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Littérature africaine :Une étude sur l’esthétique négro-africaine

Publié le vendredi 2 janvier 2004 à 13h05min

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"Les grands traits de l’esthétique négro-africaine dans la carte d’identité de Jean-Marie Adiaffi", c’est le thème du mémoire qu’a soutenu l’étudiant Lamoussa Tiaho pour l’obtention du Diplôme d’études approfondies (DEA) en Lettres modernes, option sciences du langage. Après avoir apprécié la qualité scientifique de son travail, le jury lui a décerné la mention très honorable. C’était mardi 23 décembre 2003 à l’UFR/LAC de l’Université de Ouagadougou.

L’esthétique dans le roman négro-africain, un thème qui a longtemps titillé la réflexion de M. Lamoussa Tiaho, fonctionnaire en service dans l’administration parlementaire et étudiant de la 1re promotion du DEA en Lettres modernes.

Il avait déjà abordé ce thème dans son mémoire de maîtrise intitulé "Approche structurale et esthétique négro-africaine dans le carnaval de la mort de Fidèle P. Rouamba".

Dans le cadre de son mémoire de DEA, il a approfondi la réflexion en s’intéressant aux grands traits de l’esthétique négro-africaine dans la carte d’identité de l’écrivain ivoirien Jean-Marie Adiaffi. Carte d’identité est un roman de 159 pages édité en 1980 et primé du grand prix littéraire de l’Afrique noire en 1981. Le fil conducteur qui a guidé le chercheur est l’esthétique africaine et l’ancrage culturel. Pour lui, l’esthétique littéraire de Jean-Marie Adiaffi est ancrée dans la culture Akan ; cette culture exprimée par le peuple Akan, le romancier a su en faire un long plaidoyer en défendant sa langue, ses traditions, sa spiritualité et en précisant le rôle qu’un intellectuel dévoué à la cause de son peuple doit jouer.

Le premier chapitre du mémoire est consacré à la présentation de l’auteur, de son œuvre et surtout à la définition du concept de l’esthétique qui renvoie à la théorie du beau et à l’idéal de beauté. Il a passé en revue la notion de l’esthétique depuis sa conception occidentale à travers les réflexions de Gobineau, Kant, Hume, Hégel et Platon afin de soulever la problématique de l’esthétique africaine avec Harris Memel Fotê. Ceci pour enfin aboutir à l’esthétique littéraire africaine qui se caractérise de plus en plus par un "romanesque polymorphe, proteiforme, pluristylistique et plurilingual".

Après cette définition, il s’est intéressé aux signes et aux marques de l’esthétique négro-africaine dans la Carte d’identité. Pour une œuvre issue d’une société à tradition orale, le Lamoussa Tiaho a procédé à l’identification des signes de la beauté de l’oralité dans le discours romanesque. En cela, il a interrogé la théorie romanesque de Mohamadou Kane sur les "formes" et les "significations" originales du roman africain à travers la survivance de la tradition dans le roman moderne. Il est fort remarquable à ce niveau indique M. Tiaho que Jean-Marie Adiaffi ait fait jouer son double héritage traditionnel et moderne. Pour une "africanisation" des sciences littéraires. Les riches ressources de l’oralité de la tradition Akan ont été mises au service de la langue française à la création romanesque.

"Ce fut aussi le lieu où les différents contextes de création nous ont permis d’examiner les contextes géographiques, éthnologiques, linguistiques et historiques de l’œuvre pour mieux mettre en exergue l’ancrage culturel de la carte d’identité à travers l’esthétique de la parole artistique du groupe Akan", a-t-il souligné. La dernière partie de l’étude de M. Lamoussa Tiaho a été consacrée à une analyse des genres oraux du pays Akan et à leur interprétation.

A ce propos, note le chercheur, le processus de la mise en forme esthétique de la carte d’identité s’est opérée par une stratégie discursive que caractérisent les reprises de la parole traditionnelle, les éléments de la célébration rituelle de la semaine sacrée du groupe Akan et le message des tambours parleurs. Il ressort que : "la carte d’identité est une œuvre où le récit rituel initiatique et celui de la quête identitaire sont tour à tour influencés par l’esthétique des ressources de la tradition orale".

Le roman étant une "pratique esthétique étrangère" à l’Afrique, l’approche critique du chercheur Lamoussa Tiaho se veut une modeste contribution à l’élaboration des théories proches des réalités africaines pour une africanisation des sciences littéraires et partant des sciences sociales et humaines. Le jury a apprécié positivement le travail de recherche. Il a noté la qualité scientifique de la recherche. Par conséquent le jury a jugé le travail recevable. Il a décerné la mention très honorable à M. Lamoussa Tiaho et a initié ce "brillant" chercheur à poursuivre ses travaux dans le cadre de la thèse de doctorat d’Etat.

Le jury était composé du Pr Bernadin Sanon, maître de conférences littérature africaine, président du jury ; du Pr Louis Millogo, maître de conférences, grammairien sémioticien, directeur de mémoire et rapporteur du jury. Dr Salaka Sanou, maître-assistant, sociocritique membre du jury, et du Pr Didace Gampiné, maître-assistant philosophe membre du jury.

Synthèse de Bachirou NANA (bachir.nana@caramail.com)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier 2010 à 19:03, par maxime En réponse à : Littérature africaine :Une étude sur l’esthétique négro-africaine

    Bonjour à toutes et à tous.
    Je me nomme MAXIME SAMA, je suis étudiant en LETTRES-MODERNES , à l’université de BAMAKO. Je m’apprête à affronter le problème de mémoire car je viens juste de passer pour la maîtrise.
    J’ai beaucoup apprécié les grandes lignes du mémoire de l’ancien étudiant en DEA Lamoussa Tiho.
    S’il vous plait est-ce possible pour moi d’avoir un exemplaire du mémoire de l’étudiant ?

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