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Développement : Le Burkina Faso et l’UEMOA face à des défis économiques et financiers

Publié le lundi 16 septembre 2019 à 10h30min

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Développement : Le Burkina Faso et l’UEMOA face à des défis économiques et financiers

L’actualité économique au Burkina Faso a été dominée, dans la période du 6 au 13 septembre, par la décision du gouvernement de lever des fonds sur le marché financier à hauteur de 75 milliards de F CFA, dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES). Mais aussi par la décision du Burkina d’interdire désormais les importations d’huile et de sucre, et des boissons frelatées. Des mesures d’une grande portée économique dont la mise en œuvre mérite un engagement franc, au risque de passer pour des idées populistes. Au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), des perspectives économiques se dessinent, mais aussi des défis plus que jamais persistants.

Le Burkina a posé une restriction à ses importations de sucre et d’huile. En effet, dans un communiqué du 9 septembre 2019, le ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisant, Harouna Kaboré, a annoncé la suspension de la délivrance des autorisations spéciales d’importations d’huile alimentaire et de sucre. Cela, dans le souci de soutenir l’industrie locale et promouvoir la consommation des produits locaux, estime-t-il. Désormais, toute importation sans titre de l’un de ces produits est une infraction qui sera punie comme telle. Dans la même lancée, le gouvernement avait interdit, le 6 septembre 2019, l’importation et la commercialisation des boissons frelatées sur toute l’étendue du territoire burkinabè ; pour cause, leur impact sur la santé, surtout sur la jeunesse.

Pour cette dernière interdiction, le pays en avait besoin, pour la construction d’une société dynamique et responsable, eu égard au nombre de foyers décimés par la boisson frelatée. Par contre, la seconde peut faire l’objet de polémiques, parce qu’elle intervient au lendemain de l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui écarte tout protectionnisme entre pays africains signataires de l’acte.

Des mesures protectionnistes ont conduit à une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, et cela a des répercussions sur le commerce international. Sauf que dans le cas du Burkina Faso, la mesure n’indexe pas les produits d’un pays donné. Alors, elle peut encore être considérée comme avantageuse.

Au plan financier, plus de 2 500 milliards de F CFA de dépenses budgétaires sont prévues dans le projet de loi des finances du budget de 2020. Le vendredi 6 septembre 2019, le gouvernement, en conseil des ministres, a adopté le projet de la loi des finances pour le budget de 2020. Le budget de l’Etat prévoit ainsi des dépenses de 2552,4 milliards de francs CFA, contre des recettes estimées à 2267,2 milliards, selon les projections du gouvernement, qui a parallèlement modifié la loi des finances en cours d’exécution, celle de 2019. Le solde budgétaire global ainsi dégagé est négatif de 285,1 milliards de F CFA pour 2020, ce qui correspond à -3% du PIB nominal. L’épargne budgétaire, quant à elle, s’établit à 248,3 milliards de F CFA.

Le gouvernement précise dans un communiqué que les priorités du budget 2020 visent à consolider les acquis engrangés depuis 2016 et à permettre le parachèvement des chantiers en cours dans les secteurs sociaux et les autres secteurs de relance de l’économie nationale pour une meilleure atteinte des objectifs de développement. Reste que l’on s’imagine que les points clés de ce budget resteront la défense et la sécurité, l’éducation nationale et bien sûr la solidarité nationale avec la question des personnes déplacées internes.

Le Burkina a en outre lancé la levée de fonds sur le marché financier régional pour la deuxième fois en 2019, le jeudi 12 septembre 2019 à Ouagadougou. Les opérations de souscription pour ce deuxième emprunt obligataire par appel public à l’épargne, dénommée « TPBF 6,50% 2019-2027 », vont s’étendre jusqu’au 3 octobre 2019. L’opération vise à emprunter un montant de 75 milliards de F CFA avec une maturité de 8 ans dont 2 ans de différé.

La valeur nominale unitaire de l’obligation est 10 000 F CFA, soit un total de 7 500 000 obligations. L’Etat s’engage à payer un taux d’intérêt annuel de 6,5%, soit un taux de 3,25% pour chaque obligation achetée, chaque six mois. Un emprunt qui vise à mobiliser des ressources complémentaires pour le financement du budget de l’Etat, selon le gouvernement burkinabè. Il est également destiné aux projets porteurs de croissance et s’inscrit dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES).

Perspectives d’évolution économique pour la zone UEMOA

Dans la zone UEMOA, le bilan de la production céréalière fait état d’une hausse de 9%, établissant cette production à 31,2 millions de tonnes pour la campagne 2018-2019. Le Burkina Faso est le troisième plus grand fournisseur du marché, derrière le Mali et le Niger, avec plus de 5,18 millions de tonnes. Cependant, la zone demeure fortement dépendante vis-à-vis de l’extérieur. En plus d’être auto-insuffisante en alimentation, la zone UEMOA, comme la plupart des espaces économiques africains, importe des pays développés des matériaux de construction, des produits chimiques, des appareils électriques et mécaniques, du matériel de transport et des produits dérivés, des céréales, des produits laitiers, le sucre, le blé, les boissons.

