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Les secrets de Goama : Une nouvelle série dans les starting-blocks

Publié le jeudi 25 août 2005 à 07h25min

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Malgré les beaux discours et les déclarations d’intention, le cinéma africain cherche toujours ses lettres de noblesse. Les obstacles sont nombreux qui étouffent sa promotion à tel point que les écrans africains sont des fourre-tout où il est question de tout sauf des Africains.

Dans un tel contexte, l’émergence de toute nouvelle œuvre cinématographique est à la fois une victoire et un exploit qu’il convient de saluer à sa juste valeur. C’est pourquoi, l’arrivée de « Les secrets de Goama » sur les écrans mérite donc d’être saluée.

L’invasion des écrans africains par les télénovelas et autres productions venues de loin pose au bout du compte un réel problème culturel à l’ensemble des spectateurs des pays d’Afrique. S’il y a peu de choses à dire quant à la qualité technique des œuvres qui envahissent notre paysage audiovisuel, en revanche on peut disserter en longueur sur leur impact sur les groupes intellectuellement vulnérables que sont les adolescents et la gent féminine en général (autant dire plus des deux tiers de la population).

Outre l’installation insidieuse dans ces groupes d’une dérive culturelle contestable, les productions non africaines altèrent jusqu’à la perception de la réalité en proposant des histoires qui, même si elles semblent intéressantes, n’ont ni de près ni de loin de rapport avec le paysage humain ou l’environnement géographique des spectateurs. Il est regrettable que les écrans africains, avec la complicité des Africains, soient des fourre-tout où il est question de tout, sauf d’Africains.

Malgré l’existence de réalisateurs à la compétence indiscutable, le cinéma africain cherche toujours sa voie, victime à la fois de la rareté des financements destinés à la production et de la complexité des procédures de décaissements lorsque d’aventure quelques bailleurs décident de soutenir le secteur.

La diversité donc des obstacles qui concourent à faire l’impasse sur le cinéma africain est telle que tout « clap » permettant d’entamer une production cinématographique typiquement africaine est une victoire qu’il convient de saluer à sa juste valeur.

Bientôt, 56 épisodes de 26 minutes chacun
La nouvelle œuvre cinématographique africaine dont l’épisode pilote vient d’être achevé dans le Ouagadougou down town est intitulée : « Les Secrets de Goama ». Produite par Touraman productions, la série « Les Secrets de Goama », à travers 56 épisodes tous aussi savoureux les uns que les autres, nous entraîne dans un univers tour à tour cocasse, grave, belliqueux où l’exceptionnelle richesse des personnages et la trame sans cesse ondoyante du récit fait piaffer d’impatience d’un épisode à l’autre.

Reprenant de manière autant artistique qu’originale une histoire qui pourrait être celle de Monsieur tout le monde, « Les Secrets de Goama » nous revèle Goama, entrepreneur de son état et qui, voyant ses affaires péricliter inexorablement, décide de refaire sa prospérité perdue en sollicitant l’aide d’un gris-gris.

Il est suivi dans cette démarche par son ami, le sieur Tinga qui, lui, est garagiste et, comme son ami Goama, à deux doigts de mettre la clé sous le paillasson. Autres pièces du puzzle : la bonne de Goama que la cupidité et l’esprit d’intrigue pousseront à courtiser son patron puis à lui voler son fétiche (mal lui en prit...).

On retrouve également Tantie Odile, épouse de Goama mais aussi l’ancienne épouse de Tinga de laquelle Tinga est toujours amoureux mais qui, elle, est amoureuse du comptable de Goama dont le nom est... Chirac... L’interpénétration des intrigues est telle qu’un éléphant y piétinerait sa trompe.

Pour en revenir à Goama et à son ami Tinga, il faut dire que, sans hésiter, nos deux amis s’en furent consulter un quimboiseur. Celui-ci leur remit un gris-gris qui effectivement les fit prospérer de nouveau mais qui hélas, avait la pénible particularité d’être un fétiche frappeur.

Copieusement fouettés à chaque incantation, nos amis finiront par en avoir par dessus la tête... Sans rentrer dans des comparaisons inutiles, on peut cependant faire le rapprochement entre cette série et les Bobodioufs car il est loisible de constater que, autant les Bobodioufs restituent un certain esprit bobolais, autant les secrets de Goama mettent en premier plan un certain esprit ouagalais. Il y a lieu de féliciter ici Touraman production pour son initiative, Adama S. TRAORE réalisateur du film, son assistant Dominque ZEIDA ainsi que toute l’équipe technique active sur le plateau pour leur contribution à africaniser les écrans africains.

Ainsi ce film vient renforcer la cinémathèque burkinabè. Les grands gagnants de cette odysée sont les téléspectateurs et le cinéma africain. Bon vent à Goama et à ses secrets et bienvenu dans le paysage audiovisuel burkinabè.

Par Luc NANA

L’Opinion

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