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Crise foncière dans les arrondissements 3, 8 et 9 de Ouagadougou : Le cri du cœur d’une organisation de défense des acquis de l’insurrection populaire

Publié le mercredi 18 septembre 2019 à 22h20min

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Crise foncière dans les arrondissements 3, 8 et 9 de Ouagadougou : Le cri du cœur d’une organisation de défense des acquis de l’insurrection populaire

La Coordination des comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de l’ex-arrondissement de Sig-Nonghin (actuels arrondissements N°3, 8 et 9) a animé, mercredi, 18 septembre 2019 à Ouagadougou, une conférence de presse autour de trois préoccupations qui rythment la vie de certaines populations des arrondissements concernés : le lotissement à Silmiougou, l’affaire Toécin yaar et le litige entre l’Eglise des Assemblées de Dieu Viim Kuilga et des maraîchers.

Pour mémoire, dans ce dossier dit lotissement à Silmiougou, les conférenciers dénoncent des « manigances » entre un promoteur immobilier et le chef de Silmiougou dans le but d’« exproprier » les habitants de la zone de leurs champs. A en croire les responsables de la Coordination des comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP), dans cette zone située au nord-ouest de la ville de Ouagadougou, des sociétés immobilières ont entrepris des opérations de lotissements sans associer les populations dans le processus. Ils exigent donc l’attribution de parcelles à tous les résidents de la zone non-lotie avant tout début des travaux d’aménagement sur le site par la SONATUR (Société nationale d’aménagement des terrains urbains).

« La plateforme revendicative actualisée des populations de Silmiougou a été déposée le 31 janvier 2019 auprès de la mairie de l’arrondissement 8 de Ouagadougou. Une rencontre a été convoquée par le maire le 6 février 2019, mais voilée par du dilatoire et dans l’esprit d’avoir du temps. Aucune proposition concrète n’a été faite. Les démarches qui s’en sont suivies sont émaillées de difficultés. Une autre rencontre a été tenue le 7 mars 2019 entre le maire, le chef de Silmiougou et les populations dans la cour royale de Silmiougou, mais une solution n’a pas été trouvée. C’est pourquoi, nous avons aussi interpellé la SONATUR ; puisqu’elle est la structure ayant conduit l’opération de lotissement. Là aussi, n’ayant pas été bien reçus, et remarquant la présence des bulldozers pour racler le terrain, nous avons été obligés d’organiser un sit-in devant les locaux de la SONATUR le 11 avril 2019. Jusqu’à nos jours, notre plateforme est restée en l’état », situent les conférenciers dans la déclaration liminaire.

Le coordonnateur CDAIP de l’ex-Sig-Nonghin, Ernest Zemba

« Si nous sommes dans cette situation à Silmiougou, c’est parce que certains acteurs ont décidé de piller les populations », déplorent-ils, révélant que des sources concordances apprennent qu’une extension de quinze hectares est même prévue pour les résidents de la zone non-lotie. « Les conseillers Sam Roger Kaboré et Soumaïla Kaboré sont tous membres d’une société immobilière. Une délibération du Conseil municipal octroyant des terres à lotir à ladite société a fini par être annulée suite à une publication du journal Le Reporter », a soutenu le coordonnateur du CDAIP, Ernest Zemba.

Sur le sujet dit affaire « Toécin yaar » (du nom de ce marché situé à la sortie nord-ouest de la capitale), la CDAIP a dénoncé, depuis un moment, une gestion frauduleuse des places sur le nouveau site du marché. Cela a donné suite à une mission d’investigation du ministère de l’Administration territoriale qui a produit un rapport sur demande du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC). Ledit rapport a, selon les conférenciers, confirmé les griefs et récriminations dans la gestion des places du nouveau site du marché.

