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Vacances aoûtiennes : oisiveté dans les organes de presse ?

Publié le samedi 27 août 2005 à 10h17min

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Le mois d’août est marqué par un ralentissement significatif des activités dans les administrations publiques et privées. Les départs en vacances des membres du gouvernement, des Organisations non gouvernementales (ONG) et associations expliquent cela. Ce qui a valu au mois d’août l’appelation du période morte.

Toute chose qui n’est pas sans conséquences sur les productions journalières des organes d’information. Une visite dans quelques rédactions de Ouagadougou permet de connaître les réalités vécues par les organes de presse en ce début du mois d’août 2005.

Le mois d’août, communément appelé "Période morte" est la période de vacances choisie par le gouvernement, les Organisations non gouvernementales (ONG) et associations. Il constitue en outre une période d’angoisses pour les organes de presse, qui se demandent à quel saint se vouer pour avoir de quoi "alimenter" leurs publications.

En effet, pendant le mois d’août, les organes doivent remplir leur mission d’information. Ils sont contraints de développer des initiatives pour combler "le vide" laissé par l’arrêt des activités du gouvernement, des institutions et associations.

Les rédacteurs en chef de quelques quotidiens interrogés sont unanimes quant aux difficultés liées à la gestion de leurs journaux durant cette période.

"Le mois d’août est effectivement une période "morte" pour les organes de presse et notre quotidien n’en échappe pas" a reconnu le rédacteur en chef de l’Observateur Paalga, Ousséni Ilboudo. Il est corroboré par Zanga Issoufou Ouattara, rédacteur en chef de la "Radio Télévision du Burkina" (RTB).

Celui-ci trouve que le ralentissement des activités gouvernementales durant cette période en terme de séminaires, d’ateliers et de cérémonies ne sont pas sans conséquences sur les rédactions alors que les journaux sont le plus souvent dominés par ces activités. De passage à Ouagadougou, le directeur de "l’Express du Faso" Jacques Bama va plus loin en racontant que leurs difficultés sont d’autant plus grandes que leur quotidien est basé à Bobo-Dioulasso et non dans la capitale. "Cette période de vacances gouvernementales compliquent davantage les choses à notre niveau".

Le quotidien "Les Editions Sidwaya", vit les mêmes angoisses en cette période. Les conférences de rédaction qui s’y tiennent à partir de 8h 30 mn, sont en général moroses dans le mois d’août. Le tableau de reportages est à moitié vide. La rédactrice en chef de Sidwaya, Marceline Ilboudo a interrogé les journalistes en conférence de rédactions sur l’article qui pourrait faire la manchette du journal, le lendemain.

Toutefois, Ousséni Ilboudo affirme que cette situation ne concerne pas que le Burkina Faso. "Même en Europe, cela vérifie car c’est une période où les gens décrochent un peu".

Développer des initiatives

La période "morte" inquiète plutôt les quotidiens qui font du factuel et de l’institutionnel. Pour le rédacteur en chef du Journal du Jeudi (JJ), Hamidou Idogo, en tant que hebdomadaire, ""JJ" ne sent pas tellement cette période. "Nous puisons nos sources dans le quotidien mais aussi dans les différés. Donc nous avons toujours de la matière pour alimenter notre journal" a confié M. Idogo.

Quant aux quotidiens, ils sont obligés de développer des initiatives pour pallier les difficultés qu’ils rencontrent pour boucler leurs éditions. Tout en déplorant cette "mauvaise" habitude des quotidiens burkinabè dont la tendance est de trop s’accrocher aux ateliers, aux colloques qui prennent trop de temps et d’énergie au journaliste, Ousséni Ilboudo apprécie positivement la période morte. "Pendant cette période, nous essayons de trouver des sujets de rechange pour passer un été suffisamment garni. Elle nous permet de faire véritablement un travail de terrain, de nous ressourcer un peu, donc de faire du vrai journalisme".

A Sidwaya, à l’Observateur Paalga, tout comme à l’Espress du Faso et à la RNB, la liberté est laissée au journaliste de proposer un sujet qui soit pertinent et porte un intérêt. En général les sujets de reportage portent sur des faits de société (problèmes de quartier, de marché, de criminalité et bien d’autres) qui sont des réalisations faciles et que l’on retrouve sur la place. Ces sujets sont "croustillants" selon Zanga Issoufou Ouattara et permettent d’enrichir le journal qui généralement ne dépasse pas 15 à 20 mn en cette période "morte" à la Radio.

(En période d’intenses activités, la durée du journal parlé est de 30 à 33 mn).

Ousseni Ilboudo renchérit : "Ils sont très vendables. Il suffit seulement que le journaliste sache s’y prendre et qu’il y mette un minimum de talent".

Ces sujets sociaux ont été tellement traités par les hommes des médias à chaque vacance gouvernementale que ceux-ci les trouvent monotones et lassants.

Pour le rédacteur en chef de l’Observateur Paalga, le journaliste n’a pas d’autre choix que de traiter ces sujets qui reviennent de façon cyclique pendant cette période où il y a peu d’activités. Jacques Bama ajoute : "la période morte se ressent dans le contenu de l’Express du Faso. Même si nous ciblons les activités au quotidien, nous bouclons le journal avec beaucoup plus de difficultés".

Mais ce n’est pas pour autant que nous devons "baisser les bras" ; poursuit M. Bama.

Un sujet n’étant jamais épuisé complètement, il revient , selon M. Ilboudo au journaliste d’éviter de le traiter sous le même angle.

S’il est plus facile aux Hebdomadaires de tenir le coup, il est par contre plus fastidieux pour les quotidiens d’offrir à leurs lectorats, auditeurs ou téléspectateurs, des informations "croustillantes" durant le mois d’août.

Toutefois, il est plaisant de constater que ces organes d’information (Presse écrite, Radio, Télévision) mettent les bouchées-doubles pour satisfaire leurs publics.

Cela dénote de l’importance et de l’intérêt que les journalistes ont pour leur métier, qui est d’informer le plus objectivitivement possible et de façon constante.

Aïssata BANGRE
Sidwaya

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