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Université Pr Joseph Ki-Zerbo : Les enseignants rendent un dernier hommage au Pr Sib Sié Faustin

Publié le mercredi 11 septembre 2019 à 10h55min

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Université Pr Joseph Ki-Zerbo : Les enseignants rendent un dernier hommage au Pr Sib Sié Faustin

Décédé le 6 septembre dernier, le Pr Sib Sié Faustin a reçu ce mardi 10 septembre 2019 les ultimes hommages de ses collègues, collaborateurs, parents et amis du Burkina et d’ailleurs. Ils ont salué la mémoire d’un « serviteur engagé de l’Etat », « d’un ami fidèle », « d’un altruiste hors pair et qui avait un bon cœur ».

La cérémonie d’hommage a essentiellement été ponctuée de témoignages sur les œuvres du défunt. Pour les uns, il a été un serviteur dévoué de l’Etat, quelqu’un qui a aimé et servi son pays jusqu’à ses derniers jours. « J’ai fait la connaissance du Pr Sib Sié Faustin en 1978 lorsque je suis arrivé comme assistant à l’Institut de mathématiques et de sciences physiques (IPM). J’ai découvert quelqu’un qui aimait son travail et remarqué un travailleur exigeant et méticuleux. Il arrivait toujours avant 7h au service parce qu’il n’aimait pas les retards », a témoigné le Pr Jean Legma.

Selon d’autres, le regretté était un homme affable, n’aimant pas les honneurs, les gloires. « Il avait une phrase que j’ai fini par mémoriser et faire mienne. Il me disait tout le temps qu’un bon chef n’est jamais populaire », a précisé Pr Legma qui a travaillé pendant plus de 30 ans avec celui qui était son mentor. « Le Pr Sib Sié était un homme humble, serviable. Au labo, il était toujours là à guider les étudiants. Il n’aimait pas les titres et les honneurs. Il détestait les paresseux et les raccourcis », a ajouté Dr Edouard Tapsoba, premier étudiant que le Pr Sib Sié a encadré en thèse.

Ses collaborateurs de la Société ouest-africaine de chimie (SOACHIM) ont aussi salué l’œuvre d’un homme qui ont permis de faire de la société une référence en Afrique. « Avec toi, nous avons échangé de la nécessité de créer une société savante de chimie. Quelques mois après, l’idée était devenue une réalité grâce à ton engagement. Alors que j’étais le président de la SOACHIM, tu en étais le secrétaire permanent, c’est-à-dire la cheville ouvrière qui a œuvré à faire de la SOACHIM ce qu’elle est devenue par la suite », a relevé Pr Nguessan Yao Thomas de la Côte d’Ivoire, premier président de la SOACHIM. 

La présidence ivoirienne fortement représentée

La présidence ivoirienne a dépêché à Ouagadougou une forte délégation conduite par le ministre Ibrahim Ouattara, chargé des affaires présidentielles. Les membres de la délégation sont venus rendre hommage à un ami fidèle au président Ouattara. « Le Pr Sib Sié Faustin a été un ami de lycée du président Alassane Ouattara. Ils se sont connus au lycée Ouezzin Coulibaly et depuis lors ils ne se sont plus quittés. En France ou dans d’autres pays pour leurs études, ils ont toujours été ensemble au point que les familles se sont unifiées. Pendant les moments difficiles en Côte d’Ivoire, le Pr appelait régulièrement pour voir ce qu’il pouvait faire pour la famille du président Ouattara. Il a été un ami fidèle… », a conclu le ministre Ouattara la gorge nouée.

« Je ne serais pas devenu enseignant à l’université si le Pr n’était pas ministre »

Parmi les bénéficiaires des bonnes œuvres du Pr Sib Sié, figure le Pr Michel Filiga Sawadogo. Ancien ministre, il est aujourd’hui commissaire de l’UEMOA pour le compte du Burkina Faso. Le Pr Sawadogo a fait un témoignage qui a provoqué des ovations pour le défunt. « Lorsque je rentrais de mes études en 1981, j’avais pris le soin d’envoyer mes dossiers d’intégration trois mois avant mon arrivée à l’Université.

Mais lorsque je suis venu, mes dossiers avaient disparu. Personne ne les retrouvait. Par chance, j’ai obtenu un rendez-vous avec le ministre Sib Sié Faustin. Je lui ai exposé mon problème. Tout de suite, il a décroché son téléphone et a passé des appels.

On était le 20 octobre 1981. Mon dossier a été retrouvé le même jour et le lendemain 21 octobre, j’avais mon arrêté d’intégration », a révélé le Pr Michel Filiga Sawadogo avant de conclure : « Il avait un bon cœur et je prie le Seigneur de regarder ce cœur pour lui accorder le paradis ».



« Je vous demande de dire à ceux qui vous ont devancé que… »

Pour sa part, le ministre des Enseignements supérieurs, de la recherche scientifique et de l’innovation, Alkassoum Maiga, a demandé une faveur au défunt : « En sociologie, nous disons que la vie de l’homme est marquée par 3 P. Le premier renvoie à la production, le second à la procréation et le dernier à la protection. De là où vous serez, nous vous demandons de protéger le Burkina. Votre disparition marque la fin annoncée, peut-être, d’une génération de dignes fils et d’hommes intègres qui ont su véritablement aimer leur pays, le Burkina Faso. Je voudrais vous demander une faveur Pr. Que vous puissiez dire à tous ces fils dignes et intègres qui sont partis avant vous que ce pays souffre d’un manque d’amour. Ce pays souffre parce que ses fils et filles ne l’aiment pas assez ».

Né le 8 novembre 1939 à Kampti, dans la région Sud-ouest, le Pr Sib Sié Faustin a fait son parcours scolaire à Kampti, Bobo-Dioulasso puis Ouagadougou. Il a effectué ses études universitaires en France où il a soutenu une thèse d’Etat en sciences physiques en 1974. Il est fait professeur titulaire de chimie organique en 1986. Le Pr Sib Sié a occupé des postes de responsabilité à l’Université et a été ministre des Enseignements supérieurs de la recherche scientifique de 1980 à 1982.

En 1994, il a créé avec le Pr Nguessan Yao Thomas de la Côte d’Ivoire, la Société ouest-africaine de la chimie (SOACHIM). Le 6 septembre 2019, il range à jamais ses outils à 80 ans. Le Pr Sib Sié Faustin, après l’absoute à la Paroisse Saint Camille, repose désormais au cimetière de Gounghin. Il a été inhumé en présence de collègues, parents, amis et des militants de la Jeunesse étudiante catholique (JEC) dont il a été le premier président national.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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