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Honorine Marie Désirée Damiba : une battante à la tête de la SOTRACO

Publié le lundi 12 septembre 2005 à 07h49min

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Dans la capitale burkinabè, le transport en commun urbain a un visage féminin : Honorine Marie Désirée Damiba née Goungounga, directrice générale de la Société de transport en commun de Ouagadougou (SOTRACO).

La quarantaine bien sonnée, mariée et mère de trois enfants, elle dirige l’unique compagnie de transport urbain du Burkina Faso depuis sa création en 2003. Mme Damiba peut être perçue comme une spécialiste dans son domaine.

Son nom est bien connu dans le secteur des transports tant dans son pays qu’à l’extérieur. Et c’est avec passion qu’elle parle d’un domaine qui n’a plus de secret pour elle : "Je ne sais que faire du transport. Je n’y étais pas prédestinée mais ma formation universitaire m’avait donné les rudiments nécessaires (transit, douane) sur ce secteur -là".
Une dame des transports

Nantie d’une maîtrise en droit des affaires en 1985 à l’Ecole supérieure de droit (ESD) de l’Université de Ouagadougou, Mme Damiba embrasse une riche carrière dans les transports. Elle s’illustre comme une femme du sérail. Jeune diplômée, elle affûte ses armes dans le transport terrestre maritime et aérien au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) en 1987, en tant que juriste.

Elle voyage à travers les cinq continents, tisse des relations et se forge une réputation sur ce terrain. "Le transport est un monde convivial". Très vite, elle gravit les échelons au CBC : chef de service transit, chef de service frêt, directrice transit et fret. C’est à juste titre qu’elle est sollicitée en 2001 pour mettre en place une compagnie à vocation sous-régionale : "Transport Confort voyageurs (TCV)". Société qu’elle a dirigée jusqu’à sa nomination en 2003 à la tête de la SOTRACO dans laquelle TCV est actionnaire.

Son expérience et sa rigueur dans la gestion ont sans doute pesé dans sa désignation. La nouvelle société doit relever un grand défi : "Le bus avait disparu de la capitale. Il fallait tout recommencer à zéro. Les citadins étaient sceptiques. Tout le monde attendait de voir".

L’ambition d’une mère, la force d’une aînée

Un grand challenge pour Mme Damiba. Les deux précédentes sociétés de transport en commun urbain (X9 et SOTRAO) ont échoué. A la tête d’une Société anonyme (SA) au capital de 800 millions de FCFA, d’un parc de 55 bus et de 167 employés, Honorine Marie Désirée doit tout organiser pour donner confiance aux actionnaires et satisfaire les usagers. D’entrée, elle confie la vente des tickets à une agence pour s’occuper de ce qu’elle connaît le mieux. Preuve d’une nouvelle approche manageriale.

Les difficultés ne tardent pourtant pas : les bus ont circulé presque vides (2 % de taux de remplissage), les premiers mois à cause du prix du ticket (200 FCFA). La baisse du coût du ticket à 100 FCFA remet les pendules à l’heure. Aujourd’hui, nos angoisses se dissipent peu à peu : le taux de remplissage atteint 70 % sur des axes. En 2004, la SOTRACO a transporté 8 192 915 passagers et réalisé un chiffre d’affaires de 986 890 880 FCFA. Mais en bonne gestionnaire, Mme Damiba n’est pas satisfaite : "Le coût de production est de 143 FCFA et la société perd 200 millions par an". Son souci reste l’étroitesse du réseau (environ 30 % de la ville), l’insuffisance des bus, le coût du carburant, etc. Sereine, cette aînée d’une famille de dix (10) enfants entend user de ses talents de communicatrice pour rallier usagers, employés, actionnaires à ses objectifs et renverser la tendance : "Transporter 20 millions de passagers, couvrir 50 % de la commune augmenter les recettes de 50 % et réduire de 0,5 % les coûts de production".

"Même si elle ne trouve pas à priori de différence entre un homme et une femme, chef d’entreprise, Mme Damiba est consciente des préjugés. "Le travail commence à 4 h du matin et ses termine à 23 h. Je suis une femme. J’ai des tâches ménagères. Je manage en conséquence mon temps pour m’occuper de mon foyer, de mon époux, de mes enfants, de ma famille".

Catholique pratiquante, elle prend en compte la dimension humaine de l’argent, de la famille, de l’amitié et de la politique. "Ces éléments doivent montrer la grandeur des cœurs, rapprocher les êtres humains et témoigner leur participation à la construction de la société", confie-t-elle avec son large sourire et son visage juvénile de battante.

Jolivet Emmaüs
Rabankhi Abou Bakr ZIDA

Sidwaya

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