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Sophie Sow, ambassadeur du Burkina en Egypte : "Que l’on permette aux Burkinabè de l’étranger de voter"

Publié le lundi 26 septembre 2005 à 07h42min

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Sophie Sow, ambassadeur du Burkina Faso auprès des Etats du Proche et Moyen-Orient, avec résidence au Caire, a rendu visite le 29 août dernier, à la rédaction des Editions "Le Pays".

Au service de la diplomatie de son pays depuis 1979, elle a été, de 1991 à 2003, ambassadeur, respectivement en Allemagne et au Mali. Avant sa nomination à Berlin en 1991, Sophie Sow a assumé diverses responsabilités.

Elle a été, entre autres, directrice des Affaires culturelles, scientifiques et techniques, directrice des Affaires juridiques et consulaires, et conseiller diplomatique à la présidence du Faso. En poste au Caire depuis 2003, Sophie Sow pourrait se présenter comme une battante. Pour elle, il y a toujours de la place pour les femmes compétentes.

Outre son expérience de diplomate, les échanges avec les membres de la Rédaction ont porté, entre autres, sur des questions d’actualité nationale comme l’affaire des 30 millions, la place des femmes en politique et l’élection présidentielle du 13 novembre 2005. Sophie Sow s’est également prononcée en faveur d’un vote des Burkinabè de l’étranger, et sur la situation politique en Egypte.

"Le Pays" : Quels sont les domaines de coopération entre l’Egypte et le Burkina Faso ?

Sophie Sow : Il faut dire que les relations entre les deux pays étaient au point mort. Et c’est en 2003, année à laquelle j’ai été affectée en Egypte, que nous avons commencé à oeuvrer pour donner un nouveau souffle à cette coopération. Ainsi, en 2004, nous avons pu tenir la toute première commission mixte, alors que les relations diplomatiques entre l’Egypte et le Burkina datent de 1979. Depuis cette période, les deux pays entretenaient uniquement des relations plus ou moins politiques.

Mais au point de vue coopération intense, on n’avait pas atteint un niveau important. La tenue de la première commission en juin 2004 nous a permis de signer des accords de départ portant sur la coopération économique et technique, culturelle et diplomatique. Un autre accord a été signé avec le Fonds égyptien. Grosso modo, nous avons essayé de cibler des accords de départ.

Au niveau de la coopération économique et technique, nous allons mettre beaucoup plus l’accent sur la formation. L’Egypte offre beaucoup de possibilités de formation, dans tous les domaines, à ses partenaires du Sud. C’est un pays qui dispose de nombreux instituts et grandes écoles. Le seul handicap réside dans le fait que les langues utilisées sont l’anglais et l’arabe. De ce point de vue, nous optons pour la formation en anglais. Ensuite, sur le plan de la coopération culturelle qui, du reste, est le tout premier accord que les pays privilégient entre eux afin de pouvoir se comprendre, nous envisageons plusieurs activités d’échanges culturels.

Mais déjà, l’année dernière, nous avons bénéficié de l’appui de la Télévision nationale, qui est venue faire un reportage sur la fête nationale égyptienne. Ceci, pour faire connaître certains aspects de la vie de l’Egypte aux burkinabè. Il y a également un accord qui a été signé avec le Fonds égyptien, dont le but est d’aider les pays en voie de développement. A ce sujet, l’Egypte forme chaque année de experts Burkinabè dans les domaines de l’agriculture, de la police et de la diplomatie. Malheureusement, cette formation n’a pas une grande répercussion parce qu’on ne prend qu’un ou deux agents. Et nous avons émis le voeu que le nombre des bénéficiaires de ces formations soit revu à la hausse et que l’on étende la formation à d’autres secteurs.

Doit-on vous appeler "ambassadeur" ou "ambassadrice" ?

(Sourire) Bon ! Chacun a toujours eu son appellation. Quand je prenais fonction, on m’appelait "ambassadeur". Mais au fur et à mesure que les femmes font leur propre promotion, on parle d’ambassadrice. Certains pays, qui sont très à cheval sur cet aspect-là, disent que les femmes doivent aussi avoir leur étiquette. C’est ainsi que, quand on prend par exemple le cas du Canada, ils disent "ambassadeure". Ce qu’on nous a toujours dit, c’est que "ambassadrice", c’est l’épouse de l’ambassadeur. Moi, je réponds indifféremment à chaque appellation. L’une au l’autre ne me dérange pas.

