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Caravane de l’UFC-Dori : Les pèlerins de la paix sont arrivés à Ouagadougou

Publié le vendredi 13 septembre 2019 à 21h35min

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Caravane de l’UFC-Dori : Les  pèlerins de la paix sont arrivés à Ouagadougou

Depuis le 7 septembre 2019, des jeunes de différentes confessions religieuses sillonnent plusieurs localités du Burkina Faso pour véhiculer le même message. Celui de la paix, de la coexistence pacifique entre les différentes religions. Cette caravane organisée par l’Union fraternelle des croyants de Dori est arrivée dans la capitale ce 12 septembre. Elle a rendu visite aux autorités religieuses (évangéliques, catholiques et musulmanes), administratives et politiques.

Et de deux pour l’Union fraternelle des croyants de Dori (UFC-Dori). Après la première caravane des jeunes pour la paix organisée en 2013, elle a réédité l’initiative cette année. Mais contrairement à l’édition 2013 qui avait visité des pays de la sous-région (Mali et Niger), celle de 2019 s’est tenue in vitro. Le contexte a bien changé depuis, le Burkina Faso n’a jamais autant désiré la paix et la sous-région n’a jamais été aussi troublée.

Les infatigables caravaniers de la Paix

Venus des cellules locales de « Dudal Jam » (école de la paix en langue fulfuldé) de Gorom-Gorom, Dori, Fada N’Gourma, Koupéla, Tenkodogo et Bobo-Dioulaosso, ils sont de toutes les confessions religieuses (évangéliques, catholiques, musulmans). De la capitale du Sahel, ces messagers de la paix ont sillonné les villes de Koupéla, Koudougou et Bobo-Dioulasso avant d’arriver à Ouagadougou. A chaque étape, les caravaniers se sont entretenus avec les leaders religieux, administratifs et politiques sur des thématiques liées à la cohésion ; convaincus qu’ils sont que, la différence qu’elle soit religieuse ou d’opinion ne doit pas être une occasion de conflit, mais une opportunité de s’enrichir.

A l’étape de Ouagadougou, c’est une journée marathon qui a débuté par une visite à la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME). « Nous servons un Dieu de paix. Le Burkina Faso, dans son ensemble, ne recherche actuellement que la paix. Que l’on soit religieux ou pas, le mot paix crie dans les cœurs jusqu’aux lèvres (…). Tous ces caravaniers ont un flambeau de recherche de la paix, on ne peut que les accompagner », a dit le secrétaire général de la FEME, pasteur Etienne Zongo.

Chaque hôte a signé l’engagement des jeunes à promouvoir le vivre ensemble

A chaque caravanier, le pasteur a demandé de faire l’effort pour vivre la paix dans son cœur et dans la pratique quotidienne, la paix autour de lui. « Le fait qu’ils (caravaniers, ndlr) recherchent la paix, ils vivent déjà dans la paix. Si dans leur vécu quotidien, c’est le langage de paix, des actes de paix, les autres seront contaminés et leur but sera atteint », a poursuivi le pasteur Etienne Zongo qui n’a pas tari d’éloges à l’endroit des jeunes et des organisateurs de la caravane.

Cap sur l’évêché de Ouagadougou où les jeunes ont été reçus par l’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Ouagadougou, monseigneur Léopold Ouédraogo. Là également, la philosophie a été expliquée à l’hôte par le coordonnateur de l’UFC-Dori, Paul François Ramdé. Réunir des jeunes de différentes confessions religieuses pour qu’ils apprennent à se connaître, à fraterniser, une manière de faire tomber les murs battis sur des préjugés. Parler aux jeunes des localités visitées sur des thématiques liées à la radicalisation et à l’extrémisme violent.

L’évêque auxiliaire a exhorté les jeunes a tenir allumé le flambeau de la Paix

« Ils ont quitté une zone aussi délicate et dangereuse, Dori, pour faire le tour. Ils ont pris ce risque parce qu’ils croient à la force de la paix, de l’amour. C’est déjà le signe de la réalité de la paix. Quand tu arrives à voir en celui qui est avec toi et qui semble différent, soit à partir de la religion ou de l’ethnie, et tu en fais un ami, alors vous êtes en train de bâtir la paix », s’est pour sa part réjoui Mgr Léopold Ouédraogo, qui a donné l’ordre aux caravaniers de toujours garder cette flamme allumée. En tout cas, a-t-il rassuré, ils pourront toujours compter sur ses prières et de ceux du cardinal en déplacement.

