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Faso Foot : « Je n’ai pas l’ambition de diriger la FBF », assure Yves Sawadogo, promoteur de la Nuit du football africain

Publié le jeudi 21 novembre 2019 à 14h00min

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Faso Foot : « Je n’ai pas l’ambition de diriger la FBF », assure Yves Sawadogo, promoteur de la Nuit du football africain

Il vient de créer un nouveau cabinet de consulting et de lobbying dans le domaine du football spécialisé plus sur l’Afrique avec des activités très variées. Média et communication, Event, Networking, Marketing sportif, Stratégie, Investissement et Patrimoine, Assistance juridique, etc. sont ses domaines de prédilection. Yves Sawadogo, le promoteur de la Nuit du football africain, qui vit désormais à Bruxelles, aborde dans cette interview la performance des joueurs burkinabè évoluant en Europe, le choix du nouvel entraîneur des Etalons Kamou Malo, ainsi que ses relations avec les dirigeants du football burkinabè. M. Sawadogo revient également sur la Nuit du football africain dont la dernière édition s’est déroulée à Lomé et donne son appréciation du championnat national du Burkina Faso. Pour lui, malgré ses contreperformances actuelles, un jour viendra où le Burkina dominera le football africain.

Lefaso.net : Que devient Yves Sawadogo ?

Yves Sawadogo : Je vais super bien. J’essaie de redonner désormais une nouvelle orientation à mes activités après avoir constaté le vide laissé dans notre sport à d’autres, devenus de façon curieuse, des experts de l’Afrique, avec leurs connaissances à eux du peu qu’ils savent de nos réalités africaines. J’ai décidé de lancer un cabinet de consulting. C’est un cabinet qui apportera toute l’assistance nécessaire aux clubs, fédérations, associations de football ou autres projets du genre en Afrique et même ailleurs et il est basé à Bruxelles, ville stratégique au cœur de l’Europe. C’est un nouveau départ pour moi et j’espère avec déjà pas mal d’expérience acquise dans le milieu du football et avec l’accompagnement de mes collaborateurs et amis, un défi passionnant à relever.

Un cabinet de consulting en sport, c’est plutôt rare non ?

En Afrique et au Burkina oui ; mais pas en Europe. Si le consulting existe en politique, dans les affaires, il existe aussi dans le football quand on sait ses enjeux financiers et sociaux. Chez nous en Afrique, du constat que j’ai pu faire, on n’a pas encore suffisamment intégré que le football est un véritable métier qui nécessite un véritable savoir-faire, une spécialité qui demande au quotidien une certaine réflexion et l’élaboration de stratégies pour atteindre des objectifs claires et précis. En Europe, la plupart des dirigeants sportifs sont des chefs d’entreprises, comme chez nous d’ailleurs mais, à la différence que les Européens s’attachent les services de professionnels pour les accompagner dans leurs projets sportifs. Il est donc normal qu’il existe des structures ou organisations spécialisées en la matière capables d’encadrer tout ça de façon plus sérieuse pour ceux qui veulent l’être...Le football a une face cachée que beaucoup ignorent.

Plusieurs Burkinabè vous ont connu surtout à travers la Nuit du football africain. Quels sont les objectifs recherchés à travers cette activité ?

La Nuit du football africain est un événement à vocation panafricaine dont le but est de célébrer les légendes du football africain et d’ailleurs. Elle a aussi pour objectif d’être une plateforme de rencontre et d’échanges entre acteurs du football africain et d’ailleurs afin de mener des réflexions politiques sur certaines causes du retard de notre continent...Le football est l’un des meilleurs canaux pour sensibiliser ou mobiliser et peut contribuer sans doute à relever certains défis en Afrique, notamment les défis de l’éducation, du chômage et biens d’autres.

Les amoureux du ballon rond étaient surpris de ne pas vous voir poursuivre cette activité au Burkina après le succès de la première édition. Qu’est-ce-qui s’est exactement passé pour que vous tourniez le dos à votre pays pour aller tenter l’expérience ailleurs ?

Il faut comprendre que c’est un évènement panafricain. Nous sommes censés aller de pays en pays pour promouvoir le football africain à travers la NFA...
On ne peut tourner le dos à son pays. J’ai un agenda précis. Je sais où je vais. Ceux qui me connaissent très bien savent que j’ai pu souvent apporter ma modeste contribution et dans la plus grande discrétion.

Nous avons entendu dire plutôt qu’entre vous et le président du Faso, les choses ne se sont pas bien passées après l’édition de Ouagadougou…

D’où vous tenez des informations pareilles ? Il faut savoir que le président Roch Marc Christian Kaboré que je connais depuis longtemps par son épouse que je considère comme ma seconde mère, m’a été d’une très grande aide. J’ai un problème avec le président et on me reçoit chez lui à la maison ? Non. Il faut noter que sans lui, jamais on n’aurait pu réaliser l’édition ouagalaise de la Nuit du football africain. Je lui suis reconnaissant pour toute l’implication qu’il a pu avoir et son parrainage.

