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Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

Publié le jeudi 10 octobre 2019 à 11h55min

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Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

Fatimata Ngouéba, 7 ans, est originaire de Pobé-Mengao, dans la province du Soum. Avec ses parents chassés de chez eux par la crise sécuritaire, elle a trouvé refuge au quartier Rimkiéta de Ouagadougou. Elle rêve de rentrer chez elle, parce qu’elle vit dans l’indifférence. Non seulement elle ne mange pas à sa faim, mais aussi, elle n’ira pas à l’école cette année. Chaque matin, la petite fille rase les murs de l’école Song-Pèlcé, à l’heure où les enfants de son âge sont en classe.

5 octobre 2019. Ouagadougou s’est réveillée mouillée par une pluie de fin d’hivernage. L’aube silencieuse est troublée par les ronflements des motos. Au quartier Rimkiéta, tout semble ordinaire. Mais pour Fatimata Ngouéba, tout n’est qu’incompréhension. Née à Pobé-Mengao, dans la province du Soum, elle est venue dans ce quartier par la force des choses.

Son peuple vit depuis des siècles de part et d’autre de la frontière Burkina-Mali. « Nous sommes à Yoro (Mali) et à Pobé-Mengao (Burkina Faso) ». A l’origine, une vie rythmée par l’agriculture et l’élevage. Mais depuis quelques années, la donne a changé. « Le paisible endroit s’est mué en lieu de malheur et de mort », murmure le doyen de la famille, Assaya Ngouéba, 78 ans, l’air désemparé. Pour le vieillard, leur malheur vient « des visiteurs ». « C’était des hommes en armes, enturbannés », se souvient-il. Qui étaient-ils ? « Ce sont ceux qui veulent répandre l’islam », répond Amadou Sawadogo, le porte-parole du groupe des déplacés de Pobé-Mengao.

Adama Sawadogo, responsable des déplacés de Pobè-Mengao

Que voulaient-ils ? « Instaurer la charia par la force », ajoute Ousmane Confé, 54 ans. « Ils ont dit qu’ils voulaient instaurer la vraie religion. Mais ils ont ouvert le feu à leur deuxième visite. Il y a eu des morts, des pillages, des incendies, des pleurs et des fuites », explique le porte-parole, Amadou Sawadogo. C’est cette situation qui a contraint Fatimata et ses parents à trouver « refuge » dans le quartier Rimkiéta de Ouagadougou.

Amidou ne va pas non plus à l’école

De la province du Soum à la capitale Ouagadougou, le parcours de Fatimata et des siens a été ponctué d’épreuves. Ses parents ont tout perdu, même l’espoir. Et Fatimata, elle, risque de ne pas aller à l’école. Une situation indépendante de sa volonté. Sa nouvelle vie a été tracée par les hommes armés et les tensions qui ont touché sa localité. Bien qu’elle n’ait jamais rêvé de Ouagadougou, elle subit aujourd’hui les vicissitudes de la capitale burkinabè, loin de son Pobé-Mengao, parce que son village a reçu une visite inattendue d’hommes indésirables : des terroristes. Tout comme la plupart des villages des provinces de la région du Nord et du sahel.

Une déplacée qui lave les habits pour survivre

La situation de Fatimata Ngouéba est préoccupante. En effet, pour cette petite fille, tout semble perdu : la joie de l’enfance, l’innocence et la naïveté due à son âge. Et même qu’elle risque de perdre son avenir si les choses restent intactes. Tout simplement parce que ses parents, des déplacés venus de Pobé-Mengao, du fait des attaques terroristes, ont refusé de se rendre dans les camps d’accueil aménagés pour les déplacés, et où des écoles sont prévues pour leurs enfants.

Assa Ngouéba, une fillette qui ne va pas l’école, elle a 6 ans

Mais Fatimata Ngouéba n’est pas la seule dans cette situation. Sur le site d’accueil, plusieurs autres enfants de son âge, passent leurs journées, assis aux côtés de leurs parents, les regards évasifs et les corps amaigris, attendant d’être « casés » dans une école à proximité de leur site d’hébergement. Qu’en sera-t-il ? Difficile de répondre.

Une chose est certaine, Jérôme Zida, le responsable local de l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (OCADES), chargé d’appui aux déplacés internes, que nous avons trouvé sur place, appelle à l’aide et à la solidarité au profit de ces enfants déplacés, afin que leur avenir ne soit pas compromis. Et le père Jean-Hyppolite Bouda, vicaire de la paroisse de Bissighin et aumônier local de l’OCADES, de faire constater que ce sont « nos enfants en pleurs ». Alors, vivement une bouée de sauvetage !

Père Jean-Hippolyte Bouda, aumônier de l’OCADES

Edouard Kamboissoa Samboé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 octobre 2019 à 14:48, par syias En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école

    Il faut que les écrits émotionnels fassent place à la réalité du terrain. Cette guerre asymétrique a fait beaucoup de victimes et les enfants qui ne vont pas à l’école cette année pourront le faire l’année prochaine si nous venons à bout du terrorisme.