Cette mission a été assortie de recommandations qui devraient, poursuivent-ils, être mises en œuvre immédiatement par la mairie de l’arrondissement N°3 depuis juin 2017. « La recommandation 14 qui stipule qu’il faut retirer toutes les parcelles attribuées à des personnes qui n’exercent pas la profession de commerçant à Toecin yaar et d’engager des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices des attributions irrégulières de parcelles, notamment les attributions de parcelles à des personnes n’exerçant pas la profession de commerçant à Toecin yaar. La recommandation 17 concerne la gestion irrégulière des frais de recensement et des frais de demande des parcelles. A ce niveau, le rapport mentionne qu’il faut faire rembourser au budget communal par Prosper Ilboudo, président du Comité de développement de l’ex-secteur 20 (CDS 20), la somme de 32 108 350 francs représentant les frais de recensement et les frais de demande de parcelles. Dans cette recommandation, il est aussi mentionné qu’il faut engager des poursuites judiciaires contre Prosper Ilboudo pour violation de la réglementation en matière de dépenses publiques et détournements de fonds publics et d’engager la procédure disciplinaire et des poursuites judiciaires contre Boukaré Tondé, agent en service à la mairie de l’arrondissement N°3 de Ouagadougou pour complicités de recensement irréguliers, d’attributions irrégulières de parcelles, de gestion irrégulière de fonds publics et pour mauvaise manière de servir », illustre le coordonnateur du CDAIP, Ernest Zemba, à travers la déclaration liminaire.

Les responsables de l’organisation disent constater que deux ans après ce rapport, rien n’est fait par la mairie pour appliquer les recommandations. Ils disent plutôt avoir l’impression que tout est en train d’être mis en œuvre pour garantir l’impunité aux fautifs au détriment des commerçants lésés. « Du côté de la justice, la plainte du REN-LAC sur la même affaire depuis le 2 janvier 2018 n’a pas encore connu un début de procès. Nous pensons que la justice doit diligenter le traitement de cette affaire car, il s’agit de victimes qui ont perdu leur outil principal d’activités », interpelle le CDAIP.

Quant au litige entre l’Eglise des Assemblées de Dieu Viim Kuilga et les maraîchers, la Coordination a rappelé que suite à sa conférence de presse du 23 mai 2019 dénonçant la tentative d’accaparement du site de maraîchage sur la rive du barrage jouxtant l’échangeur du nord par le pasteur Kouma Kaboré pour étendre son église, une action en justice a été engagée.

Après plusieurs reports, les parties ont finalement comparu le 10 septembre 2019 au Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Le délibéré est prévu pour le 24 septembre 2019. « En substance, le pasteur Kouma Kaboré et ses suppôts sollicitent l’expulsion des maraîchers sur les lieux, tant de leur personne, de leurs biens et que de tous occupants. Par ailleurs, il demande que les camarades (de la CDAIP, ndlr) convoqués soient solidairement condamnés et qu’ils lui paient aussi la somme de 2 419 000 francs », expliquent-ils.

La CDAIP se dit convaincue que la procédure d’attribution du site de maraîchage est entachée d’irrégularités et que le retrait du site porte les germes d’une crise. Elle dit donc maintenir sa position qui est qu’il faut s’abstenir de déguerpir les maraîchers et d’engager des échanges avec eux en vue de trouver une solution consensuelle à même d’éviter à tous une crise.

« Le pasteur Kaboré refuse le dialogue et demande au juge, par le biais de son avocat, d’ordonner l’expulsion des maraîchers pour qu’il puisse mettre en valeur le terrain convoité. Comme pour dire aux maraîchers et leurs familles qu’ils peuvent crever de faim s’ils ne peuvent pas se trouver d’autres activités », souligne la CDAIP.

La CDAIP rappelle que le pasteur s’est installé sur le site dans les années 1995. Il a demandé et obtenu des maraîchers une petite portion pour implanter son église. Lors des travaux de l’échangeur du nord, une partie de son église a été rasée et cela lui a fait bénéficier d’un dédommagement. Les maraîchers ont donc été surpris, poursuivent les conférenciers, d’apprendre un jour que le pasteur s’est fait établir un arrêté lui conférant les droits de propriétés d’un terrain de 8 772 m2. D’où les multiples interrogations de l’organisation sur les conditions d’acquisition de cette propriété.

OHL
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