Est-il aisé pour une femme d’être ambassadeur, dans la mesure où elle doit faire face à ses obligations d’épouse, de mère ?

Effectivement, au début, la fonction d’ambassadeur avait toujours été confiée aux hommes. C’est tout récemment que les femmes ont eu droit à ce chapitre. L’apprentissage n’a pas été aisé d’ailleurs ; car, pour qu’une femme "perce" dans ce domaine, ce n’est pas facile. Parce qu’a priori, on nous dit : "Vous ne pouvez pas voyager, vous ne pouvez pas quitter votre mari et vos enfants". Et tout de suite, on nous colle cette étiquette de femme, ce qui fait que même si on était à même d’assumer pleinement cette responsabilité, l’on est psychologiquement saisie par toutes ces remarques-là. C’est pour cela que c’est difficile, sinon je ne vois pas la différence. Les hommes pensent avec leur tête, nous aussi. Il n’y a pas un problème de sexe en la matière. J’estime que, quand on vous confie une mission, c’est que vous en avez la capacité intellectuelle. Si vous êtes placé dans l’environnement qu’il faut, vous ne pouvez pas faillir. Il existe des difficultés, aussi bien au niveau des femmes que des hommes. Les femmes, d’ailleurs, suivant ma petite expérience, réussissent avec beaucoup plus d’aisance à appréhender certaines situations. Notre approche d’épouse et de mère nous apporte quelque chose de plus.
Dans la vie, il faut des sacrifices. La mission qu’on nous confie est une mission noble, une mission d’une dimension internationale. A partir de ce moment, c’est une question d’option. Je ne peux pas parler au nom des autres, mais moi, j’ai choisi de faire la diplomatie. Quand on a choisi de faire quelque chose, c’est presqu’une passion. Et quand il s’agit d’une passion, on arrive toujours à faire face à toutes les difficultés qui se posent. Sinon, effectivement, la famille est sacrifiée. Parce que, que l’on soit au Burkina ou ailleurs, on est diplomate. De ce point de vue, il n’y a pas de lieu privilégié pour exercer cette fonction. Partout où il y a des problèmes, partout où il y a des relations d’amitié, vous êtes obligés d’aller vers ces personnes. Forcément, il y a des jours, des mois, des années où vous faites plusieurs missions, et quelque part, les enfants, s’ils sont trop jeunes, sont sacrifiés. Et le mari parfois ne comprend pas, ou il est jaloux. Il se dit que sa femme va tout le temps en mission avec des hommes et entretient un sentiment de suspicion autour de son activité et cela crée des conflits dans le foyer. Alors, il faut, en plus de ce que nous faisons comme diplomatie à l’extérieur, être très diplomate chez soi-même. Sinon, on fout tout en l’air : la famille, le mariage, les relations et l’affection qu’on a pour tous ceux qui nous entourent.

Est-ce que cette diplomatie marche toujours chez vous ?

Je crois qu’il est difficile de me juger moi-même. Je risque de dire des choses qui ne vont pas vous convaincre. Il faut peut-être poser la question à mon entourage.

A combien estimez-vous le nombre de Burkinabè vivant en Egypte, et quelles sont les difficultés auxquelles ils font face ?

