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Un nouveau rapport révèle les conditions désastreuses dans lesquelles travaillent les vidangeurs manuels au Burkina Faso

Publié le lundi 18 novembre 2019 à 16h15min

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Un nouveau rapport révèle les conditions désastreuses dans lesquelles travaillent les vidangeurs manuels au Burkina Faso

Au Burkina Faso, les vidangeurs manuels sont souvent contraints de travailler dans des conditions qui mettent leur santé et leur vie en danger, comme le révèle une étude mondiale, la plus complète à ce jour sur la question.

Bien qu’ils fournissent un service public indispensable, ces travailleurs sont souvent les membres les plus marginalisés, discriminés et les plus pauvres de la société. Ils travaillent sans équipement ni protection, ne bénéficient d’aucun droit juridique, et leur dignité et leurs droits fondamentaux sont souvent bafoués.

Ce rapport est, à ce jour, le document le plus exhaustif sur le sort de ces travailleurs de l’assainissement dans les pays en développement. Il a été rédigé conjointement par la Banque mondiale, l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et WaterAid afin de sensibiliser le public à ces conditions de travail dégradantes et inciter pour un changement. Ce rapport porte sur l’examen d’études de cas des travailleurs de l’assainissement dans neuf pays, dont le Burkina Faso.

On appelle travailleurs de l’assainissement les hommes et les femmes qui travaillent aux différentes étapes de la chaîne d’assainissement, laquelle commence par les toilettes et se termine par l’élimination ou la réutilisation des déchets. Leur travail peut consister à nettoyer des toilettes, à vidanger des fosses (septiques ou non), à nettoyer des canalisations et des bouches d’égout ou à faire fonctionner des stations de pompage et des usines d’épuration.

Au Burkina Faso, la plupart des travailleurs de l’assainissement ne suivent pas de formation formelle et entrent régulièrement en contact direct avec des déchets humains. Les vidangeurs manuels utilisent des seaux, des cordes et des pelles pour vider les fosses (septiques ou non septiques), et ne disposent que d’un équipement de protection rudimentaire, voire d’aucune protection. Les vidangeurs manuels sont souvent des membres marginalisés de la société et certains avouent consommer l’alcool, les drogues et les médicaments traditionnels pour s’acquitter de leur tâche afin de masquer l’horreur de leurs conditions de travail.

Wendgoundi Sawadogo travaille en tant que vidangeur manuel à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, depuis 15 ans. « Nous n’avons aucun document qui prouve qu’il s’agit bien de notre profession. Quand nous mourons, nous mourons. Nous partons avec notre seau et notre houe sans aucune reconnaissance, sans laisser aucune trace et sans aucun document montrant à nos enfants qu’on a exercé un tel travail. Quand j’y pense, ça me rend triste. Je ne veux pas que mes enfants fassent ce travail. »

Ces travailleurs sont souvent des ouvriers du secteur informel, qui n’ont aucun droit et ne bénéficient d’aucune protection sociale. Leur rémunération est irrégulière, voire dérisoire ; certains travailleurs rapportent même être payés en nourriture et non en argent. Dans certains pays, ces activités sont une source de stigmatisation sociale conduisant les agents à travailler de nuit pour dissimuler leur métier à leurs communautés.

Des gaz toxiques tels que l’ammoniac, le monoxyde de carbone et le dioxyde de soufre, présents dans les fosses septiques et les égouts, peuvent provoquer la perte de conscience ou la mort des agents.

Selon Eric Mamboué, Directeur de pays de WaterAid Burkina Faso : « Tout le monde utilise les toilettes et tout le monde risque de contracter une maladie transmise par l’eau si les déchets ne sont pas traités correctement. Les travailleurs de l’assainissement assument ainsi l’un des rôles les plus importants dans la société.
Il est choquant que des êtres humains soient forcés de travailler dans des conditions qui mettent en danger leur vie et leur santé, et qu’ils soient stigmatisés et marginalisés de cette façon, au lieu de disposer d’un équipement approprié et de recevoir la reconnaissance qu’ils méritent pour leur travail primordial. Chaque jour, des personnes meurent à cause d’un assainissement insuffisant, inadéquat et de conditions de travail dangereuses. Nous ne pouvons plus tolérer cette situation. Il est temps agir ».