En 2018, les importations des pays de l’UEMOA se sont établies à 16 817 milliards de F CFA, enregistrant une hausse de 13% par rapport à 2017. La part de la Chine, principal fournisseur de la sous-région depuis plus de trois ans, s’élève à 2 606,64 milliards de F CFA. Cet état des faits n’est pas à l’avantage des économies des pays de la sous-région qui ont besoin d’une importante réorientation de leurs politiques.

Sur le marché financier, la dette obligataire des Etats s’est accrue de 909 milliards FCFA à fin juillet 2019. Les pays de l’UEMOA ont eu recours au marché financier régional pour la levée de fonds, dans le but de financer leurs plans de développement. Ainsi, les fonds levés par l’intermédiaire de l’émission d’obligations s’est établie à 909,45 milliards de F CFA entre janvier et fin juillet 2019.

Dans le classement, le Burkina est quatrième derrière le Togo, la Côte d’Ivoire et le Mali, avec 107,44 milliards de F CFA empruntés. Le marché financier se positionne ainsi comme une meilleure alternative pour le financement des projets de développement des pays de la zone. En 2018, les emprunts s’élevaient à 3 151 milliards de F CFA pour l’ensemble des pays de l’union.

Dans le domaine des énergies, le Sénégal acquiert une centrale électrique flottante d’une puissance de 235 MW, fonctionnant à l’aide de gaz naturel liquéfié. C’est le turc Karpowership, concepteur et constructeur des premières centrales électriques flottantes au monde, qui va installer cette centrale électrique, selon AA Energy, un média turc. La centrale électrique, du nom de « Aysegul Sultan », a quitté les côtes turques pour la capitale sénégalaise.

La centrale sera opérationnelle en début octobre 2019 et permettra de couvrir 15% des besoins électriques du pays. Une véritable avancée notoire pour l’économie du pays, qui occupe le deuxième rang dans la zone UEMOA, après la Côte d’Ivoire. En 2014, le Ghana avait été le premier pays en Afrique à obtenir un marché avec le Karpowership pour l’installation, dans sa partie sud-est, d’une centrale électrique d’une puissance de 200 MW qui fut convertie, deux ans plus tard, en une centrale électrique flottante de 480 MW, la plus grande centrale électrique au monde.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 septembre 2019 à 14:31, par Ka En réponse à : Développement : Le Burkina Faso et l’UEMOA face à des défis économiques et financiers

    Merci Etienne Lankoandé pour ces précisions : Tout es beau sur les annonces de monsieur Harouna Kaboré, qui a annoncé la suspension de la délivrance des autorisations spéciales d’importations d’huile alimentaire et de sucre. Cela, dans le souci de soutenir l’industrie locale et promouvoir la consommation des produits locaux, estime-t-il. ’’’Un objectif de Thomas Sankara resté dans ses terroirs en 1983.’’’ Plus loin on apprend : ’’’’Sauf que dans le cas du Burkina Faso, la mesure n’indexe pas les produits d’un pays donné. Alors, elle peut encore être considérée comme avantageuse. Avantage pour qui ? Pour un peuple traumatisé par une corruption à ciel ouvert ?’’’’ . Un pays profondément corrompu depuis plus de 60 ans ?

    Notre pays avec des sicaires politiciens aux petits pieds comme des hydres, surtout des hommes d’affaires comme ministres n’est pas transformable en un modèle de développement comme on veut nous le faire croire.

    C’est très beau cette initiative de l’UEMOA et le Burkina pour ce défi. Mais pour moi comme tout citoyen prévenant du pays des hommes intègres, ‘’’’la meilleure façon de distribuer les richesses, c’est de permettre aux populations de cogérer leurs petites terres, leurs petites commerces, leurs petits potagers comme le mien, avec ceux qui ont la capacité de les mettre en valeur comme voulait l’idéologue Thomas Sankara.

    Cette initiative tombera dans les mains des pilleurs de nos maigres ressources car la corruption au Burkina est un fond de commerce et un état d’esprit, dont la matérialisation physique se fait dans les administrations comme dans les commerces. C’est un état de conscience vis à vis de soi et des autres. Tant qu’on sera dans une république bananière et non dans un état de droit, où les initiatives individuelles et totalement désintéressées dans le seul but de profiter à la collectivité, et qui seront "récupérées" par des margouillats comme cette initiative, ou instrumentalisées à des fins politiques partisanes, le pays ne pourra pas avancer.

    Conclusion : Dieu dans sa bonté infinie a doté l’Afrique de toutes les richesses, un sous-sol scandaleusement riche, un sol vaste et fertile et bien arrosé, un climat superbe d’été permanent, un soleil généreux, et enfin un peuple jeune et travailleur. Le seul problème, ce sont des hommes politiques, cupides et d’une pauvreté et misère d’esprit à nul autre comparable. Voici où se trouve le vrai problème de l’Afrique. Depuis des siècles, toutes découvertes et changement global sont en faveur de l’Afrique. Mais le mal qui nous ronge avec nos hommes politiques, empêchent l’Afrique de tirer les meilleurs opportunités de ces changements. Lorsqu’on parlait de biocarburants, l’Afrique était la mieux placée. De même en matière d’énergie solaire, l’Afrique est encore mieux placée. Avec la ruée vers les terres, l’Afrique présente encore les meilleurs atouts. Devenons des adultes au lieu de gâcher nos richesses à des fins strictement individuelles et notre potentiel comme on le fait systématiquement depuis l’indépendance.

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