En réalité, nous n’avons pas une communauté burkinabè en tant que telle, nous n’avons que des étudiants. Ils sont au nombre de 135. Ces étudiants sont venus faire essentiellement des études coraniques à l’université d’El Azar. Une université qui serait vieille de plus de mille ans. Et c’est comme si vous partiez à la Sorbonne, à Oxford pour les étudiants en medersa, des écoles coraniques. C’est un lieu où vous avez actuellement près de 93 pays de tous les continents qui envoient leurs étudiants pour poursuivre des études. C’est pour vous dire que c’est une université très prisée. Seulement, dans notre pays, les écoles medersa ne sont pas prises en charge par l’Etat, d’où la non-reconnaissance des diplômes par elles délivrées. Les diplômes varient d’une localité à une autre. Au Burkina, ce ne sont jamais des diplômes d’Etat ; si bien que quand les étudiants arrivent à El Azar par leurs propres soins, on leur fait subir un autre test. Ce ne sont jamais des tests qui reflètent le niveau de ces étudiants. Après les tests, certains, qui ont déjà fait la classe de terminale, se retrouvent parfois en 5e. On les renvoie vraiment à des niveaux qui ne sont pas les leurs. Peut-être qu’ils les sous-estiment, en référence à la formation qu’ils ont reçue.
Ou alors on les sous-estime parce que ce ne sont pas des professeurs égyptiens qui les ont formés. Les écoles medersa dont je vous parle reçoivent des financements venant de l’Arabie Saoudite, du Koweït, du Yémen. Donc, chaque école est rattachée au pays des bailleurs de fonds. Là-bas aussi, il y a ce qu’on appelle les guerres d’écoles. Avec ces difficultés, certains étudiants font dix, voire vingt ans sans rentrer au pays, et vous avez de vieux étudiants ; si bien qu’on en rencontre souvent de quarante ans, tout simplement parce qu’il leur manque tel certificat ou tel diplôme. Quand vous arrivez là-bas à vingt ans et qu’on vous rétrograde pour faire encore six, sept ans d’études, finalement, vous atteignez l’âge de vous marier et vous ne pouvez pas le faire parce que l’environnement ne s’y prête pas. Il y a un désordre qui se crée au niveau de leur vie.
Cette année, nous sommes partis voir le Cheick de El Azar pour lui demander de prendre les étudiants burkinabè, en fonction de leur niveau. Nous avons souhaité que s’ils doivent être rétrogradés, que ce soit au moins pour une année. Nous ne supporterons plus qu’on fasse reprendre la classe de 5e à un étudiant qui a passé la classe de terminale. Ils ont pris notre requête au sérieux. Et à partir de cette année, quand ils ont fait les tests, il y en a qui sont passés en première année d’université, certains ont redoublé la terminale et d’autres sont repartis en classe de 1re. Cela, déjà, a mis de l’ordre. Et à partir des étudiants burkinabè, tous les autres étudiants africains ont pu bénéficier de cette mesure. D’ailleurs, ils ont été très reconnaissants et sont venus nous remercier à l’ambassade. Depuis lors, nous avons des activités culturelles avec tous ces étudiants. Cela nous a soudés, nous vivons en famille. Chaque fois qu’ils ont de petits problèmes, ils viennent nous voir.
Il faut dire aussi que certains étudiants qui ont passé plusieurs années là-bas, veulent faire venir leur femme. Ces aspects sont encore difficiles. Mais il faut que nous y parvenions ...

Est-ce à dire qu’on y déplore des cas de racisme ?

Non ! Non ! Je ne parle pas de racisme. Je parle tout simplement du fait que leur problème est spécifique. Ils ne viennent pas par la voie officielle. Lorsque vous immigrez de façon irrégulière dans un pays, donc sans le soutien de votre Etat, vous ne pouvez pas bénéficier des mêmes traitements que ceux qui sont rentrés régulièrement. Tous les 135 étudiants burkinabè, sans exception, sont venus par leurs propres moyens. Donc, ce n’est pas un problème de racisme. Il n’y a pas de racisme là-bas. C’est une question d’intégration.

Quels sont les pays qui sont sous votre couverture, en dehors de l’Egypte ? Disposez-vous de moyens suffisants pour accomplir votre mission ?

A partir du Caire (capitale de l’Egypte où réside l’ambassade, ndlr), nous couvrons le Liban, la Jordanie, la Syrie, le Soudan, la Palestine, Israël et l’Irak. En plus de l’Egypte, nous couvrons huit pays.
Par rapport aux moyens, ils sont ceux de l’Etat. C’est comme si vous me demandiez si le ministère des Affaires étrangères avait les moyens de sa politique. Nous ne sommes pas dissociés de l’Etat burkinabè, nous sommes tout simplement extra-territorial. Sinon, nous travaillons suivant les moyens de l’Etat, donc nous sommes pris en compte dans le budget du ministère des Affaires étrangères. Et on fait la répartition des moyens en fonction de nos juridictions et des missions qu’on nous confie. Je ne peux pas dire qu’on a les moyens ou qu’on n’en a pas. Nous élaborons un programme d’activités que nous soumettons au ministère, et c’est à partir de ce programme, et en plus des missions, que les moyens sont mis à notre disposition. Ce qui est sûr, nous avons les moyens humains, les ressources humaines, matérielles et financières. A partir du moment où le ministère ne se plaint pas, il n’y a pas de raison que nous nous plaignions. Nous rendons compte régulièrement de ce que nous faisons et nous n’avons jusque-là pas failli à notre mission en Egypte.

