptique peinte chaque jour à longueur de colonnes de journaux.

Dans un environnement mondial marqué par une crise sans pareilles - guerres tribales et de conquête, flambée des prix des hydrocarbures, dérèglementation des marchés, fluctuation incontrôlée du cours du dollar - le Burkina Faso, pays sans ressources marquantes, tire, malgré tout, son épingle du jeu. C’est cette performance hors du commun qui vaut au président du Faso, d’être sur une autre planète par rapport au reste de la troupe.

Si Ouagadougou la "frondeuse", ville où l’agitation et la contestation sont les plus fortes, concentration des intellectuels oblige, a ainsi plébiscité Blaise Compaoré, ce sondage rapporté à l’ensemble du territoire aurait été véritablement douloureux pour une opposition en mal de repères.

Il a fait la preuve que le peuple sait reconnaître les siens. Entre l’ouvrier trimant à longueur d’années à la tâche et l’option de la critique facile et simpliste faite par l’opposition, il a compris qu’il n’y avait pas de choix à opérer. C’est naturellement que les sondés ont aisément trié le bon grain de l’ivraie. Entre la force tranquille d’un Blaise Compaoré et l’activisme désordonné de l’opposition, il a su mettre chacun à sa juste place en préférant la proie à l’ombre.

Le deuxième enseignement est celui, ramenant l’opposition à sa triste réalité. Divisée, éparpillée et au discours inconsistant, elle récolte ce qu’elle a semé plus d’une décennie durant.

L’action politique allie à la fois responsabilité, don de soi et esprit de suite. Elle se démarque de l’utilisation abusive des médias et de l’entretien pernicieux de la culture de la haine. Comment l’opposition avait-elle pu croire qu’elle pouvait traîner la majorité dans la boue sans en être elle aussi éclaboussée ?

A force de refus d’avancer ses propositions alternatives, d’arpenter le chemin de la politique politicienne, son poids au sein des masses se révèle être celui d’une plume.

C’est pourquoi, ce sondage doit être pour elle une opportunité de changer sa manière de faire, de se comporter et de dire. Les chiffres sont si accablants que tout autre attitude finirait de convaincre qu’elle ne sera jamais une alternative valable au pouvoir en place.

Il lui faudra opter entre pragmatisme et mirage parce que le sondage a aussi affirmé la lucidité du citoyen. Pendant de nombreuses années, on nous a fait croire que son choix n’était pas le sien. Eh bien, il serait désormais difficile avec ce sondage de tenir les thèses selon lesquelles, la fraude constitue le secret des victoires du parti majoritaire.

En résumée, la vérité appartient et appartiendra toujours au peuple, quoi que ce terme ne plaise pas toujours. Surtout que diront certains, mille deux cents personnes ne remplaceront jamais cinq millions d’électeurs potentiels. Ce sondage est déjà ça de gagner !

Comme l’ont dit beaucoup d’observateurs avant le sondage du CGD, il n’y a pas match entre Blaise Compaoré et les quatorze autres candidats. L’avance qu’il a à travers un tel exercice, produit de la démocratie, traduit la suprématie de son projet plus fédérateur et producteur de résultats visibles. Les acquis sont là et il lui est demandé de les consolider et de créer une nouvelle dynamique pouvant les pousser plus loin encore.

Dans un tel contexte où pour l’essentiel la politique menée par le président du Faso a la caution incontestée, l’opposition est contrainte de changer. Notamment en cessant de fanfaronner et en se débarrassant de ses habits d’irréductible vendeur de rêves et de fantasmes. Son salut assurément passe par là.

Souleymane Koné
L’hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Groupe des cinq : Savoir raison gardée
La gueule de bois des lendemains électoraux !
Les leçons d’un scrutin
Présidentielle 2005 : Ce qui devait arriver arriva
L’opposition burkinabè : Les causes d’une défaite
Analyse des résultats : On récolte ce qu’on a semé
Présidentielle au Nahouri : Le PAI analyse sa défaite
Election présidentielle : L’AJCBC dit merci à la jeunesse