Les soucis qu’on a eus étaient liés au fait que certaines personnes intoxiquées, pour je ne sais plus quelle raison, ont essayé de m’attribuer des faits qui n’étaient pas vrais. Ils m’ont accusé d’avoir mal géré le budget de l’évènement et pourtant j’avais toutes les preuves justificatives de mes charges. La participation des sponsors n’a pas suffi à couvrir l’évènement et j’ai encore le dossier en ma possession. Ceux qui font l’évènementiel savent de quoi je parle. Le chef de l’Etat connaît désormais la vérité. C’est le plus important pour moi et je n’en dirai pas plus.

Il nous est également revenu que vous êtes parti très déçu du comportement de certains de vos compatriotes...

Déçu ? Pas vraiment. Je connais l’environnement du football fait de petits coups bas et rien ne me surprend. J’ai surtout une chance que je n’avais jusque-là pas véritablement mesurée, les opportunités qui pouvaient s’offrir à moi ailleurs dès lors que j’ai constaté certains agissements déplorables. Nul n’est prophète chez soi. Dans la vie, ceux qui vous soutiennent et de façon sincère, ne sont pas toujours ceux qui vous connaissent très bien. Le football m’a appris beaucoup de choses, surtout sur la nature humaine. Malgré mon jeune âge, j’exerce dans ce milieu depuis 20 ans. C’est un monde similaire à celui de la politique. Je suis habitué à prendre des coups mais surtout à m’en relever.

Quel est l’état de vos relations avec les dirigeants du foot burkinabè...

Je connais la plupart des dirigeants du football burkinabè et tous me connaissent. J’ai de très bons liens avec tous ceux que je connais, du moins j’ose croire qu’ils sont bons.

Il nous est revenu pourtant qu’entre vous et le président de la Fédération burkinabè de football, les relations ne sont pas au beau fixe...

Je pense avoir une relation normale avec Sita Sangaré, le président de la FBF avec lequel j’ai souvent échangé sur certaines questions. II y a toujours eu un certain respect entre le grand-frère qu’il est et le petit-frère que je suis. On ne travaille certes pas ensemble, mais il existe un contact entre nous. Peut-être que lui a un souci avec moi puisqu’on l’a invité officiellement via la Fédération togolaise de football à la dernière édition de la Nuit du football africain à Lomé. Il n’est pas venu, il ne m’a pas non plus appelé. Dès lors, je m’interroge.

Avez-vous des ambitions pour la Fédération burkinabè de football ?

Honnêtement non. Ma position extérieure pour l’instant me convient très bien et je pense qu’on n’a pas besoin d’être forcément à la tête d’une fédération pour apporter quelque chose au football de son pays. Je n’ai pas l’ambition de diriger la FBF. On ne peut pas avoir cette ambition et vivre loin des réalités véritables du football de son pays. Il faut être un peu réaliste.

Quelles sont vos relations avec les dirigeants de la Confédération africaine de football ?

Elles sont très bonnes. J’ai de bons rapports avec le président Ahmad Ahmad, un homme disponible et toujours à l’écoute qui a une vraie volonté de changer les choses. Il y a également Anthony Baffoe et bien d’autres....

Finalement comme vous le dites, vous avez tenu la dernière édition de la NFA à Lomé au Togo... Comment les autorités de ce pays ont accueilli votre évènement ?

Très bien, comme vous avez pu le constater. Nous nous sommes servis des difficultés et expériences des éditions passées pour gagner en maturité. Nous avons surtout compris le côté politique de la chose et nous avons su convaincre les autorités qui ont fortement adhéré à la NFA. Ce qui a donné le succès et la réussite que vous connaissez...C’est la première fois qu’on sort d’une édition sans dette.
On a travaillé avec plusieurs institutions de l’Etat togolais en toute transparence et ce fut une des plus belles expériences que j’ai pu avoir sur le plan professionnel.

A quand le retour de la NFA à Ouagadougou ?

Nous avons encore chez nous des défis importants et je ne pense pas que ce soit le moment. Quand le bon Dieu le décidera... Vous savez, le temps est le meilleur allié des hommes, il permet tout.

Les Etalons du Burkina ont, depuis deux mois, un nouvel entraîneur. Le connaissiez-vous avant ?

Oui, Kamou Malo, je le connais depuis qu’il était joueur à l’USFA, dans les années 1991.

Que pensez-vous du choix du Burkina Faso d’évoluer avec cet entraîneur local ?

Il faut respecter un choix et même le soutenir quand il est déjà fait. J’ai suivi le travail de qualité qu’il a pu faire dans les clubs où il est passé, notamment au RCK. C’est un bon coach. C’est aussi un choix à la tête des Etalons qu’il faut encourager et espérer qu’il réussira, car on peut bien réussir avec un sélectionneur local, si toutes les conditions lui sont données avec une vision précise qui justifie son choix. Dans tous les cas, les résultats de Kamou Malo parleront pour lui. Pour l’instant, soutenons-le d’une même voix.