Que pensez-vous des femmes qui se battent au Burkina pour obtenir un taux de 30% de candidature sur les listes électorales ?

Je suis vraiment occupée avec ma mission. Je viens de vous citer les pays que je suis tenue de couvrir. Ce sont des Etats qui grondent tous les jours. Je n’ai donc pas assez de temps. Mais par rapport à ce sujet, j’estime que nous avons été très bien réparties. Celles qui se battent ici, je les soutiens. J’aimerais aussi qu’elles me soutiennent dans mon combat là-bas. A mon avis, il y a de la place pour toutes les femmes qui sont compétentes. Si chaque femme occupe le poste qu’il faut, nous pouvons accompagner la politique de notre pays, à l’intérieur comme à l’extérieur. C’est pourquoi, je trouve inopportun de polémiquer autour d’un nombre de postes pour les femmes. Tout le monde a sa place, même la vendeuse de galettes. On ne peut donc pas revendiquer pour seulement 30% des femmes ; et les 70% restants ? Pour moi, ce qui compte, ce n’est pas le pourcentage mais le résultat.

Pour la prochaine élection présidentielle, il y a déjà une quinzaine de candidats déclarés. Trouvez-vous cela politiquement correct ?

Qu’est-ce qui ne rime pas avec politiquement correct ? Nous sommes en démocratie et c’est le peuple qui choisit. Le nombre de candidats déclarés importe peu. Même s’ils sont trente, le peuple peut toujours choisir le candidat de son choix. Etant en début de démocratie, nous ne pouvons pas avoir que deux candidats issus de deux partis, comme dans les pays développés. Si les quinze prétendants pensent être à la hauteur de cette haute mission, pourquoi les empêcher d’être candidats ? Maintenant, c’est au peuple qu’il reviendra de trancher.

Il y a une affaire de 30 millions qui défraie ici la chronique. Quelle est votre opinion là-dessus ?

Les personnes qui ont reçu ces sous savent ce qu’elles font. Ce sont des chefs de parti politique et, à ce titre, ils sont responsables. Ce n’est pas à nous de condamner leur acte. Moi, je suis diplomate mais pas politicienne. Et comme nous sommes en politique, où tout est possible, nous ne pouvons rien dire.

Que pensez-vous du choix de l’ADF-RDA, premier parti de l’opposition, de soutenir Blaise Compaoré pour l’élection présidentielle du 13 novembre 2003 ?

Je le répète, la politique reste la politique. Même si le parti a opté de soutenir le candidat Blaise Compaoré, cela n’entraîne pas, pour autant, la disparition de toute l’opposition, puisqu’il existe d’autres candidats de l’opposition. Le parti de l’Eléphant a exprimé sa conviction devant le peuple. Ce n’est pas, une fois encore, à nous de le juger.

Quel est votre point de vue par rapport au fait que les Burkinabè résidant à l’étranger ne prennent pas part aux élections du pays ?

Vous posez ici une question intéressante. Nos compatriotes à l’étranger se sentent en effet lésés dans ce domaine. Et c’est l’occasion pour moi de parler de leur situation. Ils sont dans des pays où des expatriés votent. Eux, non seulement ne peuvent pas voter là où ils vivent, mais non plus ne peuvent pas aussi prendre part aux scrutins dans leur pays d’origine. Alors qu’ils se revendiquent Burkinabè. Lorsqu’il y a des événements, ils veulent qu’on sache qu’ils le sont. Mais quand les élections arrivent, ils se sentent vraiment brimés. De ce fait, il est bien que l’on se penche sérieusement sur cette question, que l’on permette aussi aux Burkinabè de l’étranger de voter. Cela permettra aux candidats aux différents scrutins de s’intéresser à leur vie, parce qu’en dehors des ambassades, les expatriés ne sont pas connus. Ce qu’un député peut leur dire est différent de ce que nous faisons. Leur permettre de choisir des élus peut être un moyen de les amener à s’intéresser à la vie du pays.

Compte tenu du climat de tension permanente que vit votre juridiction, est-ce que vous vous sentez en sécurité ?

