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Pihouri Wébonga : "Planète champion risque de mourir"

Publié le mardi 30 août 2005 à 07h25min

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L’entraîneur national des Etalons cadets et du centre Planète champion international ne mâche pas ses mots pour décrire l’avenir peu radieux réservé audit centre. Pihouri Webonga est déçu. Le centre qui a tant apporté au football burkinabè risque de fermer dans six mois si rien n’est fait.

Dans l’entretien qui suit, Pihouri Webonga parle également du niveau de notre football, du nouveau contrat de Moumouni Dagano à Sochaux et des chances de qualification des Etalons seniors pour la CAN’2006.

"Le Pays" : Comment se portent les jeunes de Planète champion ?

Pihouri Webonga (entraîneur de Planète champion) : Je ne saurais dire exactement comment les jeunes de Planète champion se portent. C’est vrai que nous venons de terminer un tournoi où nous avons été classés premiers, mais il y a beaucoup de problèmes qui sont posés et qui vont encore se poser ...

De quels problèmes voulez-vous parler ?

Le fondateur du centre, Philippe Ezri, nous a laissé comprendre depuis la Gambie qu’il ne pouvait pas continuer. Il nous a donné un délai au bout duquel il arrêterait le financement dudit centre.

Quel est ce délai ?

Il a parlé d’un délai de 6 mois parce que, dit-il, il ne pourra plus continuer avec un centre qui n’aura pas d’issue. Un centre forme des joueurs qui sont par la suite placés dans des clubs afin de pouvoir s’auto-financer.
Ici, nous n’avons pas de compétitions. Or, la compétition est le facteur déterminant de la qualité du joueur, sur tous les plans. Tant qu’il ne compétit pas, il lui est difficile de progresser. Les entraînements seuls ne suffisent pas. Dans cette situation, Planète champion est appelé à fermer. Le fondateur l’a répété ; il ne peut plus continuer s’il n’y a pas de compétitions. Quelle compétition peut-on organiser entre centres de formation ? Et puis, ils sont combien ces centres en question ? Ce n’est pas moi qui organise le football, mais je le dis en tant qu’entraîneur expérimenté parce que ça fait 27 ans que je suis dans ce domaine. Aujourd’hui, pour une compétition de haut niveau, il va falloir que les débats soient élevés. Comment peut-on élever les débats s’il n’y a pas de compétitions ?

En clair, vous voulez jouer le championnat de D1 ?

Oui, nous le voulons. Même si ce n’est pas la D1. On était qualifié pour cette division, mais on n’a pas pu y accéder. On peut toujours recommencer. Même si c’est la D2, nous voulons jouer.

Un club de D2 a le droit de monter en D1, alors que la Fédération ne permet pas aux centres de formation de jouer le championnat d’élite ...

Justement, c’est le problème que nous allons avoir. Si nous y accédons, nous apporterons un changement dans le niveau de notre football. Nous parlons de qualité, pas d’autre chose. Si c’est un football végétatif que nous voulons, OK ! Les clubs vont aller et revenir, nous allons (ndlr, les clubs) nous battre entre nous ici, nous continuerons de manger de cette sauce. Mais, entre nous, est-ce une sauce de qualité ? Aujourd’hui, nous sommes obligés de nous ouvrir au monde. Il y a des gens qui peuvent nous (Planète champion, ndlr) financer. Pour qu’ils acceptent de le faire, il faut que nous jouions en D1.

Y a-t-il une possibilité de rachat de Planète champion s’il venait à fermer ?

Depuis 2003, il avait été dit que s’il y avait des Burkinabè ou non qui étaient tentés de le faire, ils seraient les bienvenus. Personne ne s’est intéressé à cette offre. Personne ne veut prendre Planète champion si c’est pour être uniquement un centre de formation. Personne ! Je trouve qu’il est normal que quelqu’un qui veut investir d’énormes sommes tire un jour des avantages.

Des discussions ont-elles été menées avec la Fédération de football pour voir comment sauver ce qui peut encore l’être ?

Le président de la FBF était en voyage, mais le commandant Paul Tondé qui s’occupe de l’administration de Planète champion a tenté de l’avoir pour des échanges. A son retour, ils vont se rencontrer pour qu’ensemble on voit ce qu’on peut encore sauver.
Si Planète champion venait à disparaître, cela découragerait beaucoup.

Vous avez aussi en charge les Etalons cadets. Que deviennent-ils actuellement ?

Nous allons élaborer un programme de travail et le soumettre à la Fédération. Le 3e vice-président de la FBF nous avait demandé d’établir un programme de travail pour mieux préparer les campagnes futures.

En tant que technicien, croyez-vous toujours à la qualification des Etalons seniors pour la CAN’2006 ?

Je souhaite une victoire contre l’Afrique du Sud le 3 septembre prochain. La qualification des Etalons, au stade actuel, ne dépend pas exclusivement des Etalons. Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en jeu. Tout dépend des résultats des autres équipes du groupe.

Moumouni Dagano vient de signer à Sochaux. Une première dans le football burkinabè. Cela vous a-t-il surpris ?

J’avais dit à Dagano en 2001, quand on était au Maroc pour la préparation de la CAN’2002, qu’il perdait du temps. Il se contente de ce qu’on lui donne. C’est vrai que ce qu’il gagnait représentait beaucoup pour un Burkinabè, mais ce n’est rien. Dagano ne mérite pas ça. Il a promis de faire des efforts. Je m’attendais à mieux que ça pour lui. Je sais qu’il a une certaine valeur. C’est bon, mais ce n’est pas arrivé, comme on le dit couramment.

Comment appréciez-vous le championnat national qui vient de s’achever ?

Je ne l’ai pas bien suivi. On était tout le temps en mouvement ; mais à partir des prestations futures du nouveau champion (ndlr, RCK) et du vainqueur de la Coupe du Faso (ndlr, USO) sur le plan continental, on pourra mieux apprécier. Mais quand je fais l’analyse de la Coupe du Faso que j’ai suivie, le niveau laisse à désirer, surtout la finale. Tactiquement et techniquement, on n’a pas vu grand-chose. Si on s’en tient à ça, ce n’est pas encore le niveau escompté.

Avez-vous autre chose à ajouter ?

Si nous devons avancer ensemble, il faut souvent dire certaines choses, même si on a du respect pour les personnes à qui on parle. Il faut dire certaines vérités qui puissent les aider à avancer pour que demain, il n’y ait pas de regrets ...

... Visiblement, vous avez un coup de gueule ...

Ce n’est pas ça. Je veux dire qu’en sport, il y a des choses qu’il ne faut pas se cacher. Il nous faut nous mettre au sérieux dans l’organisation du football national. Tant que nous n’allons pas avoir une politique de formation à la base, ce sera toujours difficile. Là où je suis actuellement, je m’interroge sur la reconstitution de l’équipe cadette. Sur qui, sur quoi je vais me baser, comment cela va-t-il se passer ? Voilà des interrogations qui m’habitent. Il n’y a pas de compétitions de jeunes et ce sont toujours les mêmes problèmes qui vont se poser.

Propos recueillis par Alexandre Le Grand ROUAMBA
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 31 août 2005 à 01:18 En réponse à : > Pihouri Wébonga : "Planète champion risque de mourir"

    Bien cher Pihouri,
    Je ne peux que vous dire courage. Vingt sept ans ce n’est pas une quinzaine ! Je souhaiterais prendre attache avec vous et attends une réaction rapide. Tonton Pierre Sanon. (pj_sanon@yahoo.com).

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