Vous n’aviez pas eu des moments de doutes quand on a annoncé son nom à la tête de la sélection ?

Au début, j’étais, en toute franchise, dubitatif. J’ai même échangé avec plusieurs joueurs sur la question, j’avais de sérieuses interrogations. Paulo Duarté avait réussi un excellent boulot et pour le remplacer, il fallait trouver un profil capable de donner une nouvelle impulsion, marquer une transition, notamment le renouvellement de l’équipe et ce n’était pas évident. Mais je crois que Kamou Malo s’inscrit dans cette politique. Espérons que les dirigeants maintiennent jusqu’au bout leur vision. Il faut clairement définir les objectifs à atteindre et mener une communication en fonction...

Vous dites de définir clairement les objectifs à atteindre…

Je pense avoir compris que Kamou Malo a été recruté pour assurer la transition, rajeunir la sélection ; si c’est bien le cas, il faut le laisser travailler et ne pas se mettre la pression forcée d’une qualification, car, ce serait être incohérent avec ses propres objectifs... Il y a des périodes de transition au football comme dans la vie d’ailleurs, qu’il faut accepter et cela passe par des moments de doutes, de difficultés. Observons-le, il est à sa première expérience à ce niveau. Dans quelques mois, on en saura sur sa capacité véritable par sa gestion de l’environnement et du groupe, la qualité du jeu pratiqué et sa capacité à relever les défis...

Vous aviez été, à ce que l’on dit, pour beaucoup dans le retour de Paulo Duarte a la tête de la sélection burkinabè...

Paolo Duarte est incontestablement l’un des meilleurs sélectionneurs que le Burkina Faso ai eus et aussi un des meilleurs en Afrique. Il a une très bonne connaissance du football et du contexte africain. J’ai juste rassuré, en son temps, le président Sita Sangaré en quête de solution au moment du départ de Gernot Rohr, de prendre Paulo Duarté qui connaissait déjà la maison et qui avait l’avantage d’être libre. Les Etalons traversaient une situation délicate. L’équipe était en manque de réussite, comme ça arrive dans toutes les équipes, et il ne fallait pas se tromper sur le profil du choix de l’entraîneur. On ne pouvait pas prendre quelqu’un qui allait perdre du temps dans son adaptation, puisqu’il restait deux matchs décisifs, et à cet instant précis, Paulo Duarté était la solution.

Comment peut-on améliorer la qualité de notre championnat national ?

Des hommes, une vision, une expertise et de l’argent, si je me réfère à votre question et à votre notion d’amélioration.

Qu’en est-il de la participation des professionnels burkinabè dans les championnats en Europe ?

On a de plus en plus de joueurs qui s’exportent, c’est une bonne chose pour l’image de notre football.

Edmond Tapsoba ira très loin, il est exceptionnel et impressionnant avec Guimaraes au Portugal.

Bertrand Traoré doit franchir un autre palier (le top 10 européen) avec tout le talent qu’il a.

Hassane Bandé, gêné par une blessure, est freiné dans sa progression. Il a besoin de temps de jeu et doit aller en prêt pour regagner confiance et revenir ; la concurrence est rude et l’Ajax est un très bon club.

Le jeune Lassina Traoré progresse bien. Il est puissant, buteur, jeune et à toutes les qualités pour s’imposer. Il est l’avenir de notre football.

Cyril Bayala peut encore aller plus loin.

Charles Kaboré, toujours aussi solide et expérimenté, joueur très régulier en club comme en sélection et qui joue à un niveau de compétition encore top, le championnat de Russie, a su faire de bons choix de carrière. Bref, les joueurs burkinabè commencent à jouir d’une bonne image. Ils sont de plus en plus demandés parce qu’ils sont bosseurs et sérieux...Florent Ibenge récemment me disait tout le bien qu’il pensait des joueurs burkinabè pour avoir eu à l’AS Vita Yssouf Dayo, Diakité et maintenant Hamed Touré.

Quels sont vos projets à moyen et long termes ?

Beaucoup de choses en ce moment à faire. Je bouge pas mal depuis quelques mois. J’intègre avec des amis, désormais dans nos activités footballistiques, le volet politique qui consiste à faire prendre conscience des enjeux de ce sport pour nos peuples. Nous travaillons sur le lancement de médias acquis à cet effet.

Un message à l’endroit du public sportif du Burkina ?

Le peuple Burkinabè est un peuple rempli de passion et je lui souhaite de garder cette passion intacte et un jour le Burkina Faso dominera le football africain. Je voudrais saisir l’occasion que vous me donnez pour traduire toute ma solidarité et mes encouragements à mes compatriotes qui traversent actuellement des moments difficiles. Que Dieu protège le Burkina et bénisse l’Afrique.

Interview réalisée par Salam Ouédraogo
Correspondance particulière

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