La ministre Maminata Ouattara salue un partenaire

« C’est une initiative très louable que nous encourageons et félicitons au regard du contexte que nous vivons actuellement. Ce sont de telles initiatives que nous devons encourager. Des initiatives allant dans le sens de la tolérance, de la paix. Ce n’est qu’à travers la promotion de ces valeurs que nous pouvons promouvoir le développement de notre pays ». Ce sont les propos de la ministre des Droits humains et de la Promotion civique, Maminata Ouattara, qui a reçu les infatigables pèlerins pour la paix. Elle a en outre salué la collaboration qui a toujours existé entre son institution et l’UFC-Dori sur les questions de culture de la paix, de la tolérance et du civisme. L’engagement de l’association lui a d’ailleurs valu la médaille l’étoile d’or de la tolérance, décernée en 2013.

La ministre Maminata Ouattara a salué un partenaire privilegié (1)

La caravane a pris fin dans la soirée avec la visite à la Fédération des associations islamiques. Là également, les hôtes ont loué cette initiative. Pour l’imam Aboubacar Yugo, le thème de la caravane, « le rôle des jeunes dans la construction du vivre-ensemble, la prévention de la radicalisation et la lutte contre l’extrémisme violent », est d’une brulante actualité. « Nous menons une nouvelle vie qui nous a été imposée par des personnes que nous ne connaissons pas. Avec votre action, nous surmonterons ces difficultés pour que les choses ne se passent pas comme ils veulent », a regretté le leader religieux musulman, avant de préciser que si dans ce contexte, il y a des jeunes éveillées, éduquées, sensibilisées, les forces du mal ont beau vouloir, elles ne pourront pas mettre en conflit les différentes communautés qui ont toujours vécu en parfaite symbiose, au-delà des appartenances religieuses et ethniques.

« L’avenir appartient à la jeunesse. Si elle prendre à bras-le-corps son avenir, on ne peut que rendre grâce à Dieu. Malgré tout ce que nous vivons, quand il y a des jeunes qui pensent à leur union, leur solidarité, et à promouvoir le vivre-ensemble, on ne peut que rendre gloire à Dieu. On espère que les jeunes n’arrêteront pas ce qu’ils ont commencé. Ça fera le bien et le bonheur de notre nation. On en a assez besoin », a poursuivi imam Aboubacar Yugo.

Avec la Fédération des associations islamiques

« Chacun est un maillon de l’amélioration de la situation »

Foi du coordonnateur de l’UFC-Dori, cette caravane animée par les jeunes pour la promotion du dialogue, pour la paix, la promotion du vivre-ensemble, la promotion de la tolérance entre en droite ligne de la philosophie de l’association qui fête ses 50 ans cette année. « Fer de lance, avenir et devenir de la nation, il est important que la jeunesse soit mobilisée et volontariste pour entreprendre dans le sens de l’amélioration du vivre-ensemble, de l’acceptation mutuelle, au-delà des différences ». Bien entendu avec le contexte national fébrile où des individus armés tentent de troubler la cohésion, la caravane avait une résonnance particulière.

« On a l’impression que ce sont des contre-exemples du Sahel que l’on entend, on ne voit même pas qu’il y a de bonnes initiatives qui peuvent permettre de rebondir et de construire quelque chose de positif. C’est aussi l’occasion de dire qu’on peut toujours s’entendre, faire quelque chose et chacun doit faire quelque chose. Chacun est un maillon de l’amélioration de la situation, du bon vivre-ensemble ».

Les responsables des églises évangéliques ont salué cette initiative

François Paul Ramdé a ainsi souhaité que les amitiés créées entre les jeunes caravaniers et entre eux et ceux des localités visitées subsistent ; qu’ils gardent ces liens, cette chaine d’amitié qui peut grandement contribuer à l’amélioration du vivre-ensemble.

Aussi, le coordonnateur de l’UFC-Dori a demandé aux leaders religieux, responsables administratifs et politiques, de donner l’exemple aux jeunes qui en ont besoin. « Nous attendons qu’ils montrent l’exemple, parce que, selon nous, il faut passer du dialogue aux actes. Il y a beaucoup de paroles, encore faut-il que l’on voie des choses simples qu’on entreprend ensemble et qui portent des grands messages ».

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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