Vous avez vraiment raison de poser cette question. Nous sortons toujours, la peur dans le ventre. Mais, en matière de sécurité, les autorités égyptiennes ont fait beaucoup d’efforts. Je peux dire que le tiers de la population du pays, qui est de 80 millions d’habitants, s’y consacre. Partout, la sécurité est recherchée : devant les portes, dans les rues et les carrefours. C’est la chose qui m’a frappée quand je suis arrivée dans ce pays. Malgré tous ces efforts, l’on n’a pas pu éviter les attentats meurtriers de Charm el Sheikh. Nous passons tous par le centre du Caire pour aller à nos lieux de service. Nous avons tous peur et il nous arrive de soupçonner certains de ceux que nous rencontrons, uniquement sur la base de leur apparence. A cause de cette peur, on ne peut pas rester jusqu’à certaines heures au service.

Avez-vous pu présenter vos lettres de créance dans tous les pays, y compris l’Irak ?

J’ai été présenter mes lettres de créance en Israël. A mon retour, j’irai en Syrie. Je ne suis pas partie en Irak parce qu’on ne m’a pas encore donné de lettres. Ce n’est pas pour des raisons de sécurité. Ce n’est pas nous qui les rédigeons, mais la présidence. Il en est de même pour la Palestine et I’Iran. Dès que j’aurai les lettres de créance, je m’y rendrai.

Dans quelles conditions de vie se trouvent nos compatriotes dans ces pays ?

En dehors du Liban, tous les autres sont venus étudier le Coran : que ce soit en Jordanie, au Soudan, en Syrie. Au Liban, nos compatriotes sont employés dans les activités domestiques. La plupart d’entre eux y ont été amenés par leur patron à partir de la Côte d’Ivoire, par exemple, ou même à partir d’ici. D’autres ont été sollicités par personnes interposées. Là-bas, il n’y a pas d’étudiant à proprement parler. Ce sont des gens qui y travaillent, y vivent en famille et y ont une organisation. Ils mènent régulièrement des activités et nous rendent souvent compte. A part la question de la sécurité, ils n’ont pas de problème particulier.

Pouvez-vous nous parler des conditions d’octroi de visa, pour ceux qui désireraient se rendre en Egypte ?

Il n’y a pas de difficultés particulières pour les personnes désirant se rendre en Egypte. Si vous y allez en mission, il vous suffit d’avoir votre passeport de mission et une note verbale du ministère des Affaires étrangères, pour obtenir le visa. Même si c’est un passeport ordinaire, il n’y a aucun problème majeur.

Combien de visas délivrez-vous, en moyenne, par jour ?

Il est difficile de donner un chiffre exact. En réalité, le flux humain entre l’Egypte et le Burkina n’est pas très important. Jusqu’ici, les Burkinabè ne connaissent pas très bien l’Egypte, et vice versa. La plupart des Egyptiens qui viennent ici le font pour rendre visite à quelques parents. A ceux-ci, il faudra ajouter des commerçants qui ont découvert des activités au Burkina Faso. Par mois, on peut dénombrer 30 à 40 personnes qui viennent à l’ambassade pour des visas.

Que pensez-vous des pays qui durcissent les conditions d’obtention de visa ?

Ces pays craignent que des misérables viennent leur créer des problèmes. Mais ce que je peux dire, c’est que chacun est fier de son pays et le met sur un plateau d’or. Et c’est en fonction de cela qu’on durcit les choses.

Vous est-il arrivé d’intervenir au niveau de l’aéroport pour venir en aide à un Burkinabè, par rapport à la question de visa d’entrée en Egypte ?

Oui, j’ai eu à le faire par deux fois. L’un d’eux était parti en Arabie Saoudite. De retour, il a voulu transiter par l’Egypte pour continuer en Libye. Arrivé au Caire, il n’avait pas de visa. Arrêté et soumis à de nombreuses questions, il a fini par dire que son pays avait une ambassade sur place. C’est ainsi que nous avons été appelée. A notre arrivée à l’aéroport, il n’avait effectivement pas de visa d’entrée. Nous sommes partie avec lui au ministère égyptien de l’Intérieur établir un visa de deux semaines. Et c’est avec ce visa qu’il a pu continuer son voyage.

Quelle lecture faites-vous de la situation politique en Egypte ?