Maria Neira, Directrice du département Santé publique, Environnement et Déterminants sociaux de l’OMS, a déclaré : « Chaque jour, de nombreux travailleurs de l’assainissement subissent des préjudices dans le cadre de leur travail, en fournissant des services d’assainissement au reste de la communauté. Il est essentiel de garantir la sécurité de ces travailleurs au même titre que celle des utilisateurs des services d’assainissement dont nous bénéficions tous. »
Alette Van Leur, Directrice du Département des politiques sectorielles de l’OIT, a déclaré : « Les politiques, lois et réglementations relatives aux travailleurs de l’assainissement font défaut, et lorsqu’elles existent, elles sont souvent faibles, ne couvrent que certains types de travailleurs, ou ne sont pas assorties de mécanismes de financement ou d’exécution. »

Jennifer Sara, Directrice mondiale du Département Eau de la Banque mondiale, a déclaré : « L’ensemble des acteurs du secteur doivent déployer davantage d’efforts concertés afin d’œuvrer en faveur de l’amélioration de la qualité de vie des travailleurs de l’assainissement. Ce rapport constitue un premier pas vers une meilleure compréhension des nombreux problèmes auxquels se heurtent ces travailleurs. Il définit par ailleurs les actions pouvant être menées pour inverser de manière permanente la tendance actuelle. À la Banque mondiale, dans le cadre de nos programmes relatifs à l’assainissement urbain, nous sommes déterminés à travailler en faveur de l’amélioration des droits et du bien-être de ces personnes. Nous veillons également à collaborer avec nos partenaires, notamment l’OIT, l’OMS et WaterAid, afin d’accroître la visibilité de ce problème majeur et de réaliser des progrès dans ce domaine. »

Pour accéder au résumé de ce rapport, cliquez sur le lien suivant : washmatters.wateraid.org/publications/the-hidden-world-of-sanitation-workers.

Il est disponible dans son intégralité à l’adresse suivante : washmatters.wateraid.org/health-safety-dignity-sanitation-workers.
Des photos et des études de cas sont consultables aux adresses suivantes :
-  Galerie mondiale : https://wateraid.assetbank-server.com/assetbank-wateraid/images/assetbox/137d73c3-b2aa-4f1e-a2b0-d457bbfaa276/assetbox.html
-  Burkina Faso : https://wateraid.assetbank-server.com/assetbank-wateraid/images/assetbox/53cff87b-5c56-4db9-97f0-96fbc6eff581/assetbox.html

Pour en savoir plus, veuillez contacter :

À Ouagadougou : Roch W. OUEDRAOGO, Manager Communication, rochouedraogo@wateraid.org, +(226) 25 37 41 70
À Londres : Emily Pritchard, responsable des actualités mondiales, EmilyPritchard@wateraid.org ; +44 (0)207 793 2244.
Notes à l’intention des rédacteurs :

WaterAid

WaterAid œuvre pour un accès universel à l’eau potable, à des toilettes décentes et à de bonnes conditions d’hygiène en l’espace d’une génération. Cette organisation internationale à but non lucratif opère dans 28 pays afin de changer la vie des personnes les plus pauvres et les plus marginalisées. Depuis 1981, WaterAid a permis à 27 millions de personnes d’accéder à de l’eau salubre et de bénéficier de toilettes décentes. 

Pour plus d’informations, consultez www.wateraid.org, suivez @WaterAidUK ou @WaterAidPress sur Twitter, ou retrouvez la page Facebook WaterAid UK à l’adresse www.facebook.com/wateraid.

• 785 millions de personnes à travers le monde (soit une personne sur dix) ne disposent pas d’eau salubre à proximité de chez elles.
• 2 milliards de personnes à travers le monde (soit près d’une personne sur quatre) ne possèdent pas de toilettes décentes.
• Environ 310 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladies diarrhéiques causées par le manque d’accès à l’eau salubre et à l’assainissement. Cela représente près de 800 enfants par jour, soit un enfant toutes les deux minutes.

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Vos commentaires

  • Le 19 novembre 2019 à 20:36, par burkinabe_de_london En réponse à : Un nouveau rapport révèle les conditions désastreuses dans lesquelles travaillent les vidangeurs manuels au Burkina Faso

    Je voudrais dire que je compatis. C’est des travailleurs comme les autres, comme un fonctionnaire ou n’importe qui. Donc au dela de simplement eux, il faudrait utiliser des outils comme la blockchain pour identifier de manière certaines tous les travailleurs et leur donner un identifiant unique comme c’est déjà le cas pour la carte d’identité. Il faut aussi la répression pour forcer les patrons véreux à régulariser leur employés. C’est seulement comme ça qu’on arretera ce cycle infernal.
    Les autres internautes svp aussi partagez cet article. Le Burkina c’est pour chacun et pour tous !
    Merci.

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