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Sécurité et genre au Burkina Faso : Quand les pesanteurs socio-culturelles se reflètent dans la gouvernance sécuritaire

Publié le mercredi 13 novembre 2019 à 23h05min

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Sécurité et genre au Burkina Faso : Quand les pesanteurs socio-culturelles se reflètent dans la gouvernance sécuritaire

La dimension genre est-elle prise en compte dans la gouvernance sécuritaire au Burkina Faso ? Cette question a fait l’objet d’une étude commanditée par la Plateforme des organisations de la société civile sur la réforme et la gouvernance du secteur de la sécurité au Burkina Faso (RGSS), avec l’appui du PNUD et de l’Institut national démocratique (NDI). Les résultats de l’enquête ont été restitués ce mercredi 13 novembre 2019, à Ouagadougou.

La présente étude, selon Sosthène Ouédraogo, membre du bureau de coordination de la plateforme des OSC, s’inscrit dans une série d’activités initiée dans les treize régions du Burkina et portant sur le rôle de la population civile dans la réforme et la gouvernance du secteur sécuritaire. « L’un des constats qui est ressorti, c’est qu’il existe un chantier très vaste qui se dressait devant les différents acteurs, à savoir l’implication du genre dans la réforme de la gouvernance du secteur de la sécurité », a-t-il noté.

D’où la présente étude pour évaluer la prise en compte du genre dans le secteur. Il s’agissait surtout, selon Sosthène Ouédraogo, de faire une évaluation de la prise en compte du genre au plan politique et légal, d’évaluer le niveau de prise en compte du genre dans le secteur de la justice, de faire des propositions en termes de bonnes pratiques pour la prise en compte du genre dans le secteur de la sécurité et enfin, de proposer un outil d’aide à la décision à l’ensemble des acteurs de la réforme et de la gouvernance.

Quid de l’étude ?

Conduite dans les villes de Ouagadougou , Bobo Dioulasso, Kaya et Tenkodogo , l’étude menée au sein des commissariats de police, des brigades de gendarmerie , des états-majors de l’armée, des postes de douane, des postes forestiers ainsi que des maisons d’arrêt et de correction et des tribunaux de grande instance, a révélé une faible participation et responsabilisation des femmes dans le secteur de la gouvernance sécuritaire.

On note notamment une faible implication des femmes dans le secteur malgré l’évolution des effectifs dans les recrutements des différents corps. « Même si nous avons constaté une évolution de l’effectif des femmes dans les corps, il reste que les commandes sont toujours dans les mains des hommes », a indiqué la consultante de la présente étude, Habibata Adigoun/ Somtoré.

Par ailleurs, outre la mauvaise perception de la féminité dans la gouvernance sécuritaire, l’enquête indique également une inadéquation des infrastructures à l’intégration des femmes et une reproduction des valeurs masculines négatives. « Le système sécuritaire reproduit les valeurs masculines négatives, notamment l’excès de courage ; on impose une pression sociale et morale aux hommes qui les oblige souvent à recourir aux existants comme l’alcool et la cigarette pour pouvoir rester forts ou donner le sentiment d’être forts », a soutenu Habibata Adigoun/Somtoré, ajoutant qu’il existe un langage sexiste discriminatoire qui constitue un frein à l’intégration des femmes. Tout cela se déroule, selon elle, dans un contexte marqué par l’absence de mécanisme de suivi et de prise en charge psychologique des agents.

En attendant de disposer d’un outil de plaidoyer, des suggestions ont été émises à l’issue de cette enquête. Au titre des recommandations, figurent entre autres, l’introduction du module genre dans les modules de formation des écoles professionnelles, la mise en place d’un mécanisme efficace de dénonciation et de sanctions internes pour lutter contre les violences basées sur le genre, la responsabilisation de plus de femmes dans les postes stratégiques et au commandement. A cela, s’ajoutent le respect des textes et règlements en vigueur, une culture de l’esprit d’excellence et de confiance en soi.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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