  • Le 9 octobre 2019 à 15:31, par HUG En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école

    Avec cette situation que dit la CNSE (coordination nationale des syndicats de l’éducation) qui a dit haut et fort que leur lutte vise l’accès à l"éducation. Courage à ces déplacés.Une fois l’aspect financier a été réglé les autres points sont mis aux oubliettes. Beaucoup d’enfants sont dans cette situation désastreuse mais comme le gouvernement ne dit rien il ne faudrait pas aussi que la CNSE ne dit rien aussi.

  • Le 9 octobre 2019 à 16:37, par DF En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    Il faut que les déplacés rejoignent les camps qui ont été désigné pour cela. Dans les camps, il y a des écoles. Voyez vous même que le gouvernement ne peut pas gérer les cas de façon individuel.

  • Le 9 octobre 2019 à 16:56, par Anonyme En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    Nul ne peut rester insensible face à ceci. Ces personnes sont nos mères, pères, frères et soeur, ils ont besoin de nous.
    Je n’ai pas grand chose, je suis certainement moins nanti que beaucoup de ceux qui liront ce poste mais je demande au journal de me laisser un contact par mail. Je prend en charge la scolarité de la petite Fatimata jusqu’a la classe de 3ème.
    Ca aurait pu etre nous et nul n’est à l’abri.

  • Le 9 octobre 2019 à 16:57, par TERMINATOR En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    Il n’ya pas d’autres solutions que la résistance, un groupe de quelques individus ne peuvent pas venir faire fuir tout un village, il est urgent d’armer un groupe d’auto défense dans chaque localité ou ces terroristes se présentent. Venir lancer un ultimatum et pouvoir repartir tranquillement ne devrait plus être possible, s’ils ne sont pas tous éliminés, que ceux qui auront pu fuir ne songent même plus à revenir. Qu’on le veuille ou pas, qu’on trouve cela risqué (et pourtant les CDR ont été un exemple) c’est notre seul salut.

  • Le 9 octobre 2019 à 19:08, par Le petit tranquilos En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    C’est dommage. Je me demande personnellement si je ne vais pas me convertir au christianisme. Si c’est ça l’islam, j’ai honte d’être musulman. A peine je veux pleurer. Dans le monde entier quand il y a des troubles, c’est par l’islam. Même ceux qui se convertissent en moins d’un an causent ou tuent des innocents.
    Ou bien c’est la façon d’apprendre le Coran qui est violent ou bien c’est parce que nous autres n’ont pas allez trop loin ou bien nous avons des amis chrétiens que nous sommes modérés ?
    Il faudrait que nos responsables religieux revoillent qui peut être Iman ou maître coranique. Je commence a me décourager sincèrement.
    C’est un point de vue personnel, et n’insulte personne.
    qu’Allah tout puissant nous vienne en aide.

  • Le 10 octobre 2019 à 10:09, par choqué En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    j’ai été très touché par ce récit ; j’aimerais pouvoir apporté une aide ; si le journal peut nous fournir une adresse ou un numéro de téléphone

  • Le 10 octobre 2019 à 11:11, par TENGA En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    La prise en charge doit être intégrée : logement, nourriture, santé, ses parents,... à défaut même si la scolarité est assurée, elle ne pourra pas.
    Cela nécessite une prise en charge de toute sa famille. si cela est fait et il ne reste que son école, l’aide peut donner de résultats.
    Il y a beaucoup d’autres dans cette situation ; voire dans une situation où c’est la survie même qui est menacée. Que Dieu nous aide.

  • Le 10 octobre 2019 à 11:34, par Education pour tous En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    Je me demande si nos chères maîtres sont vraiment conscients et sensibles à la situation de Fatimata. C’est l’avenir du Burkina Faso qui est en danger : Il y a pleins d’autres dans sa situation et même de grandes filles et de grands garçons et malheureusement pour beaucoup ça risque d’ être la fin de leur scolarité car beaucoup seront non seulement dispersés et même démotivés.
    J’ai récupéré deux chez moi que j’ai inscrit, un en troisième et l’autre en seconde en attendant que la situation s’améliore. Je ne suis pas riche, je me débrouille comme monsieur Anonyme que j’apprécie. Nous pouvons aider nos frères et sœurs dont la scolarité ne vaut même pas la consommation d’essence par semaine de certains de mes frères qui se disent patriotes.
    Dommage pour tout ce qui se passe au Burkina Faso
    Union de prière pour mon chère pays
    Que Dieu protège le Burkina Faso

  • Le 10 octobre 2019 à 12:08, par samboé En réponse à : Déplacés de Pobé-Mengao à Ouagadougou : Fatimata Ngouéba, 7 ans, n’ira pas à l’école cette année

    Chers lecteurs, merci pour vos intentions.
    Pour pouvoir vous conduire à Fatimata Ngouéba et ses proches, afin que vous les aidiez, merci de contacter....

    Lefaso.net ou
    Le journaliste : edouard Samboé, (61597750/74949997 /samboeedouard@gmail.com)

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