Actuellement, il y a une grande ouverture au niveau de la situation politique en Egypte. Toutes les institutions sont soumises, à l’heure actuelle, à des réformes. A partir du 17 septembre 2005, il y aura une élection présidentielle à laquelle de nombreux candidats pourront prendre part. Lorsque je quittais le pays, le nombre de candidats était déjà de huit. Peut-être qu’il a augmenté pendant mon absence, mais ce qui est sûr, à partir du 17 septembre, le jeu politique sera désormais ouvert. Je pense que c’est quelque chose que les Egyptiens attendaient depuis longtemps. Pour moi, c’est une très bonne chose.

Certains accusent le président Moubarak de vouloir céder le pouvoir à son fils. Quelle est votre opinion là-dessus ?

C’est ce que les gens disent, mais ce n’est pas ce que Moubarak dit. Comme dans la région le pouvoir est passé de père en fils dans beaucoup de pays, à l’instar de la Syrie et de la Jordanie, des personnes pensent qu’avec son âge, Moubarak risque de faire la même chose. Mais lorsque le sujet a apparu, c’est le fils lui-même qui a démenti. Moi, je ne peux donc m’en tenir qu’à la version émanant des intéressés eux-mêmes.

Propos recueillis par Grégoire B. BAZIE et Paul Kab’s (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 septembre 2005 à 19:37, par le sphnix En réponse à : > Sophie Sow, ambassadeur du Burkina en Egypte : "Que l’on permette aux Burkinabè de l’étranger de voter"

    1- Lorsque vous immigrez de façon irrégulière dans un pays, donc sans le soutien de votre Etat.
    ==> C’est fort ca,j’ai jamé vu une deduction pareille.

    2- Il n’y a pas de racisme là-bas..
    ==> En Egypte, dans un pays arabe ? Il est vrai que vous etes ambassadrice mais kan meme, vous êtes pas obligé de dire ca.

    • Le 27 septembre 2005 à 21:36, par Congo En réponse à : > Sophie Sow, ambassadeur du Burkina en Egypte : "Que l’on permette aux Burkinabè de l’étranger de voter"

      Mon ami,

      Votre point 1- n’a pas de sens. Ce qu’elle a dit, ce n’est pas une déduction ; c’est une forme d’insistance, par l’emploi de la répétition.

      Par contre, pour le 2-, je n’en sais rien car je ne connais pas l’Egypte.

      Congo

      • Le 28 septembre 2005 à 10:44 En réponse à : > Sophie Sow, ambassadeur du Burkina en Egypte : "Que l’on permette aux Burkinabè de l’étranger de voter"

        Est-ce à dire qu’on y déplore des cas de racisme ?

        Non ! Non ! Je ne parle pas de racisme. Je parle tout simplement du fait que leur problème est spécifique. Ils ne viennent pas par la voie officielle. Lorsque vous immigrez de façon irrégulière dans un pays, donc sans le soutien de votre Etat, vous ne pouvez pas bénéficier des mêmes traitements que ceux qui sont rentrés régulièrement. Tous les 135 étudiants burkinabè, sans exception, sont venus par leurs propres moyens. Donc, ce n’est pas un problème de racisme. Il n’y a pas de racisme là-bas. C’est une question d’intégration.

        Hohoh du grand n’importe quoi !!!!
        C’est pas nouveau, les nègres souffrent en pays arabe, là bas un nègre vaux moins qu’un chien !!!!

        • Le 28 septembre 2005 à 11:57, par le Sphinx En réponse à : > Sophie Sow, ambassadeur du Burkina en Egypte : "Que l’on permette aux Burkinabè de l’étranger de voter"

          Mon cher Congo, la legalité d’une immigration n’a aucun lien avec l’accord de son pays d’origine. Cette phrase est d’ailleurs absurde,elle n’a aucun sens. Elle peut etre seulement valable pour les etudiants beneficiants d’une bourse ou des diplomates (comme elle),accredités dans un autre pays,mais de là à généraliser..
          Pour le cas de l’Egypte,comme l’a dit le 3ème intervenant, dire k’il n’y pas de racisme dans un pays arabe,c’est kan meme hallucinant. Renseigne toi dans ton milieu,moi j’en sais quelque chose..Dans tous les pays arabes,le nègre est tjrs vu comme un esclave

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