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Administration décentralisée : des comportements anachroniques

Publié le mercredi 31 août 2005 à 07h58min

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Des hauts-commissaires et des préfets qui détournent des vivres destinés à des populations en détresse, des policiers et des gendarmes qui louent leurs armes à des malfrats, des administrateurs représentants directs de l’autorité du chef de l’Etat, qui se comportent en véritables commandants de cercle de la période coloniale, omniprésents, omnipotents, des représentants de l’Etat qui se livrent à des rackets, se mettent à spolier des populations à qui ils doivent pourtant apporter développement et bien-être, etc.,

voilà qui montre que certains responsables administratifs, commis de l’Etat dans les provinces, ont choisi de lire à l’envers la mission qui leur a été assignée.

La loyauté vis-à-vis de l’Etat, la protection des biens et des personnes, le contrôle de la légalité, le maintien de l’ordre et de la sécurité, etc., tel devrait être brossé, pour ces représentants de l’Etat, leur code de conduite. Mais visiblement, pour certains d’entre eux, seuls ne comptent que leurs intérêts personnels et immédiats.
Comment, dans ce cas, s’émouvoir de l’état de mal gouvernance administrative qui caractérise, bien souvent, les structures décentralisées de l’Etat, mais aussi de leur défaillance ?

Alors qu’elles n’ont pas encore fini d’encaisser les dures réalités de la vie quotidienne, de supporter, et pour longtemps encore, le poids de la misère, les populations rurales doivent faire face à des décisions arbitraires de commis de l’Etat et à leurs indélicatesses. Ces derniers sont toujours prêts à profiter de leur position sociale pour s’enrichir sur le dos des populations et à semer terreur et zizanie au sein des mêmes populations dont ils ont la charge. Que dire par exemple de ces préfets qui, trop zélés, s’attribuent illégalement des rôles, usurpent des fonctions qui ne relèvent pas de leurs compétences et sont les principaux auteurs d’imbroglios politico-socio-culturels dans leur département ?

Censés maintenir la paix sociale notamment et faire preuve de neutralité et de réserve face à certaines situations, certains se comportent pourtant en véritables ennemis de la paix, si ce n’est en dangers publics pour ces populations. Des comportements qui, irrémédiablement, débouchent sur des mécontentements, des déchirements et des blocages, de nature à détruire l’union et l’ordre établis.

Cette situation n’a que trop duré. Il est temps que les populations soient libérées de la tutelle de ces fonctionnaires irresponsables et peu soucieux de l’intérêt général.

Mais, à leur décharge, ces représentants de l’Etat ont-ils toujours bien compris leur rôle ? Ont-ils reçu des lettres de mission, dès le départ, qui leur permettent d’appliquer une sorte de feuille de route ? Car, tout cela, à l’évidence, peut contribuer à éviter des amalgames et des dérapages. Mais au delà, il ne serait pas de trop de veiller aux bonnes moeurs de ceux qui sont censés incarner la vertu, le droit et la légalité dans les structures décentralisées.

Mais s’il y a de telles dérives, elles ne sont pas étrangères à la mauvaise perception que bien des fonctionnaires se font des affectations. Elles sont considérées le plus souvent comme la marque d’une sanction administrative. Une perception qui engendre malheureusement manque de motivations, abandons de postes pour des affaires juteuses. Mais à cette allure, on court le risque de mettre en danger le symbole de l’autorité de l’Etat.

Il n’est pas rare que des préfets, en ce qui les concerne, soient appelés par les populations rurales, commandants, pour ne pas dire commandants de cercle, comme pour coller aux vieilles pratiques coloniales. Il n’est pas rare non plus que ces responsables locaux reçoivent indûment des cadeaux des populations qui sont sous leur autorité. On dirait naturellement que c’est l’Afrique. Mais on ne trouverait rien à redire si cette forme de sociabilité ne débouchait pas sur des rapports malsains de subordination et sur des situations de dépendance et de peur.

Une révolution des mentalités est assurément nécessaire. Le fait, pour une autorité, de refuser des dons provenant de gens très pauvres, n’est pas dans l’ordre de l’impossible, si tant est qu’elle n’est pas venue pour s’enrichir et se comporter en "commandant", la seule différence étant l’absence de casque colonial. Au total, trop d’immixtions mal placées, trop de comportements véreux, etc., caractérisent notre Administration dans les provinces. C’est probablement sous cet angle qu’il faut comprendre, entre autres, le coup de colère du chef de canton de Gaoua.

Le Pays

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